A la fin des années 70-début 80, bien avant l'engouement (et la sur-production) qui entourent les séries ces dernières années, quelques rares productions françaises ont connu un grand succès sur nos petits écrans et ont marqué fortement l'imaginaire des gamins de l'époque.
J'en faisais partie et j'ai des vagues souvenirs de Georges Descrières en Arsène Lupin, de Jacques Dufilho en Inspecteur Juve à la poursuite de Fantomas... ou encore de Jacques Weber en Comte de Monte-Cristo sombre et vengeur.
Un paquet d'années plus tard, après un impressionnant vide cosmique de nouvelles exploitations de ce grand roman épique d'Alexandre Dumas, hormis la (à mon avis mauvaise) version de 1998 avec Gérard Depardieu... la série est enfin rediffusée sur La Chaine Parlementaire et me donne l'occasion de vérifier si mon très bon souvenir est justifié ou non.
Au final... mon avis est mitigé.
Mon souvenir était juste sur deux éléments essentiels :
- Jacques Weber est très bien dans le rôle principal. C'est pour moi le meilleur Edmond Dantes que j'ai vu, séries et films compris.
- Cette version respecte à la lettre le roman d'Alexandre Dumas, contrairement par exemple à la version de 1998 qui prenait de larges libertés sur l'original.
Enfin, cette série Franco-Italo-Allemande a bénéficié d'un financement important pour l'époque et ça se ressent dans la grande qualité des costumes et des décors et dans certaines scènes qui bénéficient de l'emploi de pas mal de figurants.
Malheureusement cette série a aussi mal vieilli à cause de quelques gros défauts qui lui donnent un côté très "cheap" aujourd'hui. Je suis désolé de critiquer aussi ouvertement le travail de Denys de La Patellière, réalisateur ayant pourtant réalisé une vingtaine de films pour le cinéma (je ne compte pas en plus les téléfilms) et connu entre autre pour "Un Taxi pour Tobrouk" (1960)... mais je trouve cette série assez mal filmée, avec des cadrages qui manquent vraiment de caractère (on croirait du théâtre filmé), parfois maladroits, impression renforcée par un éclairage (plat) d'une fadeur totale. Mais le son n'est malheureusement pas meilleur. La plupart des dialogues donnent l'impression d'avoir été enregistrés en post-production en studio... mais je ne suis pas spécialiste, cela vient peut-être d'un manque de moyens de ce domaine ou du matériel utilisé ?
Enfin.. si Weber est convainquant dans son rôle, ce n'est pas le cas de tous les acteurs.
Une mention spéciale pour Carla Romanelli, dans le rôle de Mercédès qui semble la plupart du temps ne pas ressentir grand chose des phrases qu'elle déclame.
C'est bien dommage au final.
Cette série reste très intéressante à mon avis pour la fidélité qu'elle entretient avec l’œuvre de Dumas et pour l'interprétation de Jacques Weber. Je garde pour elle d'ailleurs un attachement personnel fort. Mais elle a aussi aujourd'hui un côté "cheap"... petit budget (alors que ce n'était pas le cas !) dû à une réalisation pas terrible.
Une pensée me traversait l'esprit en la revoyant...
Il est étonnant de voir le déséquilibre total de l'attention qui a été consacré (depuis l'après guerre) à deux mastodontes de la littérature française :
- "Les Misérables", maintes fois repris et dont deux très bons films ont connus des grands succès : Un avec Jean Gabin (1958) et l'autre avec Lino Ventura (1982).
- et "Le Comte de Monte-Cristo"... rien du tout à part deux mini-séries pour la TV.
Une nouvelle adaptation sort cette année (2024) au cinéma. Réalisée par Alexandre de La Patellière, fils de Denys de la Patellière. J'espère qu'elle sera à la hauteur de ce grand roman.
Réponse à la fin du mois.