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Quand la vengeance prend tout son temps, et que les complots vieillissent comme du bon vin…

Le Comte de Monte-Cristo version 1979, c’est un peu comme si tu assistais à un opéra de la vengeance, mais où l’orchestre jouerait parfois un poil trop lentement. Inspirée du chef-d'œuvre d’Alexandre Dumas, cette adaptation télévisée prend le temps (beaucoup de temps) de déballer l’intrigue tentaculaire d’Edmond Dantès, un homme trahi, jeté en prison, et qui revient se venger en mode « je suis riche, mystérieux, et j’ai un plan diabolique ».


Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire (si c’est possible), Edmond Dantès est un marin qui, après avoir été accusé à tort de trahison, se retrouve enfermé au Château d’If, une prison aussi joyeuse qu’une boîte de conserve. Pendant des années, il y rumine sa vengeance, aidé par un autre prisonnier qui lui révèle l’existence d’un trésor caché. Après une évasion aussi rocambolesque qu’un épisode de Prison Break, Edmond refait surface, sous le nom de Comte de Monte-Cristo, avec une seule idée en tête : se venger. Et là, il ne fait pas dans la demi-mesure. Vengeance surdimensionnée, avec du panache, des fortunes cachées, et des masques mystérieux à tous les coins de rue.


Dans cette version de France 3, Jacques Weber incarne le rôle du Comte, et il le fait avec cette intensité théâtrale qu’on attend d’un homme dont la vie entière est devenue un énorme projet de revanche sur la vie. Weber donne à Edmond Dantès une prestance noble, mais parfois un peu trop lente à réagir, comme s’il prenait une pause pour savourer chaque petite humiliation qu’il inflige à ses ennemis. Il est fascinant, certes, mais il traîne parfois ses plans comme s’il savourait un vieux cognac au coin du feu, alors qu’on aimerait le voir accélérer le mouvement.


L’une des forces de cette adaptation réside dans ses décors et costumes, qui nous plongent dans une époque où la vengeance se faisait avec style. Les vêtements d’époque sont d’une élégance indiscutable, les salons bourgeois respirent la richesse et le privilège, et tout ce petit monde complote derrière des éventails en soie et des perruques poudrées. Mais il faut avouer que, parfois, on a l’impression que tout le monde est coincé dans un tableau de maître où il ne se passe pas grand-chose, à part quelques regards fourbes échangés dans un miroir doré.


Les personnages secondaires sont tout aussi théâtraux : Danglars, Fernand, Villefort, et Caderousse, les traîtres originaux, sont des caricatures parfaites des élites corrompues. On les aime autant qu’on les déteste, et on attend avec impatience que la vengeance d’Edmond vienne frapper à leur porte. Mais voilà, il arrive parfois que la vengeance se fasse un peu trop attendre. La série prend le temps de poser ses intrigues, de déballer les plans machiavéliques du Comte comme un maître stratège qui déroule son échiquier… sauf que parfois, l’échiquier a l’air de s’étendre sur des kilomètres, et tu te retrouves à tapoter du pied en attendant que le cavalier fasse son mouvement.


Visuellement, la série a ce charme vieillot des productions des années 70, où tout semble un peu figé dans le temps. Les scènes sont parfois trop théâtrales, les dialogues un brin grandiloquents, et les transitions lentes à souhait. Mais ce côté rétro participe aussi à l’atmosphère, te donnant l’impression d’assister à une pièce de théâtre filmée avec un œil amoureux du texte de Dumas. C’est soigné, c’est noble, mais c’est parfois un peu raide.


La lenteur n’est pas le seul défaut. L’adaptation prend parfois des libertés avec l’œuvre originale, condensant certains éléments ou étirant d’autres. Ce n’est pas toujours malvenu, mais les puristes pourraient lever un sourcil en voyant certaines scènes qui traînent en longueur tandis que des moments-clés passent plus vite que prévu. On aime que la vengeance soit un plat qui se mange froid, mais là, parfois, il est carrément glacé.


En résumé, Le Comte de Monte-Cristo version 1979 est une adaptation qui respecte l’œuvre de Dumas tout en prenant son temps, peut-être même un peu trop. Jacques Weber est un Comte imposant, manipulateur, et calculateur, mais il est parfois desservi par un rythme qui rend la vengeance moins savoureuse qu’elle pourrait l’être. Si tu aimes les intrigues bien ficelées, les décors d’époque, et les plans machiavéliques déroulés à un rythme de croisière, alors cette version est pour toi. Mais si tu t’attends à une vengeance fulgurante et pleine de rebondissements, prépare-toi à faire preuve de patience.

CinephageAiguise
7

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le 15 oct. 2024

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