La Dynastie des Forsyte est un feuilleton (on disait feuilleton à l'époque et non "série") télévisé britannique, produit par la BBC, qui a été diffusé en 1970 sur la première chaine de l’ORTF à raison de 8 épisodes de 100 minutes. On pourra regretter, peut être, que l'ORTF n'ait offert qu'une version réduite de cette immense saga, la version anglaise comptant 26 épisodes de 50 minutes.
Il s’agit de l’adaptation du roman éponyme de John Galsworthy (Prix Nobel de Littérature en 1932), une "saga" qui s’étale sur trois générations. Nous avons droit à une galerie de personnages typiques de la bourgeoisie victorienne, aux tempéraments parfois aux antipodes entre individus conservateurs, rigides, et ceux, plus artistes, qui sont considérés plutôt comme à éviter.
Tous les acteurs sont remarquables, à commencer par Eric Porter qui offre une composition aussi intense qu’ époustouflante dans le rôle de Soames Forsyte. Un rôle qui lui permettra, d’ailleurs, d’acquérir une célébrité internationale.
Susan Hampshire, que j’avais adorée déjà en1965 dans le film "Paris au mois d'août" de Pierre Granier-Deferre (dont elle sera l'épouse) interprète ”Fleur”, la fille de Soames, un personnage délicieusement attachant qui va peu à peu parvenir à ”humaniser” son père.
Tout dans ce feuilleton est d’un grand raffinement. Il n’y a rien à redire, tant au niveau des décors que des costumes. Elle fait partie de ces élégantes productions de la BBC qu'on peut comparer avec Downton Abbey.
Il est à noter que ce feuilleton abordait, entre autres, ce qui n’avait jamais, jusqu’à lors, été montré à la télévision, à savoir le viol entre époux. Bon nombre de téléspectateurs furent tellement choqués que le feuilleton pris des allures de phénomène de société puisque, après la diffusion, le sujet a même été débattu devant le Parlement Anglais.
La Dynastie des Forsyte fait partie de ces réalisations britanniques, devenues aujourd'hui des "classiques", que je mets au dessus du panier.
Pour l'anecdote : cette oeuvre de prestige, produite par la BBC, a passionné les téléspectateurs français comme elle avait d'ailleurs triomphé dans le monde entier, du Japon à l'URSS d'alors. En URSS cependant, chaque épisode était précédé d'un long exposé d'un professeur de littérature anglaise qui expliquait en quoi le feuilleton était représentatif de l'incontestable décadence d'une société bourgeoise.