Justified
7.2
Justified

Série FX (2010)

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En termes de coolitude, pas mieux que Justified.
Facile avec un perso principal aussi iconique, j'ai nommé Raylan "the angriest man i've ever known" Givens.
Signes distinctifs: U.S Marshal énervé, port altier de l'anachronique chapeau de cow-boy, propension redoutable à cracher les bons mots tout comme les bastos bien méritées.
Raylan VS les bouseux, les arnaqueurs, les fugitifs, les criminels de tout bord.
Raylan VS le monde.
Timothy Olyphant, déjà énorme en shériff à pas emmerder dans Deadwood, joue ici peu ou prou le même rôle, à peine modernisé, et le mec est sacrément bon dans un registre a priori limité. Tout est dans l'allure, l'autorité débonnaire, la démarche chaloupée, la décontraction avec laquelle il chope sa bière d'une main et son gun de l'autre, sa machoire bien serrée pour s'éviter de hurler à la face de brigands qu'il méprise. Olyphant a peut-être une carrière déplorable au ciné mais ici il est plus que parfait.

Ca c'est un bon point, mais là où Justified gagne ses galons de grande série, c'est avec son ambition narrative, sa maîtrise saississante à présenter une galerie de plus en plus imposante de persos secondaires tout plus pittoresques les uns que les autres. A chaque saison le monde de Harlan s'étoffe avec de nouveaux univers, de nouvelles intrigues, toujours sacrément marquantes.
Faites la rencontre, à vos risques et périls, des Bennett, famille de redoutables bouseux menés par les voleurs de scènes Margo Martindale et Jeremy Davies (Golden Globes bien mérités pour les deux), de l'éloquent caïd du quartier black Ellstin Limehouse, du Shériff Shellby, des costards-cravates du crime Wynn Duffy et Robert Quarles, du fugitif imbécile heureux Dewey, de la prostituée désarmante et débile sur les bords Ellen May. Et j'en passe.
Mais le gros du morceau, c'est les Crowder.

Et qui dit Crowder, dit Boyd Crowder, génial arnaqueur au charme mauvais, véritable frère ennemi de Raylan Givens. Si Raylan s'entête à jouer Pat Garett, alors c'est décidé, lui sera Billy The Kid.
Walton Goggins s'empare du rôle, il était déjà bon en flic ripou dans The Shield mais là, clairement, le mec passe en mode super sayen.
Au départ, pour Goggins Justified c'est une apparition éclair dans le pilote pour faire plaisir à son ami Timothy Olyphant, avec pour plan de faire crever purement et simplement son perso. Mais les choses ont soudainement changé quand tout le monde a réalisé l'ampleur de sa virtuosité dramatique, son putain de charisme.
Boyd Crowder est vite devenu un des piliers incontournables de la série, à la fois inquiétant, sinistre et irrésistible, parfois même bouleversant. De plus, personne ne parle le dialecte vernaculaire de Justified comme lui (cette fameuse propension à "déclamer quarante mots quand quatre en suffisait").
Une question d'éloquence, encore et toujours.

Le retour à la terre d'Harlan est agité pour Raylan, difficile de faire respecter la loi alors que Boyd Crowder prend petit à petit le pouvoir. Mais ce jouissif fil rouge n'empêche pas les épisodes qui se suffisent à eux-mêmes, des stand alones carrément super sympa.
Des pulp fictions avec des réparties géniales qui fleurissent de partout, des situations trop cool (genre Raylan qui fout tranquille un mec dans le coffre de sa voiture avant de se la faire tirer), le jeu sur la modernisation du Western et ses confrontations rituelles.
La générosité est telle qu'on retrouve de supers acteurs secondaires trop souvent laissés sur le bas côté, ici conscients de l'opportunité de montrer l'étendue de leur talent (Olyphant est un bon pote, il réinvite un à un tous ses confrères de Deadwood).
Ainsi, on peut admirer la sublime Carla Gugino reprendre le rôle de Karen Cisco (Hors d'Atteinte, la série éponyme) le temps d'un duo de rêve avec son ancien amant Raylan Givens, ou Pruitt Taylor Vince (Identity) en amateur de roulette russe améliorée, Alan Dukk (Fueris Bueller, Spin City) en bookie reconverti en dentiste à la main lourde, etc etc.
Mention spéciale à Neal McDonough et son pistolet coulissant digne de De Niro dans Taxi Driver et King Schultz dans Django Unchained (quand j'ai vu ça, mon cerveau a explosé tellement c'était trop cool).
Tout ça, c'est la générosité même.

Bref, série géniale et adaptation brillante de l'esprit d'Elmore Léonard, ses intrigues dirigées par le sens du bon mot, le caractère en acier trempé et la coolitude de ses personnages.
Pour ceux qui doutent encore et n'ont pas encore essayé, faites vous plaisir et découvrez l'univers impitoyable d'Harlan.
Sinon, comme le dit si bien Raylan Givens, "la prochaine fois qu'on aura cette conversation, y aura pas de conversation."
Dalecooper
9
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le 11 juil. 2013

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Dalecooper

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