Pour ne pas sombrer, pour ne pas retomber, je m'accroche à ce que je peux. Mes pas sont maladroits. Je me suis donc attachée à ce que j'ai pu. J'ai trouvé des moyens pour substituer la réalité.
Il a fallu que je tienne, j'étais fatiguée par toutes ces années. J'ai donc commencé à anesthésier toutes mes pensées. Je devais empêcher mon cerveau de réfléchir, de me balancer toutes ces réalités qui m'empêchent de tenir. Je me le devais.
Je me suis donc laissée happer. J'ai commencé à regarder des séries coréennes, japonaises ou chinoises parce qu'elles pouvaient me donner ce que je cherchais. Elles allaient me permettre de remplir le vide de ma vie amère, de m'accorder quelques heures de répit sans trop me sentir secouée.
C'est dans cet état d'esprit que j'ai commencé à regarder Meteor Garden. Je me suis donc approchée doucement, à l'heure où les enfants sont couchés, à l'heure où les programmes TV ciblent un public à consommer.
L'écran inlassablement allumé, le drama pouvait commencer.
Au début, c'est toujours pareil, je n'accroche pas. Mon cerveau n'est pas encore assez dupe. Mais à force de le matraquer d'images, à force d'imprimer les personnages dans ma mémoire, à force de chercher les masques, alors ; alors , il se laisse berner. Je cherche une émotion à vite consommer.
Et je la trouve là, au détour d'une phrase, ou détour d'une histoire d'amour jouait par des adultes qui sont censés nous faire fantasmer.
Ce que j'ai aimé, dans Méteor Garden, c'est le côté rassurant. Des situations absurdes et risibles, que mon cerveau, cet escroc, ne pouvais pas extrapoler. Non, il ne pouvait pas imaginer que cela soit plausible dans la réalité. Dès lors, il me laissait tranquille. Il me laissait respirer. Il n'immiscait pas en moi l'espoir. Je pouvais continuer à me lover dans la froideur tranquille de la banalité. Les passions font mal quand on ne fait pas partie des gagnants.
Doaming Sì a fait le reste. Méprisant et arrogant, un personnage avec lequel je n'allais rien créer. Mais sous les traits de « Dylan Wang », le regard noir profond, les cheveux tirés, et l'audace de la beauté, Doaming Sì devenait perturbant.
Je l'ai trouvé beau et tout le problème était là. Habituellement, je n'ai pas ce genre de problématique sur les dramas. Les critères de beauté sont différents des miens. Je me fis aux réactions des autres personnages pour savoir comment ils sont qualifiés chez eux.
Mais ici, entre les traits de personnalités bien marqués de l'égocentrique Doaming Sì et le visage entêtant de « Dylan Wang », je n'ai pas pu résister.
Spoil/
J'ai donc regardé Meteor Garden en entier (en avançant quelques passages).
Il y eu un détail qui accrocha mon âme. Lors d'un épisode, Dong Shancai, l'héroïne qui se dispute sans cesse avec Doaming Sì, est relookée (robe blanche, un peu de maquillage, un joli petit minois) et arrive dans une fête où le ténébreux garçon est présent. Doaming Sì regarde la demoiselle et le spectateur voit dans son regard que le charme opère. Il la fixe d'un air envoutant. Elle le regarde certainement intimidée d'être ainsi dévisagée. On s'attend à voir le petit canard se transformer en cygne, on s'attend à la voir battre des cils et replacer délicatement une mèche de cheveux. Eh bien non! À ce moment précis, Dong Shancaï sous le regard étoilé de Doaming Sì, fait une grimace. J'en suis restée stupéfaite, et j'ai ri, je me suis repassée la scène plusieurs fois pour m'assurer que j'avais bien vue. Et tout l'intérêt de cette série réside là. La réalité rattrape tout. A l'instar des personnages, devant des situations trop sérieuses, parfois comme dans la vie, le comique arrive. On ne contrôle pas les autres. On peut être héritier d'un grand groupe, être riche ou pauvre, on peut avoir des responsabilités à assumer, on peut vivre une histoire d'amour compliquée, on est avant tout et pour tout des humains sensibles et risibles. Et j'ai aimé ça. Les mimiques des acteurs, le fait que « Dylan Wang » fait changer d'humeur son personnage en d'un froncement de sourcil, j'ai aimé l'histoire d'amour qui se créé envers et contre tout. J'ai aimé la complicité Dong Shancai-Doaming Sì / Shén Yuè-Dylan Wang. J'ai aimé cette romance moderne qui a des airs de Roméo et Juliette. J'ai aimé l'espoir et la tentation de vouloir y goûter encore une fois. J'ai aimé tout ça. J'ai aimé leur caractère tellement différent du mien et surtout j'ai aimé qu'ils s'aiment.
Petit bémol, la façon d'échanger les baisers me laissent perplexe, la fille ne bouge presque pas ça me met un peu mal à l'aise (culturel ? censure ? ) et les romances secondaires m'ont gavées, je les ai simplement avancées car je n'arrivais pas à accrocher. Coup de cœur pour cette série qui m'a fait entrevoir de nouvelles constellations dans l'univers des Dramas.