Cheffe accomplie d'une quarantaine d'années, Natasha est de plus en plus fatiguée de voir ses meilleures amies la délaisser pour succomber aux joies de la maternité. Un jour, alors qu'elle loue seule une petite maison en bord de mer, un mystérieux bébé fait une entrée fracassante dans son existence ! Et celui-ci a pour particularité d'empiler les cadavres sur son passage si on ne lui accorde pas toute l'attention qu'il désire...
Oh une série anglaise estampillée HBO alliant horreur et humour sur un bon vieux bébé sadique ! On est preneur, d'autant plus que les premiers épisodes de "The Baby" ne déçoivent vraiment pas en termes de ton atypique ! Accompagné d'une mise en scène capable de vraies belles envolées extravagantes (aaah, cette fin d'épisode 4, bon sang !) et une superbe bande-son évoquant une forme de "maternité primale", la série réussit d'emblée le pari d'un savant dosage entre l'atmosphère étrange toujours plus croissante de sa dimension horrifique et le décalage humoristique offert par les agissements de son bébé au regard aussi mignon que sournois.
Liant astucieusement la construction de sa mythologie maléfique très intrigante au fil des pérégrinations hasardeuses d'une Natasha totalement désemparée par l'amplitude des pouvoirs dangereux de ce petit être, "The Baby" est évidemment l'occasion rêvée d'une parabole mordante sur la maternité sous toutes ses formes, faisant d'abord de son héroïne célibataire et cynique une mère contre son gré dans le pire des contextes possibles pour ensuite la faire grandir au contact d'autres envies et liens maternels contrariés vécus par divers protagonistes. Si ceux qui seront établis dans le propre sillage familial de Natasha ne seront pas toujours les points forts de "The Baby" (enfin sur ce qui les caractérisera d'un point de vue personnel avec le conflit/résolution plus banal qui s'ensuivra à leur sujet dans la deuxième moitié de la série), ils auront le mérite de mettre joliment en valeur les défaillances intimes de Natasha pour éclairer ses choix du présent, parfois maladroits ou excessifs, à la lumière de ses blessures passées, entrant dans une forme de communion touchante avec les motivations de son diablotin de bébé sur la même idée terrible de rejet et de solitude.
Grâce à la route parsemée de rebondissements sympathiques suivie par cette héroïne attachante (incarnée par l'excellente Michelle de Swarte), ce bébé méchamment déterminé et l'étrange acolyte qui se greffe à leur duo en cours de saison, "The Baby" saura réserver bon nombre de moments forts à la fois cauchemardesques sur un plan visuel (la première partie de l'épisode 6 est juste folle !), au regard bien acéré sur la place de l'enfant dans nos sociétés modernes (la virée dans la garderie, haha !) et à la tonalité évidemment plus tragique sur la difficulté à embrasser sainement le statut de mère à bien des égards.
Sur ce dernier point, on ne le cachera pas, la série atteindra sans doute son sommet avec l'abîme de noirceur sur lequel repose son magistral épisode 5 (et finalement l'ensemble), les épisodes suivants auront bien sûr leurs temps forts, notamment le 6, mais la dernière partie de "The Baby" donnera le sentiment de ne pas être toujours à la hauteur de la folie des événements antérieurs et optera, malgré toujours de bonnes idées ici et là, vers quelques solutions faciles là où on était en droit de s'attendre à un peu plus...
Rien qui ne gâchera la bonne impression générale laissée par cette comédie horrifique au sens noble du terme grâce à son mélange des genres pertinent pour traiter de la difficile question de la maternité avec intelligence, humour et originalité mais il y a fort à parier que "The Baby" s'arrêtera au terme de cette première saison, on ne voit pas quelle idée vraiment géniale pourrait relancer le machine en vue d'une deuxième de la même qualité.