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Complété avec la saison 3

La série de livres éponyme de Julia Quinn fait partie de ce qu'il se fait de mieux dans le genre ces dernières années. (Le premier tome date tout de même de 2000). C'est plutôt bien écrit, il y a de l'esprit, de l'humour et les héros et héroïnes ne donnent pas envie à la lectrice (public cible de ce type de romans dits "à l'eau de rose") de tuer ceux-ci de manière sadique. Encore faut-il aimer ce type de littérature, ce qui est mon cas à petite dose.

Il s'agit donc dans la saison 1 de l'adaptation du premier tome de cette saga, adaptation très moyenne mais qui a du charme.

Daphné Bridgerton, jeune fille du ton londonien ayant atteint 18 ans, est présentée comme il se doit à la cour et doit trouver un époux le plus vite possible sous peine d'être une laissée pour compte et qui pourrait devenir à la longue, une vieille fille, statut inacceptable bien évidemment.
Après un début fulgurant grâce au prestige de sa famille et à sa beauté, elle tombe un peu aux oubliettes jusqu'à ce que le tout nouveau Duc de Hasting (au passé lourd et sombre, c'est évident) lui propose d'unir leurs forces : ils prétendront se faire la cour pour la rendre, elle, plus désirable aux yeux des autres hommes et, lui, indisponible aux yeux des mères chasseuses de duc célibataire.

C'est un prémisse très classique bien mené avec des personnages principaux plutôt attachants et des personnages secondaires intéressants et vivants, en particulier la famille Bridgerton au grand complet.
Ce qui fait le sel de la série c'est, comme pour les livres, Lady Whistledown, copieusement comparée à Gossip Girl de part tout le web et avec une certaine raison je dois l'admettre (la sortie des livres était presque concomitante).
Les interventions de la chroniqueuse à la langue acérée (et avec la voix classieuse de l'immense Julie Andrews) sont savoureuses et ponctuent avec régularité les évènements de la série.

Sans casser 3 pattes à un canard, la série suit son bonhomme de chemin balisé avec des jolis décors, de jolis costumes (quand on regarde de loin), une distribution qui va de correcte (pour les jeunes gens) à excellente (pour les plus âgés). C'est un divertissement correct malgré ses petits coups de mou et son manque de piquant (quelques scènes un peu salées ne font pas le piquant d'une série à mon avis).
J'ai noté 2 ou 3 erreurs un peu grossières (qui n'ont rien à voir avec la tentative de faire des personnages des personnes modernes, c'est un autre problème) comme le fait que les débutantes soient présentées à la Cour avec 3 plumes blanches sur la tête, signe de respect envers le Prince de Galles, alors Régent, alors qu'elle sont présentées à la Reine Charlotte, elle même dans une tenue dont le style a 30 ans de retard.
C'est une manie d'habiller les personne de plus de 40 ans dans une mode démodée pour leur donner l'air vieux! A l'époque, une femme de plus de 40 ans portait des vêtements à la mode, surtout si elle avait les moyens de se les payer!
J'ai personnellement vu une robe de la Reine Charlotte en exposition à Kew et elle est de style Empire!
Les jeunes filles ne portent pas de bonnets pour sortir, les couleurs et les matières sont totalement anachroniques, mais ce n'est pas bien grave pour cette dernière entorse. Ce qui est grave c'est de nous refourguer encore une fois la scène du corset comme instrument de torture. La personne en question n'a aucune raison de se serrer la taille de cette façon, la mode ne marque pas la taille! Les femmes ne portaient pas de corsets baleinés à l'époque mais des sortes de gaines souples qui servaient à maintenir la poitrine avec l'occasionnelle petite planche de bois sur le devant pour la posture! Cela n'a pas de sens!
Certains costumes manquent de finition également et j'ai repéré quelques fermetures éclair. Ca craint!

L'éléphant dans la pièce est bien sûr la mixité du casting qui est, au début, sans conséquence mais qui, lorsqu'elle est admise à haute voix, perd le spectateur, en tout cas moi. Le château de carte s'écroule en une toute petite scène banale et insérées à la va-vite.
En effet, si mon cœur aime le romantisme, le glamour, l'humour et les torses avantageux, mon cerveau a du mal avec les incohérences et l'historiquement pas crédible. Néanmoins, je suis habituée aux castings mixtes qui ne me posent pas de souci lorsque ceux-ci sont pris comme allant de soi.
Je m'explique. Un acteur est un acteur et il doit pouvoir tout jouer. C'est un bon acteur qui convient au rôle, qu'importe sa couleur de peau. Je marque néanmoins la limite aux personnages historiques. L'exemple récent étant une série sur la vie d'Anne Boleyn où l'actrice principale interprétant la reine d'Angleterre décapitée est afro-américaine. Je dis non.
Nous avons ici la Reine Charlotte épouse du Roi George III qui a certes déjà soulevé des questions sur ses origines ethniques. Néanmoins c'est un état de fait qui n'a jamais été discuté à l'époque et certainement pas admis. C'est une personne réelle, j'ai un problème. Ce n'est cependant pas un biopic, alors passons. Mais pas si cet état de fait est admis, reconnu et transformé en point de scénario! Un point de scénario sous-traité en plus, à peine a-t-il droit à quelques allusions. La série n'assume même pas son choix.
Nous avons donc ici une société devenue mixte suite au mariage du Roi George avec la Princesse Charlotte de Meckelmbourg-Strelitz et ce en l'espace d'une quarantaine d'année.
Pourquoi? Pourquoi mettre en avant la différence ethnique des protagonistes?
Pourquoi vouloir ré-écrire l'histoire de cette manière?
Je me suis donc retrouvée devant une série qui essaient de faire croire que le clivage ethnique est un phénomène moderne.
Alors certes, c'est une série légère, de fiction qui ne cherche pas à être éducative ou informative mais c'est, je pense, dangereux de ré-écrire l'Histoire de cette façon, même dans des séries sans conséquences comme celle ci.
En effet, quand cette image de concorde et de mixité véhiculée au plus grand nombre aura laissé sa marque, qu'en sera-t-il du combat de Martin Luther King, par exemple? Quelle sera la portée de l'enseignement de sa vie si on montre aux gens qu'en 1815, la haute société britannique embrassait la mixité?
Ma suspension de crédulité accepte n'importe quel acteur pour n'importe quel rôle (moins l'exception cité plus haut) mais elle n'accepte pas les uchronies mal foutues qui ne s'annoncent pas comme telles.
Je ne compte plus le nombre de personnes, pas plus bêtes que d'autres, qui m'ont demandé si c'était effectivement comme ça à l'époque!

J'ai eu du mal avec cet aspect de la série mais cela ne m'a pas empêchée de la regarder jusqu'au bout, consciente que j'étais du grand n'importe quoi qui m'était fourni en tant que contexte.

Pour conclure sur ces Bridgerton, je dirais que cela se laisse voir et qu'il ne faut surtout pas laisser son cerveau au vestiaire contrairement à ce que l'on pourrait penser pour ce genre de série. Non pas pour éviter le plaisir de s'enfoncer dans la guimauve du romantisme mais pour ne pas se laisser anesthésier par le monde idéal à rebours que l'on essaie de nous vendre.

En guise de post scriptum, je tiens a préciser avec force que ceci n'est pas "du Jane Austen". Je lis et je relis partout cette comparaison et ça m'énerve.
Ce n'est pas parce que cela se passe à la même époque qu'il y a un rapport entre les récits ironiques et critiques sur les schémas sociaux de son époque, certes avec des composantes romantiques, racontées par Austen dans une langue qui dépasse de loin le niveau secondaire et un roman léger sur un Duc bègue qui tombe amoureux malgré lui d'une belle jeune fille de sa caste, écrit dans un style alerte mais assez primaire en terme de grammaire. Ce n'est pas parce qu'Elizabeth Bennet porte des tenues à taille empire et Daphné Bridgerton aussi que c'est la même chose. Vous me direz, si la plupart des versions modernes des livres Jane Austen n'en faisaient pas de banales comédies romantiques saupoudrées d'un féminisme de mauvais aloi, on verrait tout de suite la différence. Mais je digresse.
Ne mettons pas l'un des plus grands auteurs de la littérature anglaise dans le même panier que des romans de gare (je dis ça avec toute l'affection que je peux avoir pour les romans de gare, qui est importante vu leur nombre dans ma bibliothèque).

Mise à jour sur la saison 2 :

Cette seconde saison est de meilleure facture que la première. En tout, elle m'a moins énervée. Il y a toujours des erreurs, exagérations flagrantes et des anachronismes malvenus mais la production a très clairement vu son budget augmenté. Les décors sont plus variés, plus souvent en extérieurs, les costumes aussi sont de bien meilleure qualité et bien mieux coupés (les tissus par contre, c'est toujours pas ça!)
Quant à l'intrigue, j'avoue que l'histoire d'Anthony et Kate n'a jamais été ma préférée tant ces 2 là me gonflent. Cependant, les 2 interprètes ont beaucoup de charme et arrivent à tenir le très très slow-burn de cette histoire. Les changements par rapports au roman d'origine sont cependant mal foutus mais compréhensibles. En effet, si on peut reprendre certains ressorts relationnel d'un livre à l'autre, c'est plus gênant dans une série. Se faire surprendre dans un jardin, ça va bien 5 minutes.

Le reste du casting est toujours à l'avenant et de bonne qualité. L'absence du Duc due à la légère grosse tête de Rege-Jean Page est tout de même flagrante et pose plus d'un problème de cohérence mais il est peu impliqué dans l'histoire principale. C'est ennuyeux mais pas rédhibitoire.

Au final, une saison plus agréable mais moins intense.


Mise à jour Saison 3 :

Cette saison est la plus décevante de toute.

Elle est toujours distrayante et je l'ai regardée sans réel déplaisir mais pas sans douleur.

En effet, d'une part, on s'éloigne toujours plus des romans et c'est pour moi un tort. S'il ont eu autant de succès dans leur genre ce n'est pas sans raison et d'autre part, j'ai le sentiment que tout part en vrille.

Les personnages sont très maltraités dans cette saison 3, notamment Colin qui prend à lui tout seul les baffes destinées au patriarcat (et ne confondons pas, c'est une époque où c'est une réalité mais le sujet pourrait être abordé de façon plus subtile - je sais j'en demande beaucoup trop à Netflix et Shondaland). Benedict sert de fournisseur de chaleur, dirons nous, et Francesca est tirée dans tous les sens. John Kilmartin est celui qui s'en sort le moins bien, tout son arc étant réduit à néant pas l'arrivée de sa "cousine".

En effet, nous assistons ici, contrairement aux romans, au premier mariage de Francesca. Son mari, destiné à mourir très bientôt, est un homme charmant et un peu étrange mais il gagne la sympathie du spectateur au fil de la saison. Francesca, tranchant avec les autres Bridgerton, peut paraitre fade au premier abord mais elle change un peu le rythme des choses.

Mais au final, tout est remis en question et même nié. Leur amour doux et silencieux? Oublions ces qualités puisqu'elle aura le coup de foudre pour Michaela! Sans oublier son manque d'enthousiasme face au baiser de son mari lors du mariage.

Et c'est totalement inverser l'histoire de Francesca que de faire ça. Je ne parle pas bien sûr du changement de sexe de son futur intérêt amoureux (même si je pourrais y trouver à redire tant la thématique de l'histoire de Francesca est liée à la maternité et à sa difficulté à faire un enfant qui disparait de facto avec un(e) partenaire de vie qui ne peut de toute façon pas lui donner un enfant).

L'intrigue est diluée entre 2 couples principaux, Lady Wistledown prend des proportions inégalées, la fin est idiote et invraisemblable, les costumes, déjà limites, partent en vrille complet!

Bref, le changement de showrunner n'est pas à l'avantage de la série. On sentait du soin dans les 2 premières saisons malgré quelques dérapages, c'était agréable. Cette saison 3 n'a plus de mesure et piétine allègrement ses personnages, son époque (encore plus, je veux dire), ses codes et le fait encore plus maladroitement.

A vouloir mettre les personnages féminins en avant, ce qui n'est pas, je le répète PAS, une mauvaise chose, surtout dans un show plutôt destiné aux femmes, on se retrouve avec des dérapages, des incohérence et des 180° qui font mal.

Lady Featherington, odieuse, totalement à côté de la plaque en ce qui concerne sa fille cadette virevolte tant entre compréhension et incompréhension que cela en donne le tournis, tout ça pour arranger sa relation avec Penelope coûte que coûte. Le pire exemple étant Cressida que la saison s'escrime à rendre humaine et qui est obligé de la faire retomber dans ses travers de garce pour maintenir l'intrigue qui pour le coup reste adossée au livre.

Et puis les scénariste ne savent pas se débarrasser des poids morts comme les Mondrich qui ne servent à rien et dont on se fout copieusement. Ces personnages tertiaires en saison 1 sont désormais des personnages principaux? Pourquoi?

C'est mal foutu, mal pensé et ça m'a énervé plus que d'habitude.

La saison 4 qui se fait attendre jusqu'en 2026 sera un test en ce qui me concerne et j'espère que la prod va redresser la barre.

Laissez moi voir de la bouillie romantique avec des jolies tenues pastelles sans m'obliger à remarquer les erreurs crasses, les discours politiques et les trous scénaristiques. Je veux de beaux messieurs en redingote et de jolies dames en bonnets de dentelles moi! Pas des perruches en lamé en 1824 !


Créée

le 18 janv. 2021

Modifiée

le 29 oct. 2024

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Anilegna

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