Attention, je risque de spoiler pas mal dans cette critique, puisqu'il ne se passe pas grand-chose dans les huit épisodes de cette première saison.
Outre le titre racoleur de la série, qui permettrait à quiconque consulterait l'historique de mon ordi de croire que je me suis maté du porno à l'heure des repas cette semaine, le contenu est bien fade, et je me suis vite demandé ce que je foutais là. Chris et Sylvère sont un couple de pseudo-artistes, Sylvère écrit et réfléchit à l'Holocauste, et Chris le suit dans un séminaire d'artistes dans un trou paumé. Elle s'entiche de Dick, un artiste conceptuel au look de cow boy et avec un faux air de Dr House qui lui plaît parce qu'il est mystérieux et méprisant, et sur qui elle projette ses fantasmes. Bref, l'on a un couple qui traverse une crise de milieu de vie, qui a du mal à trouver leurs rapports sexuels encore excitants, et Chris se met à écrire des lettres osées et plutôt sans queue ni tête à Dick, très nombrilistes aussi, elle les lui impose au vu et au su de tous, comme une grosse harceleuse, sans comprendre dans un premier temps en quoi c'est gênant pour son mari ni pourquoi Dick la rejette.
Les autres personnages sont du même acabit : Devon, un jeune trans ou une jeune femme qui veut être considérée comme un homme (l'histoire ne le dit pas clairement) et qui fait des performances, des lectures et des chorégraphies, et qui vit dans une caravane parce que les caravanes c'est cool, ça fait très festival et Burning Man tu vois ? Toby, une jeune femme rousse diaphane qui ne travaille que sur le porno pour montrer que la sexualité féminine n'est pas romantique et fragile, et qui se déshabille au milieu d'un camp d'ouvriers pour s'allonger par terre comme une muse préraphaélite en déblatérant des propos se voulant engagés sur l'exploitation du sol par les industries pétrolières... Tous les rapports se disant militants sont tirés par les cheveux, on n'a que des personnages de wannabe artistes qui s'inventent des problèmes et se compliquent la vie pour se sentir exister. Le centre d'art ressemble à tous les musées contemporains que je ne peux pas encadrer, avec des monochromes carrés au mur, trois briques entassées sur un socle dans un équilibre précaire, deux vagues peintures minimalistes dans des pièces grandes comme des hangars...
Aucun personnage n'est attachant, ils sont tous autocentrés, il m'a été difficile de m'intéresser vraiment à eux, l'on reste à distance. Les rapports entre eux ne sont pas logiques, Dick passe six épisodes sur huit à dédaigner Chris, à dire qu'elle n'est pas intéressante et qu'elle ne l'attire pas, à ne jamais aligner plus de trois mots, puis après une beuverie avec Sylvère il envisage de coucher avec elle, d'abord pour lui donner ce qu'elle veut afin de s'en débarrasser, et finalement il se prend d'affection pour elle (parce que c'est comme ça que l'affection fonctionne n'est-ce pas, à force de mépriser quelqu'un on finit par bien l'aimer ?), au point de danser avec elle chez lui et de regarder les constellations assis sur une bûche comme un gentil petit couple... Pourquoi rien n'a de sens dans cette série ? Quel est le but, quel est le propos ?
Et il y a beaucoup trop de plans inutiles et longs où des personnages marchent dans le désert avec un chapeau de cow boy, une expression profonde et un fond sonore de western spaghetti.
Franchement j'ai regardé cette saison en entier parce que je n'aime pas trop laisser en plan quelque chose que j'ai commencé, et que le petit nombre d'épisodes et le format court (entre 25 et 35 minutes par épisode) m'ont permis d'en venir à bout rapidement, mais je l'ai trouvée irritante et creuse, pleine de clichés et sans réel intérêt.