Chaque année a son lot de séries à succès, celui de Shingeki no Kyojin en 2013 est d’une ampleur plus grande et d’une occurrence plus rare. La prolifération aberrante de cosplay est une première alerte, la sortie de produits dérivés à la pelle un présage certain (plusieurs jeux-vidéos, un film live-action, un prequel, et même un manga 4-koma). Signe définitif et encore plus frappant, des gens qui d’habitude ne sont que peu intéressés par les animes commencent à vous en parler sur le net. Les vidéos youtube explosent et le monopole des conversations geeks s’impose : Shingeki no Kyojin est bel et bien un phénomène qui à défaut d’avoir conquis le monde, l’a infiltré à une plus grande échelle. C’est surtout le cas au Japon bien entendu où Shingeki no Kyojin s’est exhibé un peu partout dans les rues des grandes villes.
Le phénomène est aussi amusant que pénible à observer mais la question demeure, que vaut l’anime en lui-même ?
Le synopsis est simple mais attire les regards : c’est sombre, c’est héroïque et les promesses de bonnes scènes d’action scellent le deal. Le début de la série a de quoi convaincre le spectateur récalcitrant aux codes «shonenesques» en offrant un premier épisode à l’atmosphère angoissante et sanguinaire.
La qualité principale de Shingeki no Kyojin se trouve là : dans son chaos. L’anime est extrêmement prenant lorsque la caméra se centre sur une humanité en déroute, sa fragilité, ses peurs et surtout son impuissance devant une menace indomptable et meurtrière. L’anéantissement des villes, l’engloutissement de corps, la mort de personnages non lambdas... la destruction est pleine d’énergie et de couleur. A ses heures de gloire elle prend même aux tripes.
Il en va de même lorsqu’il s’agit de plonger dans le tourbillon des combats : la galvanisation des coeurs, même si bien maladroite et redondante je dois dire, l’envol des combattants vers la bataille, le bruit colossal de l’ennemi s’écroulant et le splash de nos amis réduits en monceaux. Voilà comment sonne cette guerre qui se veut épique mais pas totalement stupide grâce à des personnages qui sont là pour réfléchir, à la place d’un protagoniste «légèrement» imbuvable.
Mais une fois que la rage s’essouffle, Shingeki no Kyojin commence à perdre de sa superbe. L’anime tend en effet à s’embourber dans des scènes d’expositions inutilement lentes. On peut ajouter à ça de nombreux flashbacks qui parsèment et raccourcissent les épisodes, ce qui donne au final un rythme terriblement mal dosé et frustrant.
Les intrigues de la série ne sont pas assez intéressantes pour traverser indemnes ces longueurs. Non pas que le scénario ne vaille rien : les twists sont présents, les détails montrés durant les interludes sont plaisants et l’auteur du manga original semble savoir ce qu’il fait avec les différents éléments de son univers (hormis la fin... pas d’happy end bête et méchant plz). Le fait qu’il soit visiblement allergique au fan-service est un plus assez rare pour être souligné. Il ne reste qu’à espérer qu’il ne tombe pas dans les travers habituels en rallongeant inutilement la série, et que les différents mystères soulevés tout le long des épisodes soient résolus de manière satisfaisante. Bon c’est sûr que c’est pas gagné.
Shingeki no Kyojin pourrait vraiment s’améliorer au niveau du développement de ses personnages et de son rythme. Cependant, malgré une hype qui a de quoi attirer l’antipathie, il faut avouer que la première saison (et ses OVA) n’ont pas déçu ceux qui y ont crû, en plus de convaincre une bonne partie de ceux restés dans la méfiance, et ça ce n’est pas rien.
Et puis Attack on India = best op 2013.