Soledad, c'est le pont improbable entre deux univers antagonistes : une petite famille paisible et aimante d'Espagne et le plus puissant cartel de Colombie, où tueries, trafics de drogue et prostitution sont légions.
Alors qu'elle se balade sur une plage peu fréquentée, la jeune fille est enlevée par un malfrat, suite à une faute d'inattention du père. On suit alors le récit de cet homme, déboussolé et effondré, prêt à tout pour remonter la trace de sa fille, quitte à se faire incarcérer dans la prison la plus dangereuse du pays pour obtenir des informations de la part de son ravisseur.
La série est plutôt bien tournée, puisque chaque épisode se découpe en une trame principale faisant avancer le scénario et une trame secondaire, relatant le passé sombre et parfois ambigü de certains personnages. Par un hasard assez improbable, ils sont tous liés à un moment où à un autre de leur passé, et chacun complète un morceau d'une fresque qui se joue entre l'Espagne et la Colombie. Mais à vouloir trop créer des liaisons, les scénaristes ont peut-être joué de subterfuges que le téléspectateur peine à croire.
On notera :
- la liaison effectuée entre Quitombo et le personnage principal, par le biais d'une avocate corrompue dont le cœur est tiraillé entre le Patron du cartel, le barbu du PMU rencontré sur les bancs de la Cour, et ses enfants, délaissés et abandonnés.
- la liaison effectuée entre Milena et la mère adoptive, par le biais de Soledad, qui de jeune fille innocente s'est transformée en jeune femme aux tenues provocantes et aguicheuses, revendiquant avec audace son droit à l'Amour et au libre-arbitre, et qui s'est vite accoutumée au milieu du Cartel et du danger, mais accepte de revenir à une vie civile sereine.
- Enfin, la Palme d'Or revient à Cruz, qui arrive à réunir sur le banc de la Prison, une tueuse émérite, la Patronne du Cartel, la petite Soledad qui s'éprend d'un Père qu'elle n'a jamais connu, au passé sombre et lugubre, et la mère adoptive, qui sourit béatement aux retrouvailles de sa fille chérie et d'un borgne tatoué jusqu'au crâne.
Dans tout ça, notre Père de famille, qui a sacrifié toute sa vie et toute sa carrière pour retrouver sa fille, va finir sa vie à croupir dans les geôles espagnoles. C'est le lourd tribut qu'il devra payer pour avoir fait preuve d'inattention lors de la garde de la fillette. Fillette qui coulera des jours heureux auprès d'un autre Père et de deux mères qui ne peuvent se résigner à l'abandonner.
En conclusion, "La Disparition de Soledad" est une série sympathique, au moins sur sa première moitié. Elle met relativement bien en valeur le pouvoir de l'argent sale sur les institutions carcérales et judiciaires, en plus des sacrifices qu'une famille peut faire pour retrouver son enfant tant aimé. Puis elle s'étire en longueur, et certains rebondissements tombent à plat. Les relations entre certains personnages sont capillotractées, et l'adoucissement soudain de certains personnages en fin de série, qui passent du sommet d'un Cartel puissant (côtoyant les cadavres et les tueries sanguinaires) à un cocon douillet et édulcoré, paraît peu crédible. On peut également reprocher le sort réservé au personnage central qui aurait pour le coup dû s'appeler "Soledad".