Cyniques affaires dans un (af) gant de velours

C'est en démarrant le visionnage de la saison 2 de cette série estampillée Canal + que je me suis décidé à reprendre la plume (expression, vous me l'accorderez, totalement désuète à l'heure de l'Internet!). Je me suis en effet surpris à éprouver un malin plaisir à retrouver cette bande de perdants magnifiques englués dans leurs turpitudes afghanes.

La plume justement parlons-en! Car si cette série vaut, selon moi, le détour c'est en grande partie du fait de son habileté à traiter avec légèreté et humour un sujet pour le moins casse-gueule (La guerre des "gentils américains" contre les "méchants barbus"!) même si celui-ci sert souvent plus de prétexte à des situations cocasses plutôt que de réelle problématique de fond. La plume est donc de rigueur, à la fois par la finesse de l'écriture ( de nombreux dialogues savoureux viennent jalonner chaque épisode) mais également par l'impression de légèreté qui se dégage de l'ensemble, contrastant ainsi avec les atrocités de la guerre.

Ces atrocités sont très (trop) souvent passées sous silence et c'est là le principal écueil de cette série qui, à défaut d'être réellement originale, peut au moins être qualifiée de "décalée". Ce "décalage" assumé empêche en effet une réelle réflexion sur ce conflit post-11 Septembre encore aujourd'hui dans l'impasse.

La série a tout de même le mérite de n'épargner personne: talibans, islam, pouvoir politique corrompu jusqu'à l'os, gouvernement français, petits arrangements cyniques entre occidentaux pour se partager la part du gâteau, ONG peu scrupuleuses travaillant avant tout pour ses propres intérêts... Ce dernier point est particulièrement intéressant et pour le coup réellement original car très peu traité dans des séries jusqu'ici et pourtant il y a de la matière! Et je parle en tant qu'ancien "protecteur de la veuve et de l'orphelin" repenti!

En clair, Canal + (et oui ce jeu de mot était volontaire!) fait du Canal +: elle cuisine (et de deux!) un sujet grave pour le tourner en dérision mais non pas pour dénoncer ou pousser à la réflexion mais avec comme objectif principal de divertir son public. En cela cette série ne peut pas être qualifiée de subversive, elle est tout au plus un divertissement intelligent bien aidé par une galerie de personnages hauts en couleur que j'ai le plaisir (coupable?) de suivre.

Tiens, ça sonne bien comme fin de critique ça! Etant donné que la série est en cours (une saison 3 est déjà dans les cartons) et qu'elle peut encore me surprendre, je terminerai sur une note d'optimisme, Kaboul Kitchen: un plaisir à suivre...