Jamais raison et passion ne se seront autant opposées dans la détermination d'une note que pour Young Justice.
Soyons honnête, si je ne devais juger que le fond, la série aurait un 10/10 amplement mérité.
Alors, oui, 10, même si c'est du superhéros. Car à l'instar de Game of Thrones, je trouve que Young Justice est de ces titres qui vous invitent à revoir tous les aprioris que vous pouvez avoir sur un genre. Donc, même si les costumes colorés et les superpouvoirs ne sont pas votre tasse de thé, ne partez pas tout de suite, vous risqueriez de passer à côté d'une belle découverte !
Sur fond d'acolytes qui décident de se regrouper pour s'émanciper de l'aura des adultes, Greg Weisman porte un regard résolument moderne et universel sur le monde des supérhéros DC.
Tout d'abord il y a l'ambiance et le scénario. Exit les méchants qui ne sont méchant que pour servir d'adversaires aux héros. Exit le déroulement où l'on meuble pendant 15 épisodes et où tout s'accélère avant la fin. Ici chaque élément est savamment dosé pour que le public s'attache aux enjeux et aux personnages de manière fluide et naturelle.
A ce titre, héros et antagonistes sont surtout présentés via leurs motivations et leur personnalité. De fait, les personnages ne se définissent plus selon leurs pouvoirs mais vraiment comme des individus "normaux" bien qu'ayant, malgré tout, quelque chose de spécial. Cela pourrait passer pour un détail, mais, in fine, c'est ce qui fait toute la différence entre Young Justice et les autres séries du même genre. Il y a ici quelque chose de profondément vraisemblable qui ne joue pas uniquement sur le plan du fantastique / superhéros.
De plus, pour ne laisser aucune catégorie de public à part, le titre veille à ce que les personnages soient suffisamment diversifiés sans pour autant tomber dans les travers du quota. Ainsi, à l'inverse de la Batwoman de Batman : Bad Blood, les filles de Young Justice ont droit à un véritable développement sans que cela soit ni aguicheur, ni cliché.
Dans un registre un peu similaire, les auteurs veillent à ce que fans et néophytes puissent y trouver chacun leur compte. Aussi, la série est elle parfaitement compréhensible pour quelqu'un qui débute dans cet univers. Quant aux mordus chevronnés, ils auront droit à différents clins d’œils disséminés au travers des épisodes.
Enfin, on sent à travers chaque épisode qu'il y a une vraie volonté de faire honneur à l'intelligence du public. A l'instar des Pixar ou des grands classiques Disney, on retrouve cet aboutissement subtil où l’œuvre de fiction parle à des publics de toutes maturités.
Voilà.
Au cas où ça ne serait pas encore suffisamment explicite, j'adore Young Justice. Elle représente, à mon sens, l'aboutissement ultime en matière de série de superhéros.
Sauf que ... c'était trop beau pour durer ! En dépit d'une réception critique unanimement positive, le titre fut annulé de manière assez brutale. Le motif ? Young Justice ne vendait pas assez de produits dérivés.
Si vous suivez les blogs de certains scénaristes de séries animées, vous savez peut être que les créatifs sont régulièrement incités à renouveler les personnages, leurs équipements ou leurs costumes. Le but étant de justifier la sortie de nouveaux produits dérivés, souvent présentés lors des coupures publicitaires au sein même des épisodes. Young Justice étant trop "adulte" sur ce point, la sanction est tombée de manière aussi tranchante qu'une lame de guillotine.
Aujourd'hui, le fait est que le suspens laissé à l'issu de la saison 2 est tel, que recommander Young Justice c'est promettre à ceux qui vous écoutent un deuil particulièrement douloureux. Voilà pourquoi je ne peux me résoudre à lui accorder la note maximale.
Si, malgré tout, vous cherchez ce qui se fait de mieux en matière de superhéros et d'animation n'allez pas plus loin car votre quête touche à son but. (Dût-il vous laisser un goût amer dans la bouche.)