Adapter un best-seller de la littérature, ce n’est pas forcément un gage de succès garanti.En s’entourant de Jean Jacques Annaud et de Patrick Dempsey, pour chapeauter un casting très peu fourni en têtes d’affiche, les adapteurs ont misé sur des valeurs sûres pour créer une émulation.Pourquoi pas? N’ayant pas lu le livre de Joël Dicker, je n’ai pas d’attentes particulières ni d’esprit de comparaison entre le livre et la série.Néamoins, je trouve que les deux premiers épisodes plantent bien le décor et donnent envie de voir la suite.L’idée qu’un jeune écrivain puisse sauver une légende dans de mauvais draps en se mettant en danger et que l’enquête n’est qu’un ingrédient de l’ensemble font de La vérité sur l’affaire Harry Québert une série prometteuse.Appréciation à jauger sur le long cours et avec prudence.En arrivant à la fin du huitième épisode, je dois dire que Jean-Jacques Annaud réussit à nous faire ressentir la dissonance même dans la relation entre Québert et la jeune Nola.Ce quelque chose qui cloche,cela doit être l’essence même du livre de Joël Dicker, une vérité tellement crue qu’on ne voudrait pas y croire.Or, elle s’impose à nous.Le dénouement, nourri auparavant par des éclairages en trompe-l’œil sur la communauté de Sommersdale, ne peut que nous abasourdir. La double révélation du final résonne sur le conseil de Québert à Goldman à savoir qu’un écrivain doit ménager ses effets jusqu’au bout de son histoire.Pour ma part, les implications de trois hommes de Sommersdale soulignent que Nola est victime de la fatalité jusqu’au bout, comme si le personnage d’Oedipe s’était réincarné dans cette adolescente.Quelque part, l’histoire de Joël Dicker,faite de faux-semblants cachant subtilement la vérité jusqu’au bout, est maîtrisée et implacable.Loin d’un procès de médiocrité et de succès éditorial hasardeux,comme j’ai pu le lire parfois.Rendez donc justice à cette histoire en appréciant son immense mécanique et ses finalités inattendues.