Une série au pari osé qui m'aura charmée par son ambiance et sa qualité d'animation, la finesse de son traitement, ses parcours de personnages très agréables à considérer.
La musique est juste merveilleuse, l'environnement sonore toujours plaisant, jusqu'aux bruitages qui sont précis et reposants, dans ce quotidien calme et élégant. Les couleurs sont magnifiques.
Je me suis très vite habituée aux graphismes un peu particulier des visages, séduite par cette originalité justement.
Il est agréable de suivre de temps en temps une oeuvre au rythme aussi posé. Cette animation "prend le temps de vivre". Pour autant, on ne s'ennuie jamais devant elle. Il y a toujours quelque chose de beau, d'intéressant, qui va convaincre de rester et regarder ce tableau délicat.
La forme et le fond sont tellement en harmonie !
C'est simple, profond et beau comme un poème japonais.
Dans le registre du détail qui va participer à la perfection de l'ensemble, j'ai beaucoup aimé cette façon de titrer chaque épisode en se servant des paroles prononcées par un personnage.
Les relations qui lient les membres de Cinq Feuilles et le contexte social qui est le leur m'ont pas mal intéressée en fait. Je trouve qu'on se passionne vite pour leur existence, pour cette pudeur qui est la leur, mais aussi pour la franchise qui va présider à leurs interactions. Naissance, vie et renaissance d'un groupe de gens qui aurait pu se perdre et qui se sont trouvés pour le plus inavouable comme pour le plus respectable.
J'aime bien cette palette de nuances entre ce qui est bon et ce qui ne l'est pas. Et le savant maniement de l'implicite. Un tressaillement à l'écoute d'une simple phrase prononcée par l'antagoniste, des pleurs sur une tombe et voilà exprimé mieux que par un long discours tout le drame qui se joue dans un esprit. Fabuleux.
Et puis le parcours de Yaichi, le charismatique et mystérieux leader des Cinq Feuilles, est décidément un bon fil d'Ariane. Son histoire est distillée par touches discrètes et régulières, avec un joli crescendo pour happer le spectateur vers la résolution qu'il attend, qu'il a pu entrevoir, mais qu'il veut à tout prix être sûr d'avoir bien saisi.. Et j'estime que cette explication ne prend pas le spectateur pour un idiot. A la fois il a pu voir venir, comprendre, déduire, à la fois il avait envie de voir confirmer, en finesse.
Le groupe des Cinq feuilles a de premier abord un côté « crée par concours de circonstances », mais le plus troublant c’est qu’ensuite, on assiste à une spirale de nécessité qui les happe tous, et là dedans Yaichi recherchera un exutoire. Il semble être dans l’incapacité de faire autrement. Ce groupe lui est obligé et il est à la fois une sorte de famille. La rencontre avec Masanosuke apparaît comme un signe du destin. Ce samouraï empoté et touchant sera ce un révélateur dont le groupe avait besoin, avec sa candeur et sa maladresse. Et on peut dire que son arrivée a tout bouleversé, dans le bon sens du terme, lui qui se croyait incapable de créer des liens et de servir.
Une histoire profondément humaine, poétique et bien écrite. Je recommande chaleureusement sa découverte, même à ceux qui en général n'apprécient pas l'animation japonaise. Ils seraient là devant une perle qui les ferait peut-être changer d'avis.