Homeland made in Ikea
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le 27 mars 2020
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Dans les années 90, avait émergé l'idée un peu bancale du "choc des civilisation". Huntington avançait que les luttes du futur se reposeraient sur des conflits entre des "blocs de civilisation" (occidentale, arabo-musulmane, etc...)
Il y a eu, il y a, et il y aura encore beaucoup de gens pour croire à cette théorie, et y trouver des liens avec ce que nous vivons, notamment avec le terrorisme (on y vient).
Pourtant, l'émergence du terrorisme, et plus largement, du radicalisme religieux, ne semble pas lié à l'impression d'appartenir à un "bloc", mais plutôt, justement, d'être né "après le mythe", "après" la guerre des civilisations. Les jeunes nés de l'immigration ne sont ni des habitants du Moyen-Orient, mais ne sont pas considérés comme européens. Ils se retrouvent ainsi entre un Occident qui les rejette, un Moyen-Orient fantasmé.
C'est cette dualité que Kalifat montre assez efficacement, avec ces destins croisés d'une femme de terroriste voulant quitter Daesh, et ces jeunes filles qui veulent s'y rendre.
Une dualité qui marche peut-être mieux dans un sens que dans l'autre... Bon, à la décharge des scénaristes de cette série, les témoignages de Daesh vu de l'intérieur ne sont pas innombrables, mais je reste sceptique sur certaines scènes, notamment celle où notre couple de djihadistes choisit quel film américain ils vont regarder (ils y croient encore, à leur califat ?). Après, j'ai pas ttes les infos, je ne sais pas. Mais le rejet de la culture "profane" est très important chez les fondamentalistes.
Pas seulement chez les islamistes, d'ailleurs. Derrière les polémiques de fondamentalistes chrétiens sur Harry Potter, Donjons et dragons, ou La Vie d'Adèle, il y a cette idée que la culture est "profane" et détourne de Dieu. Du coup je reste sceptique sur un califat qui capte Netflix... Mais c'est peut-être ça le problème, après. La vie des partisans de Daesh est peut-être un peu trop vener' pour une série Netflix, justement... Je ne sais pas.
Mais ces quelques réserves sur cette partie ne gênent pas l'autre, en Suède. Le personnage le plus réussi reste Sulle, mal dans sa peau, qui reproche à sa famille (et notamment à son père) d'avoir renié leurs origines. C'est un personnage intéressant, à la fois par son écriture, et par ce qu'il représente : ces nouveaux convertis qui sont autant en conflit avec la société... Qu'avec la génération précédente. Car, l'origine de la conversion, toutes proportions gardées, de ces nouveaux convertis d'aujourd'hui, tient bien plus à la rébellion contre la génération précédente (baby boomers, 1ère et 2nde générations d'immigrés), qu'une volonté de retrouver une religion qu'ils connaissent mal, avant leur conversion. Les deux jeunes suédois qui se retrouvent embarqués dans le djihad représentent aussi ce conflit de génération, entre des jeunes laissés à eux-mêmes, et une génération précédente qui ne les a finalement... Pas laissé une véritable transmission ? le conflit aprents/enfants, très présent dans cette série, illustre assez finement ce qui se trame aujourd'hui dans le monde occidental...
Car, à l'heure de la mondialisation, le reproche fait à la génération des "boomers", c'est peut-être de n'avoir pas fait acte de transmission aux générations futures ; Les laissant, finalement, à la merci des gourous de tout bord, et face à des religions qu'ils ne comprennent même pas.
Très bonne série en tous cas, malgré quelques personnages moins recherchés...
Créée
le 1 déc. 2020
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