L'âge de cristal est une inhabituelle série de Science-fiction qui montre que le genre a toujours été ouvert à tous les styles.
L'ayant vu enfant avec fascination, je me suis aperçu en la revoyant pendant la dictature sanitaire de Macron qu'elle avait le pouvoir de rajeunir celui la revoyait. Vous allez me dire : ce n'est de la S-F, là, c'est de l'Heroic Fantasy. Eh bien, si, c'est de l'authentique S-F qui pose très sérieusement l'enjeu du comportement de l'humanité face aux dégâts qu'elle produit sur son propre environnement. Les conséquences sont traduites en une situation de cauchemar où l'espèce humaine, pour survivre, se cache dans des cités-dômes tellement isolées de l'extérieur que les habitants croient ne pouvoir vivre que de l'ersatz d'environnement que leurs ancêtres ont construit pour eux, à l'écart d'une nature devenue plus ou moins prétendument mortelle. Cette rupture ultra-violente de l'humanité avec son côté naturel, c'est à la fois un conte écologique et une tragédie renouvelée de "La Belle et la Bête", qui voit une espèce humaine lancée dans une lutte schizophrène contre ses propres limites (celle de sa durée par rapport à sa compréhension du temps, par exemple) qui l'amène à l'autodestruction et, selon un schéma universel auréolé d'espoir, à la renaissance par l'audace et l'imagination de quelque rares individus, détachés de la folie grégaire.
Le thème n'était déjà pas nouveau et il a fait de nombreux petits, dont un des derniers en date est la sinistre série "Silo", débutée l'année dernière et continuée cette année, inspirée d'un roman sorti en 2012.
L'originalité de la série (et pas du film) "L'âge de cristal" réside dans la transcription naïve, presque enfantine de l'action. Les héros sont Logan et Jessica, une femme et un homme beaux, jeunes, modernes, en bonne santé et qui, d'une manière ou d'une autre, semblent avoir décidé de le rester. Et pour échapper au destin maudit -imposé par leur société- de devoir s'arrêter de vivre à 30 ans, il se lancent dans une fuite éperdue. Ils sont poursuivis par les "limiers", des flics assassins qui vont aussi, grâce à ces deux fuyards, se poser des questions sur leur rôle.
Cette naïveté, rehaussée par des costumes un peu ridicules, rend les héros, mais aussi parfois les "méchants", très attachants et donc accessibles à tous les bons cœurs de tous âges. Nos deux fuyards perdus sont guidés, protégés et conseillés par l'androïde REM (excellemment joué par l'acteur britannique Donald Moffat) qui est un exemple d'I.A. dont la bienveillance est aussi exemplaire que celle des robots d'Asimov, trouvé par hasard en sortant de leur monde clos. Avec lui, ils redécouvrent un univers oublié, à bord d'une voiture solaire aux formes "futuristes", à l'étanchéité douteuse et montée sur un coussin auto-gonflant qui affronte avec succès toutes aspérités du terrain.
Cette série a été créée par deux ex-beatniks, et on saisit vite à quel point on leur doit la part d'irréel et même de merveilleux qu'offrent les épisodes.
Une série à découvrir et redécouvrir par tous les petits et les grands pour se rappeler que nous ne sommes pas condamnés à accepter un Ordre de souffrances et de larmes.