Katanagatari, c’est un peu comme si tu partais pour une quête épique à la recherche d’armes mythiques, sauf que chaque duel se transforme en une longue discussion philosophique qui te fait te demander si tu n’es pas là pour assister à un débat plutôt qu’à un combat de sabres. C’est un voyage à travers le Japon féodal, où les épées sont moins importantes que les mots, et où les batailles se gagnent autant avec la langue qu’avec la force brute.
L’histoire suit Shichika Yasuri, un maître du style de combat Kyotouryuu, qui, contrairement à tout samouraï qui se respecte, n’utilise pas d’épée. Oui, tu as bien lu, le gars est une arme humaine. Il est entraîné à utiliser son propre corps comme une lame tranchante. Aux côtés de Togame, une stratège aussi rusée qu’impertinente, il part en quête des douze épées légendaires créées par un forgeron de génie. Mais attention, ce n’est pas une chasse au trésor à la Indiana Jones, loin de là. Chaque épée a son gardien, et chaque rencontre est une occasion d’assister à une nouvelle démonstration de l’art subtil des dialogues… et parfois des arts martiaux, quand même.
Le duo Shichika-Togame est la clé de Katanagatari. Shichika est l’archétype du héros naïf et un peu paumé, qui découvre le monde extérieur après des années d’isolement. C’est un guerrier redoutable, mais avec un côté enfantin qui le rend aussi touchant que redoutable. À l’opposé, Togame est une véritable machine à réfléchir. Elle manipule, calcule, et a un plan pour tout. Leur dynamique est un mélange de moments légers et de tensions, entre la loyauté aveugle de Shichika et les ambitions complexes de Togame. Leur relation évolue tout au long de la série, oscillant entre mentorat, amitié et quelque chose de plus… ambigu.
Visuellement, Katanagatari est un régal pour les yeux. Le style d’animation est unique, presque stylisé comme un tableau vivant, avec des couleurs vives et des designs de personnages exagérés qui te rappellent que tu n’es pas dans une histoire de samouraïs classique. Chaque décor, chaque personnage, chaque costume est une explosion visuelle qui te plonge dans un Japon féodal réinventé, où le fantastique côtoie le traditionnel. Les scènes de combat sont superbes, mais attention, elles ne sont pas aussi fréquentes que tu pourrais l’espérer. Car oui, la série préfère te captiver avec des dialogues interminables avant de te servir quelques éclairs d’action.
Et parlons-en, des dialogues. Parce que si tu viens pour voir des combats à l’épée à chaque épisode, tu risques d’être surpris. Katanagatari est une série bavarde. Très bavarde. Chaque combat est précédé (et parfois remplacé) par de longues conversations entre les personnages, où ils décortiquent des stratégies, philosophent sur la nature du pouvoir, ou racontent leurs histoires personnelles. C’est un peu comme si chaque affrontement était un épisode de TED Talk sur les arts martiaux et la politique féodale. Cela peut être frustrant pour ceux qui cherchent de l’action pure, mais si tu es prêt à te laisser entraîner dans des joutes verbales aussi tranchantes que les épées, alors tu seras récompensé.
Le rythme de la série, d’ailleurs, peut te surprendre. Avec seulement 12 épisodes, un par mois, la série prend son temps pour poser ses personnages et son univers. Chaque épisode est une sorte de mini-film, avec son propre rythme et son propre ton. Certains épisodes se concentrent davantage sur le développement des personnages et des relations, tandis que d’autres offrent des duels épiques qui culminent en apothéose. Ce découpage original donne à la série un rythme irrégulier qui peut désorienter, mais qui finit par faire partie de son charme.
L’une des forces de Katanagatari, c’est la manière dont elle déconstruit le genre de l’histoire de samouraïs. Ici, les épées ne sont pas que des armes physiques : elles symbolisent le pouvoir, l’ambition, la trahison, et même l’idéalisme. Chaque épée légendaire a sa propre histoire, son propre gardien, et chaque confrontation est plus une rencontre de philosophies que de simples échanges de coups. Le ton de la série oscille entre sérieux et légèreté, avec des moments de pure comédie qui surgissent au milieu de la tension, créant un contraste saisissant.
Cependant, Katanagatari n’est pas sans défauts. Son rythme lent et ses dialogues omniprésents peuvent en frustrer plus d’un. Certains épisodes semblent s’étirer indéfiniment avant d’arriver au point culminant. Si tu es du genre à préférer une action rapide et une narration plus directe, la série pourrait te laisser sur ta faim. Mais si tu es prêt à embarquer dans ce voyage contemplatif, tu découvriras une série qui te surprend par sa profondeur et son originalité.
En résumé, Katanagatari est une série unique en son genre, mélangeant esthétique époustouflante, dialogues tranchants et combats symboliques. C’est une histoire où l’épée n’est pas qu’une arme, mais un symbole de tout ce que les personnages recherchent et craignent. Si tu es prêt à plonger dans une aventure où la parole est aussi puissante que la lame, et où chaque épisode est un petit chef-d’œuvre visuel et narratif, alors Katanagatari t’attend, katana en main… ou plutôt, sans katana, vu le concept.