Kiznaiver
6.6
Kiznaiver

Anime (mangas) TBS (2016)

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C'est l'histoire de 8 lycéens stéréotypés qui... en fait non, y a pas d'histoire.

Peut-être que j'attendais trop de Kiznaiver ?


Quand l'anime a été annoncé, j'étais hype. Une production originale de Trigger, avec un visuel et un concept alléchants, ça avait tout pour me plaire. Et pourtant, quelle déception. Ca partait bien, pourtant. Pendant les 15 premières minutes, en tout cas.


Commençons par les bons points.


D'une part, l'esthétique générale, qui m'a beaucoup plu dès les premières images et qui a été un peu la carotte qui m'a poussé à finir l'anime. L'animation est très honnête, la réalisation est bien foutue, l'OST est correcte sans être extraordinaire, bref, l'enrobage est très satisfaisant.


D'autre part, le propos, ou du moins ce que l'anime essaye d'en faire. Réfléchir sur l'amitié et les rapports sociaux en général, sur leur caractère parfois artificiel, c'est intéressant, et je pense que la japanimation est un support très légitime pour le faire parce que c'est une thématique omniprésente dans les œuvres que rassemble le média.


Maintenant, ce qui ne va pas.


Premièrement, le truc dont tout le monde parle, les personnages. Et il y a pas mal de trucs qui ne vont pas avec eux.
D'une, ils sont clichés. C'est une brochette de lycéens, tous plus clichés les uns que les autres, qui gravitent autour de Katsuhira, le héros. Fort heureusement, le chara-designer, qui visiblement voulait faire une anthologie des personnages vus et revus, a pensé à tout. On a donc la présence de la fameuse " tsundere amie d'enfance amoureuse transie du héros", ou encore l'inimitable "grand con musclé au grand coeur". La palme revient quand même à Nico, la fille excentrique qui balance des phrases aléatoires sur les amis et l'importance de l'amitié, insupportable au possible.
Mais bon, à la limite, le fait qu'ils soient clichés peut être oubliable. Oui, c'est efficace pour montrer qu'ils peuvent devenir amis même s'ils sont différents. En revanche, c'est complètement contre-productif si l'idée, c'est de montrer l'évolution de leurs rapports au sens large. On connaît les clichés, on sait comment ils évoluent, du coup tout l'intérêt de voir ce qu'ils deviennent disparaît.


De deux, ils sont introduits avec le cul, et ça nuit fatalement à leur développement. Ce problème d'introduction vient d'abord de leur nombre. 8 personnages, c'est énorme à introduire proprement, ça prend du temps. Or là, au bout du premier épisode, on en a déjà 7 d'introduits, mais de façon complètement inégale. Autant Katsuhira, Chidori, Tenga et Sonozaki sont introduits de façon tout à fait correcte et logique, autant les 4 autres sont vraiment rushés. Au bout du premier épisode, c'est simple, on n'a simplement aucune idée de ce que Yuta, Maki et Nico foutent là. On les a à peine vus dans l'opening, deux secondes dans l'épisode, et c'est tout. Je ne vous parle même pas de Hisomu, qui apparaît de façon complètement improbable au bout de 4 épisodes. Comment voulez-vous les développer correctement dans ces conditions ?
Je trouve ça vraiment trop rapide et/ou trop random pour créer un lien entre le scénario, les personnages, et le spectateur. Ca nuit vraiment à l'immersion. Il y a des limites à ce qu'on peut voir sans se dire "mais quel est le fuck".


Pour synthétiser, comme ils sont clichés et introduits trop rapidement, une impression d'artificialité atroce se dégage des personnages. Ils ne sont jamais attachants, jamais intéressants, jamais touchants, ils sont juste énervants parce qu'on sait 10 heures à l'avance ce qu'il va se passer entre eux, et parce qu'ils passent leur temps à dire des lieux communs (qui collent à leur stéréotypes respectifs cela dit). Les personnages sont censés s'ouvrir et devenir plus "eux-mêmes" au fur et à mesure, mais le souci, c'est que leur personnalité, leur discours, ne leur est pas propre. Ce sont des stéréotypes qui parlent à d'autres stéréotypes, pas Katsuhira qui parle à Chidori, par exemple.


Deuxièmement, le scénario. Globalement, l'anime montre l'évolutions des rapports entre des lycéens, qui n'ont a priori pas grand chose en commun, après qu'ils ont été liés par le système Kizuna, qui permet de répartir la douleur entre les personnes. On part donc sur un scénario de school-life assez novateur, avec quelques éléments surréalistes, sans d'autre enjeu particulier que d'observer des rapports humains. Sur le principe, ça ne me gêne pas. C'est même cool, parce qu'un school-life n'a a priori pas besoin d'avoir un enjeu particulier. Avec le recul, c'était vraiment l'occasion de porter un regard intéressant sur l'amitié.


Mais alors, pourquoi vouloir rajouter une intrigue amoureuse au triangle de base Katsuhira-Chidori-Sonozaki ? Cette intrigue-là est logique vu la construction des personnages et on l'a vue 100 fois dans d'autres anime, alors ok. Mais les autres intrigues amoureuses donnent l'impression d'être factices, forcées, parce qu'elles ne collent pas au stéréotypes des personnages. C'est louable dans l'idée parce que ça veut s'éloigner des codes, mais si les personnages sont trop dans leur délire de clichés derrière, ça perd complètement son effet et ça devient vraiment bizarre, ça accentue encore l'impression qu'on a que ces personnages n'ont rien de personnel.
Et ça me fait de la peine que l'anime force avec ces relations amoureuses, vraiment, parce qu'il s'enfonce dedans. Pourquoi faire du drama toutes les 5 minutes sans aucune raison ? On le sait, qu'il va y avoir des problèmes amoureux entre les persos, on les a vus dès l'épisode 1, mais pourquoi les amener comme s'ils étaient déchirants ? Ca ne peut pas être un enjeu, ça ne peut pas être un truc qui te donne envie de voir la suite, parce qu'on la devine, la suite. Ca ne donne pas plus de profondeur au scénario et aux personnages, ça les rend insupportables.


Exemple parfait : le triangle Tenga-Chidori-Nico. En soi c'est sympa de donner un peu de profondeur aux persos comme ça, mais ça ne marche pas deux secondes parce que ça n'est pas crédible : on se doute bien que Chidori ne va jamais répondre à la flamme de Tenga. Pareil, on n'en a rien à faire de Tenga-Nico parce que le personnage de Nico est chiant à la base. Bref, les intrigues amoureuses sont bancales, peu intéressantes parce que prévisibles une fois qu'elles sont annoncées, et parce que les personnages collent trop à leur image pour que le fait qu'ils soient amoureux les uns des autres soit crédible.


Dans la même veine, pourquoi refiler aux personnages des "missions" banales mais présentées comme épiques ou impossibles, et dédier des épisodes entiers à ces missions ? Du genre, "Vous devez vous présenter les uns aux autres". Sur le papier, ça paraît décalé, mais c'est intéressant. C'est vrai que ça met en lumière le fait que les rapports sociaux sont, quelque part, artificiels et formatés. C'est plus une obligation sociale qu'on accepte tous, qu'un vrai mouvement spontané vers l'autre. C'est vrai que sans ces missions, les personnages n'auraient aucune raison d'interagir les uns avec les autres. Alors oui, ça sert assez bien le propos, c'est vrai.


Mais du coup, au bout de 5 fois, c'est un peu un aveu de faiblesse, de manque d'enjeu dans le scénario. Le faire une fois, c'est ok, c'est symbolique. Mais au bout de 5 missions, c'est un peu comme dire au spectateur : "Regarde, regarde, notre scénario n'a pas d'enjeu ! T'as vu ? T'as vu ? Bon, maintenant que t'as compris, regarde ! Notre scénario n'a toujours pas d'enjeu ! Au fait, t'as vu, l'amie d'enfance du héros était amoureuse de lui depuis le début, mais ce n'est pas réciproque ! C'est trop triste !!!"


Comme en plus, les personnages sont clichés, n'ont rien à foutre là et entretiennent des rapports complètement artificiels, il y a un vrai problème de cohérence dans le plot. Ca donne une impression d'immobilisme absolument horripilante. Ok, les relations entre les personnages évoluent, mais ça sonne tellement artificiel, c'est tellement prévisible... En fait, le scénario pouvait servir le propos assez correctement, mais pas avec des personnages comme ça.


En bref, à peu près tout m'a déçu dans Kiznaiver. Malgré une performance technique plus que correcte et une réflexion qui partait vraiment bien, l'anime condense de gros défauts (notamment les personnages), qui abattent en plein vol une idée originale et bien sentie. L'anime se casse littéralement la gueule en voulant aller trop vite. En 3, 4 épisodes, l'anime a terminé l'intégralité de sa réflexion. En 5 épisodes, l'intérêt s'est envolé. C'est dommage, parce qu'à mon avis, en 24 épisodes, ça pouvait faire quelque chose de génial. Mais en 12, ça sent le fait à la va-vite.


Dommage pour Trigger, qui avait fait un sans-faute du côté de ses productions originales depuis 2011. Si seulement Kiznaiver avait pris son temps.

GeorgesBouche
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le 26 juin 2016

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