Ouais, un compte en banque parfait surtout...

Si je n'avais regardé que le premier épisode, mon avis aurait été le suivant : des personnages clichés et stéréotypés (la blonde neuneuse - la petite rousse rigolote - la brune séductrice. Toutes les trois immatures au possible !), une intrigue qui n'a rien d'intrigante et des p*tains de privilégiés, avec un scénario digne des séries des années 90-2000 sur M6.

Mais j'ai regardé la série intégralement (j'admets : en faisant mes tâches ménagères) et finalement d'épisodes en épisodes, ça devient plus digeste. Les personnages sont plus étoffés et finissent même par nous surprendre (un peu).

Au début de la série, les personnages ont des dialogues qui sonnent faux : "Merci, ma soeur" (mais qui dit ça ? - sûrement les mêmes qui disaient "je t'adore ma cousine" sur Facebook en 2008). Les acteurs et actrices sont tous mal à l'aise, voire malaisants pour le spectateur. Puis peu à peu, le naturel arrive par petites touches dans certaines scènes, Antoine Duléry et Evelyne Bouix ont une bonne alchimie et des petits gestes affectueux qui les rendent plus crédibles.

Le seul qui s'en sort dès le départ, c'est Tom Leeb. Autant dire que c'est mon nouveau petit chouchou du cinéma français. Déjà, il a énormément de charme, mais en plus il ne donne pas l'impression de jouer. Il est naturel. Il ne joue pas pour la caméra, peut-être même qu'il ne suit pas les dialogues à la lettre. En tout cas, il insuffle du réalisme, quand d'autres acteurs et actrices de la série peinent à être pleinement dans leur rôle, ou en font des caisses (Maud Baecker qui chante sur Dalida, avec son rouleau à peinture, ridicule).

Comme dans Emily in Paris, on est dans un Paris complètement idéalisé. Tout le monde est blanc, la ville est propre et les rues sont pavées, il y a de la végétation partout, les taxis rêvent eux aussi d'amour. La police ne sert qu'à renforcer des gags (la gamine qui vomit sur les pieds du flic, pas drôle, mais je suppose que ça en fait sourire certains) mais qui ne t'arrête surtout pas si tu tagues un mur.

Mais surtout, cette série met encore en scène une caste de privilégiés : on a une kiné qui doit bosser deux heures par semaine à tout casser, une mère de famille qui visiblement ne bosse pas, mais vit avec son mari dans une superbe maison avec leurs deux enfants, qu'elle n'éduque pas, non, elle joue avec eux. L'héroïne qui vient d'être larguée par son mec, qui était aussi son boss, s'est fait virer MAIS pas une seule fois le fait d'être au chômage ne l'angoisse. NOOOON tout tourne autour de l'amour. Elle n'a aucun souci d'argent, elle vit dans un appart type loft dans un quartier bobo et ses parents sont p*tés de thunes (leur maison est un manoir, dont on voit environ 3 pièces : un salon, une cuisine et une entrée, bref.)

La mère, jouée par Evelyne Bouix, sort (ép.6) : "le mauvais goût me fascine" pour expliquer qu'elle a accepté de se rendre au mariage d'une ancienne amie de sa fille. LUNAIRE tellement c'est condescendant.

Le mec convoité par Julie est chirurgien en cardiologie et il est chiant à mourir : hatha yoga, thé vert (plutôt que du vin rouge ? pardon ?!) et jus de kiwi, il écoute des chants grégoriens, MAIS il est beau gosse, et c'est apparemment ce qui a plu à Julie (ou alors son superbe "appartement-témoin" en plein coeur de Paris). Où est l'amour là-dedans ???

Donc, on a une énième série de type comédie romantique qui manque de réalisme. Mais ce qui est criant (selon moi) c'est le mépris de classe. Encore une fois, c'est du cinéma de riches, fait par des gens aisés, à destination du petit peuple qui lui aussi rêve d'une histoire d'amour qui se finit bien (et qui n'aurait pas besoin de bosser pour payer son loyer à l'instar de Julie).