A travers la galaxie, les Gaizok sèment la terreur et la destruction. Rescapés de leur planète Beal, des aliens, en tous points similaires aux humains, se réfugient sur la Terre et vont se préparer à affronter la menace Gaizok. Après plusieurs générations, ces aliens, rassemblés au Japon sous le nom du clan Jin, ont à peine terminé de construire de puissants véhicules qu'arrive l'envahisseur ennemi pour annihiler le peuple terrien. Il revient à trois jeunes membres du clan Jin, dont le rebelle Kappei, de prendre le contrôle de leur mecha et de les transformer sous sa forme ultime de Zambot 3, afin de sauver leur planète d'accueil contre les vagues incessantes de robots ennemis, appelés mecha-boosts, menés par le terrible 'Butcher'.
La série Muteki Choujin Zambot 3 (Zambot 3) date de 1977-78, et on le ressent dès ses premiers instants. Outre ses dessins vieillis, on se retrouve en plein genre du Super Robot avec ses élans fantaisistes. Pourquoi s'encombrer d'explications logiques pour pour faire bouger des monstres de métal grands de plusieurs dizaines de mètres ? Les trois jeunes héros, Kappei, Uchuu et Keiko, ont été choisis en tant que pilotes...'parce que', et sont formés via ''hypnopédie'' (pourquoi pas...) à tous les armements farfelus, dont l'incontournable rocket punch, de leur robot. Juste quelques mots aux protagonistes pour informer que les méchants sont effectivement méchants et nous voilà partis pour des affrontement hebdomadaires ou l'antagoniste, cruel par nature, revient sans cesse à la charge avec de nouveaux stratagèmes insidieux.
Depuis le début des années 1970, le mecha est devenu un genre fort populaire, notamment avec Mazinger Z (Goldorak) de Go Nagai et la présence de plus en plus importante des fabricants de jouets, et autres produits dérivés, qui remplacent progressivement les sponsors traditionnels (le secteur distributeur-alimentaire notamment). A la fin de la décennie, le genre a déjà connu des peaufinements et changements, avec la combinaison de plusieurs robots en un mecha géant par exemple, mais certains réalisateurs souhaitaient réellement faire évoluer les codes, jusque-là très basiques. C'est le cas de Tadao Nagahama, du studio Sunrise, qui y travaillera avec sa trilogie Combattler V,Voltes V et Daimos. La figure la plus incontournable sur ce sujet reste Yoshiyuki Tomino, qui va commencer lui aussi à jouer avec les formules mecha dans Zambot 3.
La carrière de Tomino avait commencé bien avant. Après ses débuts auprès du studio de Tezuka, Mushi Production, ce jeune animateur devient rapidement un artiste 'freelance' et va contribuer à de nombreuses œuvres que j'ai passé en revue auparavant, comme Attack n°1, Sasurai no Taiyou, Heidi, et encore bien d'autres. Par la suite, il devient un collaborateur régulier pour le studio Sunrise : en réalisant notamment La Seine no Hoshi (1975), puis la première partie de Yuusha Raideen (1976), sa première série mecha.
Le studio Sunrise avait été fondé en 1972, par des anciens membres de Mushi Production, alors au bord de la faillite, et comme pour beaucoup de nouveaux studios, ses premières années ont été consacrées à de la sous-traitance pour de plus grosses boîtes, comme Toei entre autres. Cependant, Sunrise ambitionnait à de plus hauts sommets et avec Toei derrière lui, trois projets gérés indépendamment vont voir le jour : Muteki Choujin Zambot 3, Muteki Koujin Daitarn 3, et bien sûr, Kidou Senshi Gundam. Alors que Tadao Nagahama est occupé avec sa propre équipe sur Voltes V, Sunrise confie le projet à Tomino.
N'ayant jamais vu de séries de Tomino auparavant (bouhouh, honte sur moi etc.), et mon expérience des mechas étant extrêmement limitée, je ne suis le mieux placé pour décrire les innovations du réalisateur ou l'originalité de son style. Néanmoins, je peux me former une opinion assez solide selon ce que je peux observer dans les autres animes de ces années là. La caractéristique la plus frappante de cette série sont les conséquences violentes des affrontements entre le clan Jin et les mecha-boost. Des dessins animés pour enfants déprimants, limite choquant, avec des morts, on en a déjà bien avant Zambot 3 (il y a même le tristement célèbre Ie naki ko qui est diffusé durant la même période). Le degré dans la viscéralité en revanche, semble passer ici un cap avec Zambot 3. Non content de montrer les destructions sur les villes japonaises impactées, la série les utilise comme outil d'un ressentiment irraisonné envers le clan Jin, accablé par des discriminations récurrentes (même après avoir secouru le premier ministre). En outre, les victimes des Gaizok sont nombreuses, et les mêmes les personnages importants, des gosses, ne sont pas épargnés. S'il arrive que ces derniers soient quelques fois sacrifiés, Zambot 3 se laisse aller à une cruauté sans limite, notamment durant l'arc des épisodes 15-20, qui comprennent ses scènes les plus poignantes. En bref, Zambot 3 malgré son âge et son audience cible, apporte le style 'tuez-les tous' (皆殺し) qui a fait la réputation de Tomino.
Même si ce n'est pas une nouveauté, il y a également des efforts dans cet anime pour créer des personnages qui dénotent des formules habituelles, en étant moins 'parfaits'. Le trio principal par exemple, doit atteindre 8 épisodes avant de surmonter leurs différences de tempérament et former une réelle équipe. Nous avons aussi droit à quelques figures nuancées comme Kouzuki, un rival de Kappei, que je considère être le personnage le plus abouti de l'oeuvre. Néanmoins, le bilan concernant les différents intervenants est loin d'être positif en ce qui me concerne. Kappei, héros tête brûlée, se démarque mais pas pour les bonnes raisons à cause d'une empathie dangereusement absente par moments. L'antagoniste principal, Butcher, à la malveillance exacerbée peut-être fun aux débuts mais beaucoup moins après l'arc des épisodes 15-20 ; quand les choses sérieuses commencent réellement.
Ce dernier rappelle bien que Zambot 3 reste un Super Robot avec beaucoup de ses codes habituels : monstre de la semaine, nouvelles techniques spéciales à gogo, cohérence bancale (les tanks détruits à coups de pierre), … nous avons même droit à un chien mascotte, grand classique des vieilles séries, qui ne sert vraiment à rien.
Visuellement, Zambot 3 accuse aussi de son âge. On peut voir que les layouts sont généralement bien pensés, mais leur exécution s'avère tout du long inégal, selon les animateurs et sous-traitants impliqués. Par contre, même s'il est surtout reconnu pour son travail sur les Gundam (et Votoms), on notera la présence pour cet anime de Kunio Okawara pour les design mecha, aux côtés de plusieurs autres designer.
En conclusion, Zambot 3 est une série notoire pour avoir préludé l'avènement de Gundam, l'oeuvre en elle-même n'a pas beaucoup d'intérêt. En plus de personnages peu engageants, des visuels peu folichons, il faut attendre une quinzaine d'épisodes pour arriver à la meilleure partie, qui n'est pas non plus extraordinaire. Bref je ressors de la série sans recommandation à donner, et espère surtout que l'attrait de Tomino ne se limitera pas à son 'tuez-les tous'. Réponse prochainement avec Gundam.