Evacuons l'Histoire d'emblée... enfin ça, ça n'est pas moi qui le dit mais les créateurs de ce truc qui semblent avoir pris le parti de se torcher le cul avec leurs vieux cours d'Histoire. Mais parlons d'abord de création artistique, de réalisation, d'écriture, de direction d'acteurs, bref, de tout ce qui fait en théorie la consistance d'une œuvre de cinéma ou d'une série.
Il est entendu depuis un bon moment que Netflix impose un cahier des charges pour garantir ses investissements. On ne peut donc pas totalement imputer aux créateurs (je l'espère) l'irruption de vampires au sang bleu (oh putain, je viens de capter la référence à la noblesse dis-donc, il faut dire que c'est tellement subtil aussi...), ni celle d'un super vilain aussi caricatural qu'un morceau de métal entre guillemets satanique pour geeks confinés volontaires (je vais me faire des amis, là).
Mais on peut tout de même leur imputer un manque certain de talent, non ?
La voix-off qui aligne des poncifs complotisto-fantastico-anarchisants (je vous résume en deux-deux : les puissants, c'est caca! et l'Histoire c'est que des mensonges d'abord!) : beurk !
Les dialogues dans une langue cucul qui singe jusqu'au ridicule ce que les scénaristes s'imaginent être un "parler beau" du XVIIème siècle (défaut quasi-inévitable de n'importe quelle production en costume, je vous l'accorde) : re-beurk !
Des acteurs qui, pour les uns surjouent jusqu'à la bave et aux postillons (sans masque qui plus est!), ou, pour les autres, jouent les taciturnes impénétrables en réalisant l'exploit de ne jamais changer de regard ni d'expression en huit épisodes : re-re-beurk !
N'en jetez plus... Et pourtant...
On parle de la "bande son" ou pas ? Des scènes de "violence" en mode clip cheap et chorégraphiées vite fait, juste avant les prises ?
Alors si on évacue l'Histoire et qu'on se torche également avec tout ce qui peut faire la qualité d'une œuvre, vous comprendrez ce qu'il reste : un produit calibré pour...
Eh oui, pour qui d'ailleurs ? A qui ce genre de choses est supposée s'adresser ? A quelle part de marché ? Ou, dit autrement, y a-t-il vraiment un public (conséquent) pour souscrire à ce genre de productions ? Du genre, "cool des vampires en costumes d'époque" !?
On prend l'une des périodes de l'Histoire les plus potentiellement romanesques, une période regorgeant de personnages ambigus à souhait et donc potentiellement sources de rebondissements à l'infini et on en fait ça !
Je crois que j'aurais encore préféré m'envoyer un biopic bien convenu, filmé de manière bien académique, sur Louis XVI, Robespierre ou Danton plutôt que de voir ça.
A la vue de cette série (qui n'est malheureusement pas une exception) je ne peux m'empêcher de penser avec compassion à toutes celles et ceux qui, un jour, ont tenté de vendre leur idée ou leur concept à des producteurs...
A toutes celles-là, à tous ceux-là : arrêtez d'avoir des idées, ça n'est apparemment pas ce qu'on demande.