L'Attaque des Titans 3 : Partie 1, diffusée sur NHK en 2018, c’est comme si la série avait décidé de remixer le concept de "problèmes de voisinage" en y ajoutant des murs de 50 mètres, des secrets d’État, et des trahisons qui feraient passer les réunions de famille pour des pique-niques sereins. Dans cette saison, la saga passe la vitesse supérieure : moins de titans géants qui mâchouillent des bâtiments comme des crackers, et plus de complots politiques, de révélations inattendues et de crises existentielles qui pourraient rendre jaloux même Sartre.
L’intrigue s’épaissit tel un ragoût mijoté depuis des jours : l’accent est mis sur la lutte interne, la corruption au sein du gouvernement et l’idée très stimulante que, parfois, le véritable ennemi n’est pas un colosse aux dents pointues, mais les dirigeants avec des sourires faussement rassurants. Les héros que l’on a appris à aimer – ou à tolérer, selon votre affinité avec Eren et ses accès de colère – sont désormais engagés dans une bataille qui les force à repenser leur mission et leur propre identité.
Eren Jaeger, notre héros en quête perpétuelle de vengeance, troque ses cris de guerre pour des moments de silence (rare, mais notable) où il réfléchit à des concepts comme le destin et la liberté. Mikasa, fidèle à elle-même, continue de jouer les bodyguards silencieux avec des coups d’épée qui tranchent autant l’air que les dilemmes moraux. Quant à Armin, il prouve que le cerveau est parfois plus puissant que les muscles, même quand ceux-ci appartiennent à des géants capables de détruire des villes entières.
Cette partie de la saison met aussi en avant Historia Reiss, la princesse aux secrets bien cachés, et Levi Ackerman, l’homme dont le regard pourrait geler un volcan en éruption. Levi brille dans cette saison avec un arc narratif qui l’oblige à se confronter à son passé tout en découpant ses ennemis avec une grâce que seul lui pourrait qualifier de routine.
L’action, bien qu’un peu moins omniprésente que dans les saisons précédentes, n’a rien perdu de sa superbe. Les batailles sont toujours aussi spectaculaires, avec des séquences où les héros tourbillonnent au bout de leurs câbles de manœuvre tridimensionnelle comme des araignées sous stéroïdes. Chaque duel est orchestré avec la même intensité dramatique qu’un opéra dont le chef d’orchestre aurait un penchant pour les effets spéciaux.
Visuellement, c’est un festin d’animation. Les plans sont détaillés, les expressions faciales pourraient à elles seules lancer des memes viraux, et les paysages dévastés ont cette beauté tragique qui nous rappelle que, même dans la destruction, il y a de la poésie. Les scènes de complots et de débats stratégiques apportent une ambiance sombre et tendue qui fait ressortir le meilleur des dialogues (et des monologues dramatiques, merci Eren).
La musique, composée par l’indétrônable Hiroyuki Sawano, transforme chaque moment en apothéose émotionnelle. Les envolées orchestrales, parfois accompagnées de chœurs, donnent l’impression que même un simple lever de sourcil est la chose la plus importante au monde.
Cependant, pour ceux qui étaient venus juste pour voir des titans se battre, la première partie de la saison 3 peut sembler un peu plus cérébrale que prévue. L’accent sur la politique, la manipulation et les alliances fragiles peut en dérouter certains. Mais pour les amateurs de récits complexes où la ligne entre le bien et le mal se dissout comme une glace en été, c’est un régal.
En résumé, L'Attaque des Titans 3 : Partie 1 est la saison où l’on comprend que survivre à un titan, c’est facile comparé à déjouer les complots humains. C’est une plongée dans les profondeurs de l’âme humaine, là où la soif de pouvoir et la recherche de vérité se heurtent de plein fouet. Une série qui prouve que parfois, les vraies batailles se jouent dans les ombres, et que le pire monstre de tous, c’est peut-être le reflet dans le miroir.