Edgy sans plus
On est une oeuvre dont pendant la production personne n'attendait rien (je dirais même plus : personne ne se souvenait que le cartoon était prévu) et malgré ça Vox Machina a eu son petit...
le 22 mars 2022
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Voilà bien une histoire de conception dont je ne m'attendais absolument pas et dont la prouesse ne peut être que saluée.
La Légende de Vox Machina, série de Fantasy Épique créée par l'équipe derrière Critical Role, une web-série qui se focalise sur la rediffusion de parties de jeu de rôle dans l'univers de Donjons et Dragons entre professionnels de doublage (et, peut-on le penser, amis), et dont la genèse est intéressante puisque, après la première campagne, les joueurs ont décidé - de ce que j'ai pu lire - d'animer cette aventure afin de la diffuser à un plus large public. Une campagne de financement au succès retentissant plus tard, nous obtenons une série de 12 épisodes d'une vingtaine de minute chacun, avec la commande d'une saison 2 déjà dans les caisses, de quoi ravir l'équipe de Critical Role. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le succès a raison d'être au rendez-vous !
Nous suivons les péripéties de la compagnie de Vox Machina, composée d'aventuriers en manque de succès qui se retrouvent embarqués par désespoir d'un souverain dans une chasse aux dragons et aux vampires qui menacent le royaume de celui-ci.
Pas plus de spoil !
Et avant de commencer la critique à proprement parler, au risque de me répéter (même si je ne l'ai pas directement dit), je trouve ça vraiment "incroyable" que des joueurs, après une plaisante campagne peut-on l'imaginer, aient eu envie de l'adapter sur petit écran afin d'en faire profiter tout le monde ; d'autant que l'on sait (les vétérans des jdr ; comme on dit) à quel point des campagnes bien faites peuvent être plus qu'agréables et peuvent laisser d'excellents souvenirs en mémoire. Alors rien que pour cela, je dis "Chapeau les artistes !" et merci pour ce cadeau.
Après... concernant l'histoire, il ne faut donc pas s'attendre à quelque chose d'originale ; dis donc ! Encore ce terme d'originalité ! Certes, d'un point de vue global, on s'amuse bien devant ce divertissement mais la source d'intérêt ne réside pas forcément dans le scénario, du moins dans ces grandes lignes parce que : tuer un dragon, ou des vampires, parce que un roi l'a demandé... Bon, c'est du monstrueusement déjà-vu, surtout quand on sait que les dragons sont les créatures les plus récurrentes des créations de Fantasy. Et surtout, le scénario est inspiré d'une intrigue de jeu de rôle ; à moins que le Maître du jeu soit plus que parfait dans son rôle, on aura le droit à des péripéties en sentier connu. Néanmoins, ce n'est pas parce que le scénario a des "relents" communs que la série ne propose pas des retournements de situation impeccables, bien au contraire : nous sommes agréablement servis avec les diverses "quêtes secondaires" qui viennent s'implanter autour de l'arc principal. Et en parlant d'arc principal, il a de quoi décontenancer ! Si les bande annonces nous vendaient une série dans la lignée d'un Donjon de Naheulbeuk ou d'un Votre Majesté avec son ambiance très Light Fantasy et des tendances plus que parodiques pour le genre de la Fantasy, on peut véritablement ressentir cette direction dans le premier épisode avant de passer, presque sans transitions, sur une atmosphère bien plus sérieuse et tendue pour finir en vraie apothéose. Et de ce fait, le caractère changeant de son ambiance, malgré la présence récurrente tout au long de la série d'éléments humoristiques, sarcastiques et clichés volontaires à l'univers des jdr et de la Fantasy, peut légèrement déstabiliser dans un premier temps, ne sachant pas vraiment comment interpréter ce qui se passe à l'écran en terme de divertissement. Mais on finit par arriver à une aventure aux contours sérieux qui se permet toutefois l'introduction d'un vocabulaire familier, des situations cocasses et des relations hautes en couleur. Une histoire donc plutôt bien ficelée au nombreux rebondissements mais qui propose un dénouement quelque peu brusque.
Et si la série ne brille pas forcément par son histoire (du moins l'originalité de son scénario), c'est bien grâce aux personnages que cette histoire sort du lot ; d'autant que les personnages, leurs relations et évolutions tiennent énormément (si ce n'est exclusivement) aux choix des joueurs devant les événements déroulés par le scénario du Maître du jeu, ce qui apporte quelque chose d'unique que l'on ne retrouve pas forcément dans les autres créations plus "normées", style roman, film... où tout est déjà prévu, réglé...
Nous avons sept protagonistes : deux gnomes, trois demi-elfes, un humain et un goliath ; là aussi, la composition de la compagnie n'est guère originale mais nous sommes dans l'univers de Donjons et Dragons, donc voilà... qui, tous, possèdent une histoire évoquée au long de la série, dont certaines tiennent une place plus importante que d'autre étant donné les enjeux de l'intrigue. Mais tous ont le droit à leur moment sous les projecteurs et ils sont tous délicieux ! Pike, la gnome clerc qui se retrouve en tension avec sa divinité de guérison jusqu'à aller en pèlerinage pour régler ce problème ; Scanlan, le gnome barde assoiffé de richesses, de femmes et toujours prêt à pousser la chansonnette ; les frères et soeurs Vex et Vax qui se haïssent autant qu'ils s'aiment ; Grog, la barbare toujours à la recherche de bastonnade et qui ne comprend pas grand chose à ce qu'on lui dit ; et mes préférés : Keyleth, la druidesse en manque de confiance en soi (au départ, j'ai cru que c'était une "vraie" elfe, non une demi, c'est pour ça que je l'ai adorée) et Percival, l'humain en mode Van Helsing qui possède son lot de surprises. Et tout ce beau monde interagisse entre eux si merveilleusement que chaque moment où ils sont ensemble est un véritable délice. En bref, on ne s'ennuie absolument pas en leur compagnie, même si les moments de "pouvoir de l'amitié" suivant les périodes de rabaissements personnels en mode "J'y arrive pas, j'suis qu'une merde !" peuvent rapidement agacer (je sors de la lecture des tomes de Brent Weeks Le Porteur de Lumière : j'ai autre chose à faire que de m'apitoyer sur le défaitisme volontaire de certains personnages de Fantasy pas capables de mener à bien leur évolution initiatique ; je suis méchant, je sais mais ça m'a frustré !). De ce fait, c'est l'un des meilleurs points de la série, sans compter que les protagonistes secondaires et les antagonistes, bien que moi détaillés, sont du même gabarit. Il n'y a vraiment pas quoi se plaindre.
Côté technique de la chose, pour un projet débuté sur KickStarter, en financement participatif, ça en jette un maximum ! Ce n'est pas du grand art mais ça fait diablement le café : c'est plus que convenable. Le rendu est sympathique bien qu'à certains moments, le mélange 2D-3D (enfin, je ne sais pas si c'est véritablement de la 3D mais ce qui est sûr, c'est que nous ne sommes pas en face du même rendu) surprend ; ce qui est le cas concernant le secret de Percival, vers la fin de la série, mais le tout est assez impressionnant pour pardonner le visuel atypique. La colorimétrie est également sympathique, la fluidité des personnages est agréable, les combats sont bien orchestrés (d'autant que l'on n'hésite pas, malgré le registre de langue plutôt léger, à jouer avec un beau mélange humour noir-macabre "horrifique"), les lieux sont recherchés et assez diversifiés (du moins, autant que ça peut l'être dans un œuvre de Fantasy dite "occidentale" : châteaux de pierre, arbres millénaires...). Dans l'ensemble, il n'y a vraiment pas de quoi se plaindre côté technique de cette production : de la qualité plus que convenable, pour reprendre les termes précédemment utilisés.
Pour les musiques, nous avons également de bons morceaux. Les sons employés pour les génériques (l'introduction est plus que sympathique, notamment avec cette alliance d'épreuves vécues par chaque héros ; tandis que les "outro" réservent une musique différente à chaque fois, toujours teintée de l'ambiance sur laquelle l'histoire nous quitte) sont percutants et certaines mélodies parviennent à rester en tête, d'autant que les morceaux improvisés par notre gnome barde ne sont pas en reste. De ce point de vue là, c'est également un bon point !
La Légende de Vox Machina est une série plus qu'agréable, sympathique au possible et surtout divertissante. Si l'intrigue principale n'est guère la responsable de ces adjectifs mélioratifs puisque déjà vu pour l'univers de la Fantasy, c'est véritablement les personnages et tout ce qui les entoure (relation, révélation, secret...) et les diverses intrigues secondaires qui font de cette série une réussite selon moi. Le caractère mature parvient également à relever le niveau même si, récemment, la série Arcane avait su poser de bonnes bases, sans pour autant entrer dans le gore et la violence gratuite. De ce fait, je ne peux que recommander le visionnage de cette série, en espérant que la saison 2 (que l'on espère focalisée sur la première campagne de jdr, donc avec les mêmes personnages ; si on passe à une prochaine campagne, on change les personnages et ceux de cette série (je n'ai pour le moment pas regardé les rediffusions du jeu de rôle) ont, je le sens, encore tellement a nous apprendre d'eux) soit aussi meilleure que celle que l'on vient de voir.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !
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Créée
le 2 mars 2022
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