Guillermo del Toro fait définitivement partie de ces réalisateurs dont on peine à comprendre la capacité à produire quelque chose d'extraordinaire. Une fois il y a eu une pépite, puis plus que des rappels à celle-ci. C'est marrant, ça me rappelle une plateforme de vidéo à la demande : Netflix. Alors quand les deux décident de s'associer, on se dit avec véhémence un très grand mouais.


Rien, dans sa carrière, n'a été un échec fondamental. Et ça m'a surpris d'ailleurs en revoyant sa filmographie de me rendre compte que rien n'est réellement mauvais, ni nul. Non, del Toro, c'est pour un professeur cet élève qui a 11,2 de moyenne alors qu'il a l'intelligence naturelle d'un major de promo. Del Toro, c'est une frustration. Comme Netflix. Et la série l'incarne si bien !


Les meilleurs moments de celle-ci resteront gravés dans votre mémoire à peu près une heure, soit le temps de découvrir l'épisode suivant où vous sentirez la lourdeur d'une idée qu'on vous appuie contre le crâne à coups de "C'est beau hein ? c'est joli ! Dis le ! Il est bien mon personnage de conte moderne hein?". Comportement tout Netflixien.


Oui Guillermo, oui. Oui oui oui. Répondrez vous en regardant tour à tour votre montre, puis avec nostalgie la jaquette du DVD du Labyrinthe de Pan.


Il y avec son Cabinet des Curiosités exactement les mêmes soucis qu'avec son Nightmare Alley. JE SAIS qu'il n'a pas réalisé le Cabinet des Curiosités, mais chaque épisode transpire sa présence sur le plateau, en préparation et dans les studios de montage. Allez mettre votre patte de réal sur un projet avec Guillaume derrière qui murmure "hmmm, j'aurais fait différemment mais ok.". Si ce n'est les deux derniers épisodes de la saison, qui diffèrent réellement -notamment à l'étalo- de son travail habituel, vous regarderez du del Toro.

C'est à dire que le développement des personnages est si inégal, et ceux-ci sont tellement clichés, que dès l'instant où la mise en scène ou le jeu d'acteur est un poil en deçà, toute la crédibilité de l'épisode est perdue. Dans Nightmare Alley, le problème était la mise en scène et les choix scénaristiques, le passage du mystère au polar pas vraiment assumé.

Par exemple, ici, nous savons tous que Ben Barnes, Rupert Grint, et Andrew Lincoln -qui sont respectivement les personnages principaux d'un épisode chacun- ne sont pas oscarisables, ça n'a jamais été prévu, et c'est pas dans leur tête non plus j'espère. Alors ce n'est pas normal qu'une telle production mette autant de poids et d'enjeux sur leurs épaules. Et on ne peut pas leur en vouloir, quand les choix scénaristiques qui leur sont offerts sont parfois ahurissants de niaiserie. C'est fou, mais cette série réussit à donner avec du glauque gore et morbide à souhait une impression de culcul la praline sortie d'un mauvais Disney. J'ai littéralement crié "OH ALLEEEEZ LAAAAA AVAAAANCEUUUUH' aux histoires de plusieurs épisodes qui piétinaient dans l'installation mal foutue d'une ambiance qui de toutes façons est déjà à l'image.


Parce que c'était ça, le génie du Labyrinthe de Pan. Ca ne piétinait pas, le film assumait son univers et on arrivait dedans comme des enfants un peu apeurés, on le restait, on pleurait un coup, notre vie avait changé. On vous racontait une histoire au fantastique ambigü et malsain dans un contexte ultra réaliste, sans jamais parler du fait qu'on vous raconte une histoire au fantastique ambigü et malsain dans un contexte ultra réaliste, ce que fait la série, elle. Et ça change tout, parce qu'à se regarder le nombril on ne peut plus se voir dans le miroir. Et bordel que cette série donne l'impression de s'autocongratuler parfois.


MAIS ! Comme toujours avec notre cher Guillermo, quand c'est bon, ça l'est. Et quoi qu'il en soit rien n'est catastrophique, c'est simplement un projet qui culmine à 6,5 de moyenne sans efforts.


Quand la mise en scène réussit à trouver son rythme, quel bonheur. Les quatre premiers épisodes, bien que déjà inégaux entre eux et jamais transcendants non plus, vous offriront une bonne évasion, avec des idées portées par des acteurs -mention spéciale à F.M Abraham, exceptionnel- et une équipe technique au diapason, mais surtout des costumes et des décors absolument exceptionnels. Et pour ça, on peut remercier Netflix qui prouve encore dans le registre de l'horreur ils osent essayer et s'en donnent les moyens.


En bref, deux géants se sont mariés. L'un a un oeil au milieu du front mais un visage parfait et l'autre un corps d'athlète incroyable mais est chauve.

Un enfant naît de cet union : il est chauve, a un visage sympa gâché par un oeil au milieu du front, et il court moyennement vite. Quelle surprise.






DylanBiteau
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Créée

le 16 nov. 2022

Modifiée

le 16 nov. 2022

Critique lue 37 fois

Dylan Biteau

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