L'armée des romantiques, ou comment déconstruire un monde rance avec des idéaux élevés. Cette problématique valait bien une série documentaire, d'autant qu'elle est menée avec un brio graphique impressionnant. Voilà qui ne va pas arranger mon addiction aux œuvres du XIXème siècle ! Même si en général, je penche pour les décennies plus tardives, mais quand même, il faut avouer que cette "armée" pacifique a de quoi séduire : Hugo, Delacroix, Manet, Sand, Dumas père et fils, ou encore Courbet ! Quelle équipe ! Quelle époque ! Après, ça ne soigne pas non plus la mélancolie d'appartenir à un temps sans panache ni idées, mais bon, autant se faire du mal qui fait du bien en se plongeant dans l'ébullition du Romantisme, portée par de jeunes gens tout pleins d'espérance et de fougue. Car idéaliste n'est en rien un défaut, n'en déplaise aux pragmatiques grognons. C'est grâce à l'émergence d'idées subversives, portées par des talents impossibles à ignorer, que nous jouissons aujourd'hui d'un certain confort, même s'il ploie un peu sous les coups de boutoir des comptables ennemis de la moindre poésie. Tant pis pour eux, il nous reste toujours les œuvres impérissables de cette génération bénie, qui arpentait sans trêve les rues d'un Paris en pleine mutation. Les régimes politiques tombaient comme des mouches sous les assauts furieux d'un peuple que rien n'anesthésiait encore. Dans le marasme actuel, c'est un peu le grand absent, ce peuple, alors qu'il occupait toutes les pensées à l'époque, même de ceux qui comptaient bien ne tenir aucun compte de lui. Les autres lui écrivaient des chefs d’œuvre, ou le représentaient pour la postérité dans ce qu'il avait à la fois de trivial et de grand. Bref, une odyssée artistique qui vaut le coup d'oeil, illustrée de manière respectueuse et inventive, avec un didactisme de bon aloi. Une réussite !