"Drive my Car!"
Saison 1 :Il était plus que prévisible que Netflix finisse par être jaloux de l’un des rares succès populaires (aux US, hein, qu’on s’entende bien) de sa concurrence Prime Video, Bosch, une série par...
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le 13 août 2023
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Saison 1 :
Il était plus que prévisible que Netflix finisse par être jaloux de l’un des rares succès populaires (aux US, hein, qu’on s’entende bien) de sa concurrence Prime Video, Bosch, une série par ailleurs excellente. Les génies aux commandes de Netflix ont donc décidé de faire un pur copié-collé de Bosch, pour prendre le moins de risques possibles, ce qui s’explique vu les difficultés « financières » de la plateforme dont tout le monde cause. The Lincoln Lawyer (dont le scénario n’a pas grand-chose à voir avec le film éponyme, remarquable, de 2011 avec le brillantissime Matthew McConaughey) applique donc à un autre personnage emblématique de l’écrivain US à succès, Michael Connelly, le même traitement et les mêmes recettes. Et le pire, c’est que, malgré l’hostilité que pouvait susciter a priori un projet aussi peu courageux, le résultat est très satisfaisant !
Bon, on vous explique : Mickey Haller est un brillant avocat de la défense, qui a la particularité d’employer des méthodes créatives mais peu orthodoxes pour défendre ses clients, et qui travaille non pas dans un bureau comme le commun des avocats, mais dans sa Lincoln, grosse bagnole un peu ringarde. Comme dans Bosch, l’équipe de scénaristes du rusé David E . Kelley (Goliath, une bonne référence de la série « de procès », The Undoing, Mr. Mercedes, Big Little Lies, etc.) a tiré de divers livres de Connelly plusieurs enquêtes et plusieurs procès de Haller pour construire un millefeuille improbable d’intrigues qui s’entremêlent, entre lesquelles Haller court à perdre haleine, et qui vont finir plus ou moins par se résoudre dans un dernier épisode… tout en laissant assez de points irrésolus pour qu’une seconde saison s’impose logiquement (et il semble bien que la seconde saison soit d’ores et déjà signée…). Rajoutons par-dessus les thèmes policiers et judiciaires les habituels imbroglios familiaux (ici, une ex- dont on est toujours amoureux), et on a une accumulation quasi-ridicule de stéréotypes de la série TV populaire contemporaine.
En faisant habiter à leur personnage à peu près la même baraque perchée au-dessus de L.A. que Bosch, les scénaristes de The Lincoln Lawyer nous ont certainement fait un joli clin d’œil, mais leur meilleure idée est de transformer Haller en fils d’immigrée mexicaine : d’ailleurs Manuel Garcia-Rulfo, qui l’interprète sans génie mais de manière adéquate, est d’origine mexicaine. Quelque part, on se dit qu’il est grand temps que les fictions californiennes acceptent pleinement la richesse du métissage culturel de la région, et on espère que les prochaines saisons accentueront ce côté latino encore un peu léger. L’autre « truc » de cette première saison, c’est de faire de Haller un ex-addict aux opiacés (à la suite d’un accident de surf), et donc de l’inscrire aussi dans la réalité sociale et politique US actuelle : cette bonne idée permet en outre d’établir les bases d’une relation intéressante entre lui et sa « chauffeuse », elle aussi ex-addict, et leurs dialogues récurrents dans la voiture permettent d’approfondir de manière naturelle le personnage et les astuces professionnelles de Haller. Tout cela fonctionne assez impeccablement, et renforce encore les intrigues policières solides, typiques de Connelly.
Bref, si l’on peut objecter quand même que la grande révélation du dernier épisode frôle l’invraisemblance disqualifiante, et que la mise en scène est beaucoup plus télévisuelle que cinématographique, on sort de ces 10 épisodes parfaitement réjouis. Et même pas honteux de l’être.
[Critique écrite en 2022]
https://www.benzinemag.net/2022/06/20/netflix-la-defense-lincoln-drive-my-car/
Saison 2 :
Au moment de parler de cette seconde saison de la Défense Lincoln, la « série Connelly » de chez Netflix (par opposition à celle de chez Prime Video, Bosch), qui nous a fait passer un bon moment en ce début août, on se sent pris au dépourvu : car que pourrait-on ajouter, ou même simplement changer par rapport à ce que l’on avait écrit il y a un an, lorsque la série avait fait son apparition ? Pas grand-chose, et suivant le point de vue de chacun, ce sera une bonne chose (car la première saison était réussie…) ou une déception (car si on ronronne doucement, déjà, à partir de la seconde saison, où va-t-on ?…).
Dans ces dix nouveaux épisodes – diffusés en deux volées de cinq, à un mois d’intervalle, ce qui permet une sorte de demi-bingewatching -, on assiste à une sorte de répétition, sans trop d’imagination mais pas honteuse non plus, des dix premiers : après s’être débarrassé, dans le premier épisode, et en deux coups de cuillères à pot, du serial killer qui le menaçait à la fin de la première saison (oui, on spoile, ce qui n’est pas notre habitude, mais on sent très bien que le cliffhanger de la fin de la première saison n’était qu’un truc pour nous accrocher, tant les scénaristes se débarrassent, quant à eux, rapidement, de ce « rebus de fiction »), Mickey Haller tombe sous le charme d’une jolie business woman / chef étoilée, qui se trouve très vite être mise en examen pour un crime qu’elle n’aurait – évidemment – pas commis. Les neuf épisodes qui suivent nous raconteront donc l’enquête menée par Mickey et sa sympathique équipe, puis le procès qui devra permettre d’innocenter la belle.
Comme dans quatre-vingt-dix-neuf pour cent des séries TV, on suivra en parallèle l’évolution de la situation professionnelle, familiale, amoureuse et / ou conjugale de nos différents protagonistes, et celle de « l’affaire ». On remarquera que, par rapport à Bosch, qui reste la référence évidente, les scénaristes évitent cette fois de greffer d’autres enquêtes ou d’autres procès sur le corps central de la fiction : cela confère à la Défense Lincoln une simplicité certes reposante (parfaite pour la saison estivale), mais qui prive la série de cette sensation enivrante de tension et de chaos caractéristique de l’univers de Michael Connelly. Ce qui différencie cette saison de la première, c’est que les cinq derniers épisodes se déroulent quasiment exclusivement dans l’enceinte de la salle de procès, la série abandonnant largement son atmosphère de thriller pour se concentrer sur les joutes verbales et les jeux des deux avocats qui s’affrontent : certains pourront trouver ça ennuyeux, mais on parie que le « cinéma de procès », genre qui a donné naissance à quelques vrais chefs d’œuvre (Autopsie d’un meurtre de Preminger en tête), a toujours de nombreux adeptes.
Si la révélation finale n’est pas sensationnelle, et a tendance à répéter celle de la première saison, il n’y a rien de honteux dans ces dix épisodes qui risque de nous faire abandonner Mickey Haller. On aurait simplement aimé plus d’originalité et d’énergie.
[Critique écrite en 2023]
https://www.benzinemag.net/2023/08/13/netflix-la-defense-lincoln-saison-2-mickey-a-la-barre/
« Justice Hurts » (la justice, ça fait mal !), nous prévient l’affiche de la troisième saison de la série Netflix adaptée des livres de Michael Connelly sur le demi-frère de Bosch, l’avocat de la défense Mickey Haller. Et il est clair qu’il y a, chez les scénaristes de la Défense Lincoln, une volonté d’inflexion de la trajectoire de Halley (Manuel Garcia-Rulfo, finalement bien trop sympathique et charmant par rapport au personnage initialement créé par Connelly…), en s’éloignant des manipulations réjouissantes qui caractérisaient ce brillant avocat, pas très à cheval sur les règles ni la morale : il s’agit cette fois d’injecter plus de sentiments, plus d’éthique aussi dans le cas qu’il défend, celui tournant autour de la mort violente de Glory Days, une prostituée, dont il se sent responsable du fait de la manière dont il l’a utilisée au cours d’une précédente affaire. La saison ne se conclut pas avec une réflexion sur « les dieux de la culpabilité » pour rien…
Ce n’est pas forcément une mauvaise idée, et ce d’autant que Connelly a lui-même récemment pris une direction similaire dans ses livres, mais il est difficile de ne pas trouver ça un peu trop larmoyant, un peu trop gentil. Pire, la majorité des 10 épisodes ronronnent un peu : non pas que l’on s’ennuie, non, mais ne peut pas dire non plus que la série nous tienne désormais sur le rebord de notre fauteuil !
Comme dans les saisons précédentes, Halley a des problèmes avec sa fille (bâillements…), et a remplacé sa première ex-épouse, Maggie McPherson (Nieve Campbell, qu’on verra donc très peu cette fois-ci) par un nouvel objet d’affection, la spectaculaire Andrea Freeman (Yaya DaCosta, qui crève littéralement l’écran) : cela ne veut pas dire que ça soit plus facile, pour autant. Très sincèrement, on a beaucoup de mal à se passionner pour les problèmes de couple et de paternité de Mickey Haller, et ce serait bien que les scénaristes s’en aperçoivent !
Il n’y a finalement que deux épisodes tétanisants cette fois – le cinquième (What Happens in Victorville), et surtout le dernier (The Gods of Guilt), avec un remarquable numéro d’acteur de Holt McCallany – que l’on avait vu et admiré dans Iron Claw de Sean Durkin : ce que nous offre McCallany pendant son audition face à Mickey Haller est d’une finesse et d’une émotion rares, et rattrape bien des banalités que la série nous a infligées jusque là.
On pourra par contre regretter qu’il n’y ait pas de surprise dans la conclusion de l’enquête – comme « dans la vie », le coupable probable l’est bien ! -, et, alors qu’on se dirige vers un maxi-happy end qui permettrait de bien terminer la série, une dernirèe scène nous promet une quatrième saison, qui n’était pas réellement nécessaire !
[Critique écrite en 2024]
https://www.senscritique.com/serie/la_defense_lincoln/critique/271448458/edit
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Créée
le 13 août 2023
Modifiée
il y a 4 jours
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