John Adams par dylanesque
Si Band Of Brothers reste celle auquel je suis le plus attachée, John Adams est peut-être bien la plus belle mini-série que j'ai pu voir.
Produite par HBO en 2008, il s'agit d'une biographie d'un des pères fondateurs des Etats-Unis, que nous suivons durant sept épisodes, de ses premiers fait d'armes politiques jusqu'à sa mort. Je suis passionné d'histoire et de politique, et comme il s'agissait d'une période qui m'est un peu méconnue, j'ai savouré la leçon avec un vrai plaisir. Car avant d'être une fresque historique, John Adams est une aventure humaine porté par un casting et travail d'écriture et de réalisation exemplaires.
Inspiré par un ouvrage de l'historien David McCullough, le récit s'intéresse donc à l'un des Pères Fondateurs les moins connus, mais finalement l'un des plus importants. Un personnage parfait pour raconter à la fois la naissance des Etats-Unis et le destin d'un grand homme du 18ème siècle.
La série commence sur le proçès du massacre de Boston, où Adam a défendu les soldats anglais alors que le vent de la révolution commençait à souffler. D'emblée, nous sommes plongé dans le passé, grâce à une reconstitution impeccable des décors, des costumes, dans une Amérique en devenir. Le second épisode est un tour de force, qui en une heure et demie, nous raconte depuis les coulisses comment s'est négocié la Déclaration d'Indépendance, avec l'apparition de figures comme George Washington, Thomas Jefferson ou Benjamin Franklin. Nous suivons ensuite les missions diplomatiques d'Adams, son grand voyage en Europe, ses séjours à Versailles et à Londres, jusqu'à son retour au pays, où il est nommé Vice-Président du premier Président des Etats-Unis. Le sixième épisode s'intéresse à son propre mandat de Président, où il tente malgré son impopularité et son conflit avec Jefferson de maintenir la paix avec la France. Et la série se termine sur ses derniers jours dans sa ferme familiale où il voit tout ses êtres chers mourir, avant de rendre lui-même son dernier souffle. Voilà pour le résumé.
En compagnie d'Adams, nous voyageons donc à travers cinq décennies majeures et nous pouvons voir l'évolution d'une jeune nation et le parcours d'un homme toujours en proie aux doutes. Paul Giamatti est parfait dans ce rôle, donnant tour à tour l'image d'un érudit géniale et d'un homme impulsif et mal dans sa peau. Mais comme tout grand homme, il est constamment guidé par une grande femme : Abigail Adams, interprêté par la toujours grandiose Laura Linney, qui est une femme aimante qui accompagnera son mari dans tout ses combats, avec force et intelligence, relançant sans cesse sa passion pour la cause politique et familiale. Chaque épisode prend en effet autant soin de nous dépeindre le travail d'Adams que les agissements de sa famille, et pas n'importe quel famille car son fils aîné deviendra lui-même Président. Et chaque dimension est passionnante : on est d'emblée captivé par cet homme qui marche dans la neige au milieu des révolutionnaires, par cette boule d'énergie qui va mener des discussions enflammés au Congrès. On rencontre le Roi Louis XVI et les derniers jours de la monarchie française, on se retrouve mis en quarantaine dans une petite chambre hollandaise où Adams tombe malade, on se retrouve dans la soute d'un navire qui combat les anglais, et l'on pénètre pour la première fois dans une Maison Blanche en construction, sombre et poussiéreuse. On découvre surtout une facette nouvelle de figures historiques dont le temps à moduler l'image. En d'autres termes, la série parvient à être passionnante du début à la fin.
Et je ne sais pas ce que j'ai le plus aimer. La leçon d'histoire aussi accessible que complète qui permet des parallèles constants avec l'actualité politique, ou les tourments humains souvent bouleversants des premiers américains. J'avais souvent le souffle coupé devant la réalisation étourdissante, devant le jeu poignants des acteurs et cette musique envoûtante qui reste à l'esprit. J'aime les grandes histoires où l'on peut voir un homme changer son temps et changer avec son temps, le voir vieillir, voir sa dentition pourrir et ses forces le quitter. John Adams meurt à 90 ans, le même jour que son ami et rival Jefferson, le même jour que les 50 ans de la Déclaration d'Indépendance. Et c'est l'épisode final qui est mon favori, celui devant lequel je n'ai pas pu retenir mes larmes. Il propose un rythme ralenti, une sorte de méditation, et un questionnement sur la mort et la postérité. On y oublie que l'on a affaire à des personnages historiques et l'on se retrouve émue par des personnages profondément humains. "Peacefield" est peut-être l'un des plus beaux épisodes de séries que j'ai pu voir.
Et John Adams est un chef d'oeuvre de télévision, ce qu'elle peut nous offrir de mieux au niveau intellectuel, émotionnel et visuel.