Le légendaire JoJo... Très difficile de passer à côté ? Oui et non. S'il reste encore relativement méconnu dans nos contrées (beaucoup moins depuis cet anime et le jeu sorti récemment cela dit), Son influence a conditionné l'évolution des shonen nekketsu depuis lors, au même titre que d'autres légendes qu'il n'est pas nécessaire de citer. Si bien qu'en fait, les amateurs de manga connaissent presque tous JoJo sans le connaitre.
Mais bordel, c'est qui ce type, et pourquoi il se trimballe un nom aussi... Meh ? JoJo n'est pas une personne, mais une légende, une malédiction, un "titre" transmis entre les membres de la famille Joestar depuis l'un d'entre eux ayant vécu fin XIXème en Angleterre, Jonathan Joestar. Celui-ci, paisible nobliau de campagne avec le coeur sur la main, doit partager son enfance avec le terrible Dio, recueilli par le père de JoJo après la mort de son père à lui (à Dio). Ce que Jonathan a du mal à comprendre, c'est que Dio, rendu malveillant par l'amertume et l'envie, a juré de s'approprier les richesses de la famille Joestar, quel qu'en soit le prix... Commence alors un affrontement qui traverse les années, transcende l'humanité et se poursuivra jusque dans la descendance de JoJo.
C'est marrant, parce que dit comme ça, on pourrait croire à un truc terre à terre. Mais pas du tout. Si vous voulez vous conserver une surprise totale, arrêtez de lire ce paragraphe, mais c'est pas catastrophique de savoir : Dio va sacrifier son humanité et devenir un vampire afin d'échapper à son funeste destin, et Jonathan décidera de lui barrer la route, en apprenant la seule méthode efficace pour combattre un vampire, la technique de respiration ondulatoire, qui donne un contrôle total de son corps et des surfaces qui le touchent.
L'histoire ne s'arrête bien entendu pas là. La lignée Joestar se perpétue, et cinquante ans après, un nouveau JoJo fait son apparition : Joseph Joestar, véritable génie au tempérament aventurier, qui devra faire face à une menace millénaire, les mystérieux hommes du pilier... Bien entendu tout cela a un lien avec les événements précédents, mais vous vous doutez que je vais pas non plus tout vous raconter.
Ca, c'est le contenu de la première saison, il s'agit des deux premières partie du manga sur un total actuel de huit, total qui devrait encore augmenter, sachant que Hirohiko Araki continue son oeuvre (depuis 25 ans, rien que ça). Alors évidemment, je le dis tout de suite, je n'ai pas lu le manga, même s'il parait franchement bien. Ma critique porte donc avant tout, et c'est bien normal, sur l'anime et l'histoire telle qu'elle y est narrée, non telle qu'elle est relatée dans le manga, et je ne ferai bien sûr pas de comparaison entre les deux, vu que j'en suis totalement incapable.
Que dire ? Ben c'est géant. Immense. Légendaire. Ne vous détrompez pas, l'animation n'est pas parfaite, l'histoire est vieillie en plus d'être simpliste, les combats sont bien souvent absurdes... Mais voilà, il y a un vrai souffle épique dans la destinée des JoJo. L'antagonisme entre Jonathan et Dio prend des allures de légende mythologique, Joseph est doté d'un charisme fou, et ses adversaires fichent méchamment la chocotte. Comble du comble, s'ils sont parfois simplistes, les personnages, même les adversaires, ne sont jamais unidimensionnels, sans pour autant qu'on doive se taper des heures et des heures de flashbacks larmoyants d'enfances malheureuses ou autres. Et c'est sans doute un des gros atouts de cet anime, qui n'allonge jamais la sauce et se concentre sur l'essentiel en suggérant avec efficacité le reste.
Et puis bon, faut quand même le dire, visuellement JoJo ça a la classe. Chara design très soigné, jeu de couleur d'un goût certain, JoJo c'est un univers visuel complet, qui s'accorde totalement avec son sujet. D'ailleurs, le "Bizarre" du titre n'est absolument pas démérité, puisque rien ne semble fonctionner logiquement. Les corps ont des proportions démesurées, les protagonistes font sans cesse des trucs totalement absurdes (nan mais franchement), et on est dans la surenchère constante. Mais pas à la Bleach par exemple, où les personnages connaissent des boosts de puissance insensés toutes les cinq minutes, et ce malgré qu'ils ont été découpés en tout petits morceaux il y a quelques instants, non, de la surenchère qui te fait dire "Noooon ils ont pas osé quand même ? OMG si, c'est trop fort !!!". Ca, c'est JoJo. Le mâle alpha de la série B, en somme.
Et puis, regarder JoJo, c'est aussi une introspection dans sa propre culture. Pour peu que vous connaissiez le monde des shonen, vous découvrirez qu'énormément de vos mangas favoris comportent des clins d'oeil à JoJo (le destin d'Ener dans One Piece très similaire à celui de Kars par exemple ; ces deux personnages ont d'ailleurs d'autres points communs). Mais ça fonctionne aussi dans l'autre sens. JoJo est un vibrant hommage à tout un pan de la culture occidentale que semble fortement apprécier le mangaka. La première partie par exemple est clairement inspirée du Dracula de Bram Stoker (quelques scènes sont des hommages très nets d'ailleurs, comme le combat contre Dio ou la scène du bateau, qui comportent quelques similitudes avec leurs homologues chez Stoker), et la seconde deuxième des tas de clins d'oeil plus ou moins accessibles (notamment à Indiana Jones, à vérifier si c'est possible dans les dates, mais Speedwagon ressemble fortement à mon sens à Sean Connery dans le troisième Indiana Jones). Pareil pour la saison 2 d'ailleurs (je ne citerai que le combat contre Wheel of Fortune, hommage au Duel de Steven Spielberg dont il reprend plusieurs éléments). D'ailleurs parlons-en rapidement de cette saison 2.
Cinquante ans après les événements liés à Joseph Joestar, le nouveau JoJo, Jotaro Kujo (oui, petit crochet par le Japon) reçoit subitement une capacité nouvelle : le Stand, matérialisation de sa volonté, que certains humains semblent capables de développer. L'apparition de son Stand semble liée à la malédiction de sa famille, et quand sa mère tombe gravement malade pour avoir elle aussi acquis un Stand qu'elle ne peut contrôler, Jotaro part affronter en Egypte la personne responsable de tout ça, en compagnie de quelques alliés...
Cette deuxième saison est depuis peu en pause, et devrait reprendre début 2015. J'avoue que contrairement à beaucoup d'autres qui voient en l'arrivée des Stands une petite révolution, je suis assez peu enthousiaste devant tout cela. Certes, Jotaro a une classe monstrueuse (les JoJo ont tous énormément de personnalité, et Jotaro fait sans conteste partie des plus réussis question chara design), mais ça fonctionne moins bien, je sais pas si c'est dû à l'anime ou au manga. Les épisodes ne sont qu'une succession d'affrontements plus ou moins réussis (mention spéciale au combat contre l'assassin de la soeur de Polnareff, très réussi - et oui, un des personnages de l'histoire s'appelle Jean-Pierre Polnareff), les personnages manquent franchement de relief ( Avdol et Kakyoin qui font pratiquement de la figuration dans la plupart des épisodes ), et puis bon, les trucs comme les Stands ou les esprits de Shaman King (ouvertement inspirés des Stands d'ailleurs), c'est bien mais c'est pas bien, dans la mesure où les personnages sont souvent réduits à se fusiller du regard pendant que leurs familiers se foutent sur la gueule. C'est typiquement le genre d'aspect des shonen qui me soûlent. Bon après, les combats sont toujours aussi tactiques, Polnareff est vraiment trop drôle, et l'un dans l'autre ça reste du fun en barre tout ça. Mais à choisir entre la première et la deuxième saison, pour l'instant ma préférence va largement à la première. Il est à noter que les combats, dans l'ensemble de la série jusqu'à présent, ne s'étalent jamais sur plus d'un épisode (sauf lorsqu'ils se découpent en plusieurs phases pour une raison ou une autre), et ça c'est chouette. Et on se tape pas des résumés d'épisodes précédents ou des flashbacks sans arrêt, d'ailleurs le contenu de l'épisode déborde souvent sur l'opening ou l'ending, voire les deux, on sent vraiment qu'on est pas pris pour des pigeons, contrairement à l'anime One Piece par exemple où presque la moitié du temps de l'épisode, c'est les résumés, les flashbacks et les openings et endings.
Parlons d'ailleurs de ces génériques. Qualité incontestable. Un grand soin y a été apporté, ça faisait un bout de temps que j'avais regardé ces parties d'épisode dans un anime - d'habitude je regarde une fois, puis je passe directement à l'épisode à proprement parler, pas moyen de faire ça ici tant ça participe au plaisir de regarder JoJo.
Et puis, merde quoi, JBA, c'est épique et c'est absurde, c'est pas compliqué, dans cette série il y a un robot nazi gentil (enfin non, en fait c'est une ordure), des bodybuildeurs aztèques en string, un grand méchant vampire qui passe son temps à hurler MUDAMUDAMUDAMUDA, des mecs décapités qui causent pèpère, des héros qui sont tellement malins qui te font des pièges complètement tordus, des zombies, des parasites qui s'attachent à ton bras et qui te cassent la gueule... C'est le wtf constant et ça fonctionne. Un incontournable absolu.
Notez que dans mes petits résumés j'ai chaque fois évité un maximum de donner des noms quand c'est possible, car de 50 ans en 50 ans, certains personnages survivent, d'autres meurent, et si je vous disais qui ça vous spoilerait la fin de l'arc précédent, et ce serait vachement triste. D'ailleurs gros conseil, éviter de trop vous renseigner sur la série pendant votre visionnage, les spoilers sont omniprésents, et ça gâche une énorme partie du plaisir.
Sinon, beaucoup de gens au fil des années ont commencé sur des parties bien précises et non à partir du début (pour diverses raisons), mais honnêtement, si vous connaissez pas JBA, profitez de cet anime pour le prendre au début, une grosse partie du plaisir est de suivre l'évolution des personnages dans le temps.
Incontournable.