In the flesh est une série avec des zombies. Les zombies c'est à la mode, tout le monde trouve ça cool. Les bas du front y trouvent une bonne occasion de voir des flots de sang et des giclées de matière cérébrale, de l’héroïsme et du frisson, les intellos y voient une dénonciation de la société capitaliste, dans laquelle l'humanité se réduit à une masse de décérébrés, soumis à leur seuls bas instincts, cherchant généralement à envahir des centres commerciaux.
The walking dead sophistique un peu la vision originelle (genre celle de Romero), pour s'intéresser plus à la reconstruction (et donc un peu la déconstruction) des rapports humains, dans un contexte où les humains en question sont confrontés à la fin de la civilisation et à la révélation de leur animalité, durant leur vie et leur mort.
In the flesh en rajoute une couche, en franchissant le pas du post-zombie. Le problème n'est plus le passage de l'état de vivant à l'état de zombie, mais l'inverse : le retour du zombie (ou "décédé partiel" selon l'appellation politiquement correcte) à la vie normale, une fois ses pulsions gérées par la pharmacopée idoine, la réinsertion dans le cocon familial et la communauté.
Si l'assimilation du phénomène zombie par la société est marrant (traitement politique de cette nouvelle population, interprétation religieuse de cette "résurrection", question de la responsabilité pénale et morale de l' ex-zombie, retour des morts à la maison, etc ) la profondeur de la série vient de l'utilisation de la condition de "décédé partiel sous traitement" comme nouveau critère d'exclusion, pour renouveler le traitement du sujet et dépasser les critères habituels : couleur de peau, orientation sexuelle, religion, pratique de la quenelle, etc.
L'acteur principal a un peu une tête à claque, les seconds rôles sont meilleurs, la réalisation est léchée, comme c'est souvent le cas dans les séries anglaises, le rythme est lent comme il convient à une série réaliste qui se déroule dans le fin fond de la campagne anglaise. 3 épisodes c'est un peu court, et j'espère bien que d'autres saisons viendront développer d'autres problématiques levées par le retour dans leur maison des mangeurs de cervelles.