En août 2011, d'anciens membres du prestigieux studio Gainax, décident de fonder le studio d'animation Trigger, et recrutent par la même occasion, une flopée de jeunes talents. Parmi les fondateurs, on retrouve Hiroyuki Imaishi, notamment connu pour avoir réalisé Gurren Lagann et Dead Leaves. Il a même participé à Neon Genesis Evangelion, le filou!
Staff compétent? check.
Expérience? check.
Quoi d'autre? Budget? pas check.
En effet, à sa création, le budget du studio n'était pas bien folichon. Quand bien même l'argent ne coulait pas à flots, plutôt que de racler les fonds de tiroirs, Trigger pris sa bite et son couteau, et se lança sur le chemin de la gloire. ( Les rimes et vers impairs, c'est bon mangez-en )
Mesdemoiselles, messieurs contenez vos orgasmes, voici le premier bébé de Trigger: INFERNO COP !
Cette série, qui opte pour des formats d'épisodes de 3 minutes, raconte l'histoire d' Inferno Cop ( je sais même pas si c'est un pseudo ), policier un peu ripoux sur les bords, qui brûle ( littéralement bordel ) d'une envie de justice. Avec son flingue et ses lunettes de soleil, il compte bien nettoyer les rues de Jack Knife Edge Town de l'organisation Southern Cross et en profiter pour se venger du meurtre de sa famille.
Même si le pitch ne casse pas trois pattes à un canard, le résultat, lui, fait mouche et pas qu'un peu! Tout d'abord, l'histoire tient sur un timbre... que Imaishi aurait bouffé, car il n'y a tout simplement pas d'histoire à proprement parler, juste un gloubi-boulga de situations absurdes et décalées mais tout bonnement hilarantes. On passe d'un coup d'un voyage dans le temps chez les dinosaures, à Inferno Cop qui achète du pain au pied d'une pyramide égyptienne. Si ça c'est pas la classe.
Mais ce qui va vous sauter aux yeux ( difficile à louper vous me direz ), c'est l'animation. J'ai dit précédemment que Trigger manquait alors cruellement de fonds. La solution? C'est simple, chaque personnage correspond à un seul et unique dessin, gardant une même pose, qui va se déplacer en glissant et en effectuant des rotations, et cela sans aucune limite à travers tout le décor. Fuck Physics, si je puis m'exprimer ainsi. La caméra ( on peut appeler ça comme cela en animation? ), quant à elle, alterne juste les gros plans et plan d'ensemble du décor ( qui ne change souvent jamais dans un même épisode ). Mais le pire, c'est que cette animation Leader Price, qui ferait passer celle de One Piece pour grandiose ( j'entends d'ici les rageux ), colle parfaitement avec le ton général : c'est inattendu, rafraîchissant, drôle et je n'imagine plus Inferno Cop autrement!
En fait, je pense que dans cet anime, tout ce qui pourrait servir à des fins humoristiques, est utilisé, Trigger a vraiment fait en sorte que tout les aspects de Inferno Cop soit décalés avec ce qu'on à l'habitude de voir en général. Vous voyez le concept de guerre totale, quand un conflit armé mobilise toute les ressources de l'Etat qui pourrait servir à l'effort de guerre? Dans Inferno Cop, c'est pareil mais pour le comique de la chose. Et là je viens de me rendre compte que mon analogie et sûrement l'une des plus dégueulasse jamais faite, et qu'elle est complètement hors-sujet.
Bref, pour mieux comprendre ( et délayer salement ), on a déjà parlé de l'univers et de l'animation. Quoi d'autre? La musique? La musique. Ici aussi c'est simple, mais dieu que cela marche bien. Suffit de prendre une musique bien typée américaine digne des meilleurs films de séries B de Steven Seagal, de l’exagérer un peu, de rajouter des paroles en allemands ( allez savoir ) et hop voilà une B.O. qui colle encore mieux à l'univers que ce que j'aurai jamais pu imaginer dans mes rêves les plus fous.
Suivant! Le doublage!
Oui, même ça c'est drôle! Après visionnage et revisionnage, j'ai (enfin) remarqué que TOUTES les voix ont été doublées par une seule personne, un homme. Le tout bien sûr, joué de façon exagérée pour pousser encore plus loin le niveau de délire, avec, par exemple, une femme à la voix d'homme se forçant pour rester dans les aigus!
Mais tout ce bordel organisé, révèle en réalité un message assez provocant et critique contre le marché de l'animation japonaise en la poussant dans ses derniers retranchement. On notera aussi nombre de parodies : envers les codes "mainstream" ( mot à prendre avec des pincettes ) d'anime ; le cliché des agents du FBI (F-B-I ! F-B-I ! ) dans de nombreux films américains, qui vont sortir de je ne sais où et t’emmerder pour je ne sais quoi ; et bien d'autres...
Loin d'être irrévérencieux jusqu'à la moelle, Inferno Cop nous offre aussi des références pas piquées des hannetons envers d'illustres prédécesseurs, mais je vous laisse découvrir lesquelles ( indice: vers la fin ça devrait vous rappeler un certain Neon Genesis Evangelion ).
La formule d'apparence simpliste d' Inferno Cop permet de développer tout le potentiel du studio Trigger ( et par extension un certain niveau de délire ), qui a donné naissance un an plus tard à Kill la Kill, qui est pour moi un chef d'oeuvre ( oui j'ose ). L'humour absurde et les situations randoms au possible marchent du tonnerre et sont en plus desservis par un doublage génial ( génialement con, oui mais génial quand même ) et une galerie de personnages tous plus bizarres les uns que les autres. Le sous-texte n'est pas à négliger pour autant, en nous offrant un regard moqueur de l'industrie actuelle ainsi qu'un regard tout plein d'admiration pour ces aînés. Encore une preuve que gros budget ne rime pas avec qualité.
Conclusion : Inferno Cop, putain c'est cool.