A l'image de la série coréenne Kingdom, la série française La Révolution s'approprie le concept d'instaurer du fantastique et de l'horreur dans de l'historique. Un pari audacieux pour un public français généralement restreint à ce qu'une création française réinterprète librement un événement historique tel que la révolution française de 1789.
Dans notre pays, les sociétés de productions et les distributeurs donnent très peu de crédit pour les créations de films ou de séries de genre. Culturellement, quelque chose coince avec ça et le public semble se méfier dès qu'une création originale de genre provenant de la France apparaît. L'argument du manque de "réalisme" revient souvent pour qualifier de bonne ou de mauvaise une fiction. Lorsqu'au fil du temps, nous nous autorisons uniquement à créer ou à produire des comédies ou des comédies dramatiques, notre façon de penser peut en pâtir. Nous omettons que le plus important est de créer une histoire crédible avant tout avec des personnages et des intrigues qui nous tiennent en haleine que de savoir si c'est assez "réaliste" ou pas. Ce que nous voulons avant tout c'est de nous plonger dans un univers, un point de vue que l'histoire nous offre, et non de savoir si c'est "réaliste" ou pas.
D'un point de vue photographie, décor, voire mise en scène, La Révolution est étonnante ! Nous sentons bien les moyens derrière offerts par Netflix. Les paysages sont sublimes, c'est travaillé, très soigné, et propre. Même les scènes de combat, alors que j'ai pris l'habitude d'émettre de mauvaises critiques sur ce genre de scènes en France, m'ont convaincues.
Mais pendant les trois premiers épisodes, il manque un intérêt supplémentaire pour vouloir suivre ces personnages. Pourtant, l'effort à garder un certain rythme, grâce à un fond musical moderne et mixé avec du Jean-Sébastien Bach, pratiquement omniprésent dans chaque plan, est plutôt prenant et efficace. Malheureusement, Joseph Guillotin, le personnage principal, ne se résume qu'à son célèbre nom et son rôle de médecin. Il est le personnage principal mais son enjeu se limite dans sa fonction de médecin et le côté intime pour apercevoir ses failles n'est pas suffisamment développé. Cela nous impliquerait davantage dans l'histoire au lieu d'avoir l'impression que ça tourne autour du pot pour planter le décor pendant ces trois épisodes qui durent quand même environs 50 minutes chacun.
A l'épisode 4, en revanche, l'antagonisme commence à se dessiner clairement:
Donatien de Montargis (Julien Frison) est contaminé par le virus appelé "Sang-Bleu" que son père (Laurent Lucas) lui a injecté à la seringue pour qu'il revienne à la vie. Ce virus s'immisce chez les aristocrates qui éprouvent le besoin de dévorer le sang du peuple.
Mais même avec ça, j'ai eu des difficultés à m'y plonger pleinement.
En conclusion:
L'Histoire de la Revolution Française est ultra-simplifiée pour laisser place au fantastique et à l'horrifique mais il semble qu'on a oublié de développer la principale qualité d'une série qu'on aime suivre: ce serait d'oser recréer Joseph Guillotin et les autres personnages avec des failles, des obstacles internes qui feraient des personnages uniques, à part entière, spécialement conçus pour la série. Nous restons hélas trop à distance de ce qu'il se passe, à cause du concept, assez audacieux certes, qui s'appuie beaucoup sur la symbolique et la métaphore, mais prend malheureusement le pas sur l'importance de nous plonger dans une histoire.