Je ne comprends absolument pas l'engouement pour ce Josei, et encore moins sa note sur SensCritique.
Depuis quelques temps j'avale un nombre impressionnant de Shojos, mais la trame narrative répétitive et le manque terrifiant de profondeur de la plupart ont commencé à me lasser. C'est très naturellement que je me suis donc intéressée aux Josei, qui normalement s'adressent à un public plus âgé et donc devraient selon moi être plus... explicites. Soit je suis très mal tombée, soit j'ai vraiment surestimée l'ouverture d'esprit dans l'expression artistique japonaise.
Je me rends compte finalement que les Shojos précédents n'étaient vraiment pas mal.
J'ai une dent contre cet anime, car j'ai sincèrement gardé espoir qu'il allait se passer quelque chose. En vérité, je pourrais très aisément vous résumer les 37 épisodes des deux saisons confondues en deux lignes et demi. Il ne se passe RIEN. Les morales sont tirées par les cheveux, les voix off de l'introspection des personnages sont encore plus naïves que les pires navets que j'ai pu voir. Je me suis clairement ennuyé, en priant intérieurement pour que la fin rattrape le tout. Arrivée aux trois derniers épisodes, je n'avais plus d'illusion, ce Josei est selon moi l'un des pires animes que j'ai regardé.
Soyons méthodique, et dressons un tableau d'ensemble des points positifs et négatifs, sans entrer dans le scénario. PARTIE NO SPOIL
Points positifs :
- Il est de type High School, mais son décor est celui de l'université, une variante appréciable et qui attire. On ne s'attarde pas à voir les personnages en cours ou autre, ce qui est particulièrement lassant dans les animes traditionnels.
- Pour une fois, la bande de personnages est pratiquement mise sur le même plan, il n'y a pas vraiment d'histoires secondaires (soit inutiles, soit parasitantes le plus souvent) gravitant autour d'une trame principale, mais bien plusieurs situations emboîtées, ce qui donne...
- ...un particulièrement bon traitement du background des personnages, personne n'est là par hasard et ce point donne une dimension très réaliste à Honey and Clover (en tout cas en ce qui concerne les motivations personnelles, trop souvent négligées dans les Shojos).
- les topos (personnalité récurrente d'un personnage, qui se retrouve dans un type bien défini de genre, ici le manga. Ex : la sportive, la timide, la garce...) sont moins marqués qu'à l'accoutumé, ce qui est sans doute dû au bon background. Tous les protagonistes ont un caractère, des intentions, des objectifs clairs et personnels.
Points négatifs :
- Le shara design est horrible. Si je n'avais qu'un point négatif à donner, ce serait celui-ci, car il entraîne bon nombre de problèmes dans le manga. On ne peut résolument pas se permettre de dessiner deux personnes du même âge (ou à peine quelques années d'écart) de façon aussi radicalement différente selon moi. A cause de cela, je me suis sentie très mal à l'aise tout au long du visionnage. J'avais clairement l'impression de regarder un anime pour pédophiles (ok j'en rajoute un peu mais c'était pas loin et la fin m'a donné raison, je m' étendrai plus sur ce point dans la partie spoil.) De même, on ne peut résolument pas dessiner de la même façon deux personnes qui ont 5-10 ans d'écart.
- Comme je l'ai dis un peu plus haut, il ne se passe RIEN. Il n'y a aucun rebondissement, tout est téléphoné mille ans à l'avance (et pourtant dîtes-vous que je suis tellement naïve que j'ai été surprise dans pratiquement tous les shojos que j'ai vu). Là encore, je développerai un peu plus.
- Il n'y a aucune évolution dans la psychologie des personnages, même si tout de même le manga s'étend sur plusieurs années (4 ou 5 je ne sais plus). Quand je pense à toutes les critiques sur d'autres Shojos que j'ai lues où les gens criaient à l'absence d'évolution de l'héroïne, je me dis qu'ils n'ont sûrement pas regardé Honey and Clover.
- La poésie est forcée. C'est insupportable, et pourtant j'y suis très sensible d'habitude. Les images japonaises, et la musique ont un effet spectaculaire sur moi, je suis très admirative (et un peu fleur bleue) devant les dessins d'un beau paysage japonais (aka le Film "Your Name" pour n'en citer qu'un, bonne représentation de l'hyper-réalisme sublime dont les dessinateurs japonais sont capables). Dans Honey and Clover, j'avais juste une envie, passer, passer, passer. Comme pour moi c'est un crime de haute trahison de zapper certains moments d'une oeuvre quelle qu'elle soit, je me suis bien ennuyée. Ajoutez la voix off d'un des personnages qui se veut mystérieux en balançant des banalités affligeantes, qui en plus se doivent d'être générales pour ne pas qu'on découvre ce qu'il va faire avant qu'il le fasse (alors qu'on le sait depuis 10 épisodes), et vous aurez la moitié d'un épisode type de Honey and Clover.
ATTENTION SPOIL
Entrons dans le vif du sujet, et je ne vais pas faire dans la dentelle. Honey and Clover ne m'a pas plu DU TOUT en terme de scénario. Tout d'abord parce qu'il est inexistant, ensuite parce qu'il est dérangeant (et pas dans le bon terme). Vous souhaitez un résumé pour vous rafraîchir la mémoire? Aucun souci.
C'est l'histoire d'une bande de trois jeunes hommes à l'université d'art de Tokyo. L'un veut être architecte, est amoureux de sa patronne qui est veuve et brisée. Le deuxième redouble sans arrêt car il est trop occupé avec son frère à tenter de récupérer l'entreprise qu'un mania de l'industrie a volé à leur père, et le dernier est un petit campagnard qui ne sait pas quoi faire de sa vie et qui fait du vélo. On fait aussi la connaissance de la prof de poterie qui est raide dingue amoureuse de premier mec dont je vous ai parlé, et d'une gamine qui EN VERITE a leur âge, complètement surdouée artistiquement et cousine de leur prof (oui c'est important).
Ai-je besoin d'aller plus loin ? Bon comme vous voudrez.
L'architecte passe tout son temps à courir après la pauvre veuve éplorée, la potière passe tout son temps à pleurnicher à cause de cela et finit au dernier épisode par plus ou moins se rapprocher par dépit d'un collègue à lui.
Les deux autres jeunes hommes tombent amoureux de la gamine qui n'en est pas une (mais on dirait vraiment qu'elle a 10 ans) dès le premier épisode, et le type au vélo est si triste parce qu'il pense qu'elle est amoureuse de son pote qu'il part en voyage d'initiation qui n'en est pas un. Il y rencontre notamment des mecs qui réparent des temples et ça lui plaît bien, surtout qu'il fout rien à part faire à manger. Là on peut se dire "Super ! Il a trouvé sa voie ! Il va être cuisinier !" bah non, il rentre et construit une tour pour avoir son diplôme et retourner réparer des temples. L'autre rigolo de la bande est déjà bien occupé avec ses problèmes mais bon il remporte quand même le coeur de la mioche. Non, ils ne finissent pas ensemble. Heureusement en fait, parce que toutes les scènes censées être romantiques sont très gênantes à cause du shara design. Oups, c'est encore pire, elle choisit son cousin plus vieux qu'ils ont comparé à son père pendant tout le manga.
Toute leur relation peut être résumée au dialogue entre lui et la potière dans le dernier épisode, quand elle lui demande depuis quand il est amoureux de sa cousine et qu'il lui répond : "Je pourrais te le dire mais pas tout de suite car c'est trop gênant." TU M'ETONNES.
Commençons par l'architecte. Le personnage est plutôt complet, même si quelque chose me dérange. Sa relation avec la potière est ultra poussive, dans le sens où il ne veut pas lui faire comprendre clairement qu'elle n'a aucune chance, alors que lui-même souffre de ce manque de communication avec la femme qu'il aime. Il dit notamment dans un épisode qu'elle lui rappelle l'état émotionnel où il se trouve depuis plusieurs années, mais alors pourquoi ne pas la soulager ? On pourrait penser qu'il hésite, mais en vérité il est assez clair tout au long du manga concernant ses sentiments. Les autres personnages lui attribuent l'étiquette d'égoïste, mais ce n'est pas du tout égoïste de laisser une fille galérer et lui taper sur le système depuis autant de temps. Le manga semble alors nous signifier qu'il ne veut pas la faire souffrir et qu'il pense la perdre en la blessant, ce qui est assez lâche (les autres personnages le disent aussi d'ailleurs), mais il faudrait vraiment être stupide pour ne pas voir qu'il est amoureux de sa patronne depuis le début, et la potière est bien au courant de cet état de fait. N'allons pas par quatre chemins, rien n'est plausible. Les scénaristes avaient juste besoin qu'elle garde espoir pendant deux saisons, parce que le thème de ce Josei (et la seule chose qui le différencie d'un Shojo) c'est l'amour sans retour.
Le caractère de sa patronne, traumatisée par son accident de voiture et la mort de son mari, est bien plus plausible. Son histoire est étroitement liée à celle du prof, et c'est vraiment la seule histoire qui scénaristiquement vaut le coup. Peut-être parce que tout est raconté en flash-back, ils ont donc fait un effort de cohérence.
La potière est inintéressante à souhait. Son principal trait de caractère c'est son amour sans retour et sa capacité infinie à pleurer dans tous les épisodes. J'ai dis que les topos étaient bien fait ? Elle est l'exception qui confirme la règle.
Pour le rigolo de service, il est censé faire rire mais il est étrangement absent pendant le manga. Il arrive souvent d'avoir un plan de lui, une musique triste en fond, le regard perdu dans la nuit... et on ne découvre sa réelle profondeur que dans les derniers épisodes de la seconde saison, là encore tout est tourné autour de son frère. Pourquoi ? Et lui n'a pas le droit à la parole ? Son trait de caractère principal est de se faire attendre par tout le monde pour que quelque chose se passe, mais finalement rien ne se produit lorsqu'il revient. Quel intérêt ?
En parlant de parole, les scénaristes l'ont bien trop donné au garçon qui fait du vélo. Ce personnage n'a tellement rien à raconter et à faire que souvent il reste passif, il assiste aux scènes alors qu'il est censé être le héros. Il finit par partir pour son tour du Japon et finalement n'apprend pas grand chose, toute la partie du voyage est donc sincèrement inutile et ennuyeuse. Il finit tout de même pas déclarer son amour sans retour, et la gamine s'en fous tellement de lui qu'elle ne lui répond même pas. C'était bien la peine de faire des centaines de kilomètres.
Bon passons enfin à la petite, et je pourrai tourner la page de cet affreux, affreux anime. Elle est vide, vide, vide et encore vide. Elle est kawaï, et tout le monde l'aime même si elle ne fait rien pour. Elle est très douée en tant qu'artiste, ce qui pourrait être vraiment très intéressant, mais vu qu'elle n'a jamais la parole non plus tout est expliqué d'un point de vue extérieur (les autres personnages) qui disent eux-même ne pas pouvoir la comprendre. Super.
Je ne parlerai pas de son amour pour son cousin, qui d'abord de son point de vue n'est pas réellement un amour. Ce qu'elle aime, c'est dessiner, et c'est tout ce qui compte. C'est d'ailleurs uniquement pour cette conclusion que j'ai mis 4/10 et pas moins.
En bref, Honey and Clover est un anime que je ne conseille pas. Les thèmes abordés peuvent sembler attirants (dans le désordre : les amours sans retour, trouver sa place dans le monde, découvrir le véritable sens que l'on souhaite donner à sa vie et comment se relever après les épreuves douloureuses que l'on traverse) mais le propos se perd dans des monologues vides de sens, des longueurs scénaristiques poussives et une conclusion qui dans le fond, en plus de créer le malaise, ne satisfait personne.
Je souhaite cependant, une dernière fois, éclairer mon point de vue. Ce malaise que j'ai ressenti tout au long de Honey and Clover, est dû au fait que mon point de vue est strictement occidental. Je suis parfaitement au courant qu'au Japon, et surtout dans les mangas, sont mis en scène des personnages et des relations qui pourraient nous paraître choquantes pour nous, alors qu'elle font partie intégrante de la culture contemporaine chez eux. Je pense par exemple aux relations entre frère et soeur, entre frères jumeaux, ou encore le cloisonnement des genres très présent en France qui est beaucoup plus estompé au Japon (sans aller dans la crise identitaire, les mangas aiment mettre en scène des femmes androgynes ou des hommes travestis etc) de même que le cosplay qui pour nous est extrêmement minoritaire, chez eux est un véritable mode de vie parmi d'autres. Tous ces animes ou mangas qui mettaient en scène une culture auquel je ne suis pas habituée ne m'ont pourtant jamais mis mal à l'aise comme a pu le faire Honey and Clover. Je trouvais au début de mon visionnage les problèmes de shara design maladroits, et à la fin de la série je les trouvais carrément malsains.
Une jeune fille de 18 ans peut tout à fait être kawaï et faire plus jeune que son âge sans avoir l'air d'en avoir 10. J'avais un peu d'espoir dans les premiers épisodes, lorsqu'elle complexait à cause de la potière, de quelques années à peine son aînée, qui elle fait bien son âge et a un shara design particulièrement réussi. Les autres personnages la rassuraient en lui disant que plus tard elle aussi aurait le même physique. Eh bien non, faux. 5 ans plus tard, elle a toujours l'air de sortir du collège.
Ma critique s'éternise, mais sachez que si vous trouvez mon texte long, Honey and Clover l'est encore plus.
La meilleure façon de savoir, c'est d'aller voir.