Katrina par Spike Lee
Le très engagé Spike Lee réalise un documentaire sur l'ouragan Katrina et le désastre humain qui a suivit à la Nouvelle-Orléans, au moyen uniquement de témoignages de secouristes, habitants ou...
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le 1 août 2020
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Katrina s'avère dans sa construction un documentaire assez déconcertant de la part de Spike Lee.
La première partie de ce récit globalement chronologique, alternant témoignages individuels et images d'archives, évoque plus le genre de documentaire catastrophe que l'on pourrait trouver sur une chaîne comme "Planète' qu'un film politique. Documentaire dont on aurait en plus oublié de couper les redites.
Ainsi par exemple Spike Lee va consacrer une séquence à ceux ayant quitté la ville avant l'ouragan, où 5 ou 6 personnes donneront quasiment le même témoignage avec pour seules variations que l'un a appris qu'il était de catégorie 5 à la télé, l'autre par son voisin, qu'untel est allé prendre sa mère avant de partir, l'autre sa fille, que l'une est passée par telle rue, un autre par telle autre (ce qui est limite irritant pour le spectateur ne connaissant pas la géographie de la Nouvelle Orléans, dont la première carte apparait au bout de plus d'une heure).
Et pareil pour chaque autre étape de la catastrophe, une séquence parlera des gens réfugiés à tel endroit, avec un groupe de témoignages se faisant écho, une séquence de ceux restés dans leurs maisons, autre série de témoignages décrivant des expériences similaires, etc...
Évidemment il y a aussi des digressions et des retours en arrière, une séquence sur les précédentes inondations qu'avait subi la Nouvelle Orléans, des évocations du contexte politique local et national, de l'histoire et de la culture de la ville, de la place de la Louisiane dans l'ensemble américain, des accusations que le documentaire se chargera d'étayer (ou pas selon les cas), des faits scientifiques et des chiffres, mais au lieu de s'appesantir sur ces démonstrations, Spike Lee en revient toujours aux témoins, à un ensemble d'expériences humaines plutôt qu'aux chiffres, au détail des explications politiques ou à des envolées dénonciatrices (si tout cela y est aussi).
Et c'est ce qui fait réaliser que la réalisation qui semblait maladroite au départ est parfaitement maîtrisée et voulue. Sous-titré "une tragédie en 4 actes" (edit : en fait c'est "an american tragedy, a requiem in 4 acts" en vo), Katrina, emploie la succession des témoignages à la manière du chœur d'une tragédie.
Il s'agit à chaque étape, et quitte à les autoriser à se répéter, marteler presque, des récits se faisant écho, de ne pas laisser oublier un instant au spectateur qu'on parle de celle vécue par un ensemble d'humains, de ne jamais se laisser aller à les réduire à un nombre de victimes ou autre statistique froide, ou à des termes comme victimes ou réfugiés.
Car quelque part c'est cette vision du monde qu'il s'agit de dénoncer, les politiques ayant conduit à la catastrophe ou le traitement cynique des survivants qui s'en est suivi, n'étant que les conséquences de dirigeants préférant le calcul à l'humain (comme le dira un des derniers témoins au sujet du gouvernement, "votre voisine est en train de se noyer vous allez la secourir, Bush a préféré prendre le temps de consulter son banquier pour savoir combien ça lui couterait, et ses avocats pour voir ce qu'il était obligé de faire").
Créée
le 17 déc. 2017
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