Le Destin de Lisa, c’est un peu comme si tu prenais le concept de Ugly Betty, que tu y ajoutais un filtre de soap opéra allemand à petit budget, et que tu saupoudrais le tout de clichés aussi gros que les lunettes de l’héroïne. L’histoire est censée être un conte moderne sur l’importance de la beauté intérieure et le parcours d’une jeune femme brillante, mais souvent, tu as surtout l’impression de te retrouver dans un interminable défilé de stéréotypes télévisuels.
L’intrigue suit Lisa Plenske, une jeune femme intelligente mais peu gâtée par la nature (selon les standards de la série, du moins), qui décroche un job dans une grande entreprise de mode. Déjà, tu sens l’ironie : Lisa, qui a un sens de la mode douteux avec son brushing improbable et ses vêtements pas franchement trendy, débarque dans un univers où tout le monde est taillé comme un mannequin de magazine. Bien sûr, elle est brillante, débrouillarde, et surtout... elle est amoureuse du boss, David, un beau gosse arrogant qui ne la remarque même pas, sauf pour lui demander des services.
Les premiers épisodes te donnent l’impression d’assister à une sorte de version soft d’une émission de relooking forcé, avec Lisa qui se fait constamment rabaisser parce qu’elle ne correspond pas aux standards esthétiques de ce monde superficiel. Mais au lieu de prendre ce thème à bras le corps et de le traiter de façon originale, Le Destin de Lisa préfère jouer la carte du feuilleton sentimental prévisible, où chaque situation semble te dire "attends un peu, on va bien finir par relooker cette fille".
Et c’est là que la série commence à fatiguer. Les intrigues se répètent, les malentendus amoureux sont dignes d’un vaudeville raté, et les personnages secondaires sont tellement unidimensionnels qu’on pourrait les confondre avec des décors. Tu as la méchante de service, Mariella, la copine de David, qui passe plus de temps à ourdir des plans pour saboter Lisa qu’à se demander pourquoi elle est dans une relation aussi toxique. Et puis, il y a les collègues de bureau, tous plus caricaturaux les uns que les autres, qui oscillent entre la jalousie mesquine et la comédie involontaire.
Les rebondissements sont aussi subtils qu'un coup de marteau : Lisa a une idée brillante, David l'ignore, puis il se rend compte que Lisa a toujours raison, mais uniquement à la fin de l’épisode, histoire de faire traîner les choses sur plusieurs semaines. Le schéma est tellement répétitif que tu pourrais zapper plusieurs épisodes et revenir sans avoir loupé grand-chose à part quelques scènes de flirt maladroit et des regards en coin.
Côté visuel, la série n’a pas grand-chose pour elle. Les décors d’entreprise sont froids et stériles, sans grande originalité, et les scènes en extérieur, quand elles arrivent, ne sont pas plus excitantes. On sent que le budget est limité et que la priorité n’a pas été mise sur l’esthétique ou la mise en scène. Et les fameux "relookings" tant attendus sont souvent aussi décevants que prévisibles : on passe d’une coiffure de travers à une coupe plus "fashion", mais rien qui ne révolutionne l'univers du style.
Le seul point positif que l’on pourrait accorder à Le Destin de Lisa, c’est peut-être sa naïveté assumée. Il y a quelque chose de presque réconfortant dans le fait que la série ne se prend pas trop au sérieux et qu’elle joue à fond la carte du soap opéra romantique sans se soucier des critiques. Si tu as un penchant pour les histoires d’amour contrarié où la gentille fille gagne toujours à la fin (mais après mille épisodes de galères sentimentales), alors tu pourrais y trouver un certain charme kitsch.
En résumé, Le Destin de Lisa est une série qui fait tout pour te convaincre que l’amour véritable réside dans la beauté intérieure, mais qui passe trop de temps à souligner à quel point l’apparence extérieure compte quand même beaucoup. Les intrigues sont répétitives, les personnages manquent de profondeur, et le rythme est aussi lent qu’une réunion d’entreprise interminable. Si tu cherches un soap léger à regarder sans te prendre la tête, ça peut faire l’affaire… mais ne t’attends pas à être transporté par la magie de l’amour et du destin.