Kaiji contre l'idolatrie

L'une des particularités de l'animation japonaise et qui a fait son succès, c'est sa promptitude à mettre en scènes des personnages idéalisés. Qu'importe l'univers d'où ils viennent, simple comédie où fresque épique, ils sont tous beaux grands, cheveux longs aux vent, traits fins etc.
Ca n'est pas un défaut en soit, et l'on me rétorquera que c'est imaginaire et que c'est mieux de voir des gens beaux, ya déjà assez de moches/normaux dans la vraie vie.

Je suis d'accord, mais je pense que pour la japanimation cette qualité est à double tranchant en ce sens qu'elle tend à se substituer au reste et de ne finalement n'être que pour elle même.
On connait tous ce gars qui va lire/regarder un manga quelconque/moyen parce que "tel personnage à l'air cool" et c'est vrai que de nombreuses séries tout juste sympa/ok deviendraient aux yeux de beaucoup médiocres avec un design un peu moins "idéalisé".
Et même si la série est réellement bien, ça reste un artifice facile. Il est toujours plus simple de parler du rejet/racismes, quand les rejettés en question sont des elfes aussi sinon plus beaux que le reste de la populace, ou de parler d'un pervers addict à la masturbation quand celui-ci est une sorte de Brad pitt japonais.
Ca n'est pas gênant, mais ça reste un procédé discutable quand on sait qu'une personne belle quelque soit ses actes a toujours plus de chance de susciter de l'empathie qu'un mec moche saint (ex : de nombreux criminels, zyzz, pas mal de personnalités, socrate pour les moches...............).

Bref l'avantage de Kaiji (et de Kurosawa l'autre série de l'auteur) c'est que d'emblée ce côté "superficiel" est mis de côté... Pas que ça soit moche, c'est très correct, mais les personnages ne sont plus idéalisés. J'ai vu des gens décrire les perso comme ayant des tronches de "criminels" "bouffons" etc, alors qu'il s'agit juste de japonais (pour une fois !) qu'on pourrait réellement rencontrer caricaturés par un auteur. En BD/comic ça ne gênerait personne... Mais chez certains weeb de l'espece la plus crasse, ça ne passe pas et c'est ainsi qu'il y a 20min lorsque je conseillât Kaiji on me dit :

perso j'arrive pas à accrocher à un anime si les persos me dégoûtent (physiquement)
c'est comme ça

(véridique et c'est pas le seul)

Bref, jamais tu ne verras un dossier de 70images pour un perso de Kaiji, ni de waifu/husbando (ya pas de perso féminin d'ailleurs et c'est très bien, sachant que bien que j'adore ça, ce sont des perso idéalisés par et pour les hommes) et c'est très bien, parce que grâce à ça le fond compte à 100% dans le jugement final et c'est

ENORME

Grosso modo ça reprend les meilleures qualités de la mise en scène japonaise : L'intensité, le suspense et la rage pour des évènements qui au fond ne méritent pas tant de raffut (des jeux de cartes) sans la grotesque parfois inévitable... et ya jamais d'asspull ou de deus ex machina, les évènements et les tactiques sont toujours réalistes, peu probables mais réalistes.

Le manga/anime se paye également le luxe d'avoir un véritable message ancré dans la réalité japonaise actuelle, bien loin de thématiques métaphysiques/rejet/introversion beaucoup trop faites de manière souvent bancales et voulant paraitre plus profondes qu'elles ne le sont.
Bref c'est bien amené, ça ne casse jamais le rythme des péripéties et je dirai même que ça les renforce.

Si vous lisez cette critique, vous avez sans doute déjà vu/lu l'anime donc inutile de vous le conseiller, et certes tout mon petit pavé sur la "superficialité" aurait eut plus sa place dans "Strongest man kurosawa" mais c'est Kaiji qui m'a éveillé cette réflexion, donc je poste ça ici.

(je met 9 et pas 10 parce que les 4 derniers ep cassent un peu le rythme :/)