Saison 1
Le projet mettait l’eau à la bouche : une coproduction Canal / Fox pour adapter dans un contexte moderne l’une des œuvres phares de H. G. Wells… Bon, bah ça aura été un échec. Certes, sur cette première saison, on peut parler de demi-échec, mais lorsqu’on voit à quel point celle-ci décline passait les deux premiers épisodes, à quel point elle se plante en beauté sur la fin, à quel point elle part en délire dans son dernier épisode, on peut parler d’échec. Car clairement, je n’ai aucun intérêt à la poursuivre.
La série s’éloigne un peu du roman de H. G. Wells en mettant de côté le côté spectaculaire de l’attaque à proprement parler, utilisant un subterfuge intéressant au début puis décidant de faire appel à des drones sortis tout droit d’un des épisodes de Black Miror en lieu et place des tripodes si emblématiques. Toutefois, ça va très vite s’enliser, entre plusieurs arcs narratifs qui n’avancent pour ainsi dire pratiquement pas. Oui, il y a l’aspect « survival », mais la menace devient très vite redondante et peu effrayant. Si dans le deuxième quart de la saison, ça fonctionne plutôt bien, la tension se crée, ça s’essouffle presque aussi vite avec des personnages bateaux qui tournent en rond ou n’avancent pas vraiment avant d’arriver péniblement au final qui ne fera que poser des bases pour une suite qui part dans une direction complètement différentes.
À ce stade, on se demande pourquoi vouloir adapter alors l’œuvre de Wells, dans le sens où il n’a pas le monopole de l’invasion extraterrestre, ni même les droits sur le concept. Les choix scénaristiques pris sont intéressants aux débuts mais virent très vite au plagiat paresseux et à une saison qui ne sait pas trop où elle veut y aller, ni celle a envie d’y aller. Tout comme si les scénaristes s’étaient concentrés sur la première moitié puis complètement délaissés la suite, se contentant juste d’y passer rapidement parce qu’on a commandé 8 épisodes et qu’il faut ouvrir pour une seconde saison.
Sauf qu’aucune des bases posées n’inspirent, le fil conducteur de la saison se délite et on se retrouve à regarder des personnages errer à l’écran pendant des micro-scènes de 30 secondes, limite pour remplir un quota (on en parle de la romance entre Durand et Mokhrani ? genre le truc le plus inutilement cliché au monde, ou l’absence totale de sentiments et de build-up mais, hé ! faut qu’ils finissent ensembles parce que… voilà). La saison ne développe pas sa mythologie, perd son concept, perd son public, et s’enlise jusqu’à une révélation finale qui n’a absolument aucun sens vis-à-vis de l’œuvre originale (d’où ma question de pourquoi ne pas partir directement sur un truc original tant qu’à faire ?).
Le casting est plus que mitigé. Léa Drucker sera sans doute l’illustration même de la série, dans l’idée où on se dit « OK, y’a peut-être quelque chose » avant de réaliser qu’il n’y que néant intersidéral. Heureusement qu’Adel Bencherif rattrape un peu le coup dans leur arc narratif (ainsi que les rôles secondaires) parce que sinon, ça aurait été pitoyable (le pire, c’est que c’est leur arc le plus intéressant !). Le casting anglo-saxon s’en tire mieux, même si ce n’est pas flamboyant, au moins ça fonctionne. Techniquement… bah c’est assez pauvre en fait. La musique ne m’a pas vraiment marqué, les effets spéciaux sont moyens à corrects selon ce qu’on regarde tout comme la mise en scène. Restera les décors qui sont très chouettes, même si pour une série relatant une fin du monde et un effondrement de notre civilisation, on peut s’étonner des rues de grandes villes complètement vides et l’absence de pourritures après plus d’une semaine (mais bon, c’est plus lié à la crédibilité de la série que les décors eux-mêmes).
Une série de « SF » qui ne parle ni au public de SF ni au public original du livre qu’elle essaye vainement d’adapter en en oubliant tous les messages et ingrédients. Le début était prometteur, mais le crash violent dans la deuxième moitié ne donne pas envie de rester plus longtemps à la suivre. Un échec.