A être strictement rationnel, on se contenterait de regarder les neuf premiers épisodes de cette série qui sont un pur chef-d’œuvre.
On découvre avec le personnage principale, Tanikaze, qui a vécu toute sa vie dans les sous-terrains d'une navette spatiale, le monde à la surface. Du blanc et du noir, mais surtout du gris : les innovations technologiques ont transformé l'humanité (rien que pour celles-ci une vision de cet animé est recommandée tellement elles sont cohérentes et ajustées à l'univers). Les personnages, nombreux au début et difficilement différentiables, se dévoilent lentement à notre protagoniste et n'acceptent pas tous cet humain sorti d'une autre époque. Le monde est envoûtant, nous plonge dans l'histoire et nous laissent complètement être aspiré par le scénario. On sent l'imagination travaillée derrière l'auteur et la série nous surprend plus d'une fois par des évènements parfois bouleversants.
On pensera particulièrement à l’accélération diagonale qui relève du génie ou la mort de Hoshijiro ( que je n'ai pas encore acceptée d'ailleurs, j'attends toujours son retour)
On suit alors la création et la destruction de la vie, de l'amour, de la confiance, de l'estime. En particulier, la construction autours du personnage de Hoshijiro est originale, délicate et absolument dramatique. La série atteint son apogée, on touche au chef-d’œuvre.
Et puis, cela tasse. Comme si, en ayant toutes les cartes en mains, on passait à un autre jeu. L'histoire va alterner entre de longues phases de combats et des scènes de tous les jours dans la navette, parfois niaises et sans enjeux. On croirait voir alterner le jour et la nuit tant l'oscillation est nette entre certaines scènes. La moitié du temps à l'écran dessert ainsi les relations amoureuses de Tanikaze. Dans l'autre moitié, la société est occupée à détruire les créatures envahissantes.
On regrette la perte des thèmes forts de la première saison comme le deuil, la solitude, le pacifisme, la peur de perdre l'autre,... Car ceux-ci ne sont plus que des fantômes perdus dans un univers qui ne leur appartient plus.
Le comportement de rapprochement gauna - humain entre Hoshijiro la Sphinx et Tanikaze n'a pas du tout profilé de développement ou d'évolution des personnages, alors que des pistes absolument passionnantes auraient pu être développées davantage.
On regrettera aussi le fait que personne ne semble s'intéresser à la contamination des gauna à bord du vaisseau. Le soudain changement de personnalité de trois personnages au même moment n'a pas semblé troubler qui que ce soit. Si ça n'avait pas été tout l'enjeu de la deuxièmesaison, cela aurait été moins maladroit.
Le personnage de Tanikaze aurait également pu être un peu plus développé. La fin de la saison 2 est très décevante sur ce point puisqu'on se rend compte que, mise à part un quête des succès militaires, rien ne s'est développé en lui.
Au final, la scénario n'avance plus et beaucoup de questions restent sans réponse.
C'est donc avec une certaine amertume qu'on finit cette série, émerveillé par un potentiel scénaristique immensément riche mais accompagné d'une sensation de non-aboutissement nous laissant sur notre faim.
De ce que j'ai pu lire pour la suite de la série, une troisième saison verra le jour et apportera peut-être l'étincelle qu'il manque à cette série pour briller. Cependant, l'horizon semble sombre: la fin du manga ne plairait apparemment pas à une bonne partie des fans du manga et une partie de la communauté espère que l'animé redirigera le tir.