Utawarerumono ou l’exemple d’un gâchis

Qu’est ce qui fait une bonne suite à un animé? A cette question, il n’y a pas de réponse toute faite. Il est toujours difficile de réaliser une deuxième saison car le studio doit répondre à deux impératifs contradictoires. Le premier est de respecter un monde qui a déjà été créé. Les règles, les enjeux, voir les personnages, déjà introduits par la saison précédente, doivent être respectés. Mais, il faut aussi innover car le fan de l’original attend du nouveau, de l’inattendu. Il ne suivra pas une suite identique à ce qu’il a déjà vu. On attend ainsi un lien entre les deux mais avec des nouveautés. Est-ce que Utawarerumono réussit ce tour de force ? La réponse est dans le titre.

L’histoire commence à Yamato, dans le même monde que la première saison. On retrouve un homme (plus tard nommé Haku), amnésique, dans une forêt. Il rencontre alors une jeune femme, non humaine, Kuon, qui décide de l’aider (ça ne vous rappelle rien ?). S’en suivra diverses aventures, des rencontres et des voyages. Et c’est là que les choses dérapent.

Premièrement, les personnages. La force du premier volet était sans aucun doute ses personnages. Il y en avait beaucoup, ils étaient variés et chacun avaient sa propre histoire, ses propres désirs, sa propre personnalité. Au fil de l’histoire, ceux-ci connaissaient aussi une certaine évolution. A la fin, ils avaient été transformés par leur expérience.

Ici, aucun n’est vraiment attachant, ni intéressant. Haku ( ce qui rappelle forcément le protagoniste de la première saison) est l’inverse de celui du premier volet. Fainéant, il rechigne à assumer ses tâches, il s’en sort toujours par un coup du sort et au final il subit toujours la situation. On a presque l’impression qu’il est juste un spectateur de toute cette histoire. Il devient d’ailleurs le leader du petit groupe sans véritable raison, hormis celle du pouvoir d’attraction magique du personnage principal.

Et ensuite, on a une véritable équipe de foot avec ses remplaçants. L’histoire introduit quasi un, voir deux personnages chaque épisode au début de la saison. On ignore parfois tout d’eux et cela jusqu’au bout d’ailleurs. Il y a clairement une absence de profondeur de ces personnages, aggravé pas le peu de temps d’écran qu’il leur est accordé. Au final, on ne s’intéresse pas à eux. Pour contrebalancer cela, les auteurs ont choisi d’utiliser des personnages caricaturaux ( la jeune fille fan de yaoi et à l’imagination débordante, la voleuse flamboyante…). Mais la plupart sont énervants. La seule qui échappe à ce constat est peut être Kuon. Le personnage est un peu plus travaillé, notamment avec ses doutes et interrogations. Et encore, c’est léger.

Pourquoi un tel constat ? Il faut comprendre qu’Utawarerumono est d’abord un jeu vidéo. L’intérêt est d’avoir beaucoup de personnage, afin de choisir une équipe solide (le tank, le mage noire et blanc, l’épéiste…). Mais dans une histoire comme celle-ci, il n’y a pas le temps de présenter les personnages et finalement on est ressort avec un sentiment de gâchis.

Pour rajouter à ce sentiment, la deuxième saison fait appel aux personnages de la première saison. Il s’agit plus ici de caméos qu’autre chose. Mais cela aggrave le constat, car on se rend compte à quel point ces personnages étaient bien exploités et le contraste avec les nouveaux protagonistes n’est pas en leur faveur.

Concernant l’histoire en elle-même, il s’agit d’un véritable gâchis encore une fois. La première saison nous avait servi une histoire de conquête du pouvoir, avec ses effets sur les individus. Ici, il s’agit davantage d’un slice of life. Alors que la première saison avait réussi à enchainer entre rythme haletant et épisode plus calme permettant de construire des relations entre les personnages, la seconde saison est lente. Les 25 épisodes semblent une éternité. Pendant plusieurs épisodes, il ne se passe rien. C’est-à-dire que si vous les passez, vous ne verrez pas la différence. Tout au plus, vous remarquerez qu’un personnage en plus à fait son apparition. Dans d’autres, l’action est condensée et les révélations s’enchainent. Puis au suivant, plus rien. On revient dans un rythme lent ou l’histoire n’avance pas. On a presque l’impression que l’épisode précédent n’a pas existé.

Ajouté à cela une histoire peu mature, sans véritable tensions et un monde dont on ignore tout. Il y a toujours une impression de légèreté, accentué par le caractère du personnage. Et lorsque l’animé tente d’être un peu sérieux, cela ne prend pas, car à l’épisode suivant, tout est oublié. Il en ressort une absence d’ « enjeux. ». D’ailleurs, le sort du monde nous est parfaitement indifférent vu que l’on ne sait pas grand-chose de nouveau sur ce dernier.

Et enfin, une fin extrêmement frustrante.

Encore une fois, c’est un sentiment de gâchis qui prévaut.

Côté dessin et musique, le studio a fait le boulot. Rien de mauvais, mais rien de bien formidable non plus.

Au final, Utawarerumono est une mauvaise suite car elle ne reprend pas les grandes bases de la première saison et n’apporte rien de nouveau. Les personnages sont très différents, l’histoire est ennuyeuse, les retournements de situations peu surprenants et sa fin est frustrante. Le premier avait des lacunes (notamment les derniers épisodes qui partaient un peu dans le n’importe quoi), mais avait aussi des qualités. Ici, le studio a supprimé les secondes mais sans les remplacer pas quelque chose de mieux. Si vous avez aimé la première saison, considérez qu’il n’y a jamais eu de seconde saison et que cet anime est davantage une autre histoire qui ne mérite pas que vous perdiez votre temps.