Le juge est une femme, c’est un peu comme si New York, unité spéciale et Derrick avaient eu un enfant avec une robe de magistrat. La série met en scène la juge d’instruction Alice Nevers, qui, sous ses airs de femme impassible et professionnelle, traîne un lourd fardeau : celui de résoudre des crimes qui, souvent, ne sont pas aussi complexes qu’ils ne le laissent penser au début. Chaque épisode te plonge dans un monde où la justice doit être rendue, même si parfois, l’intrigue se laisse un peu porter par la mollesse ambiante.
Le gros point fort de la série, c’est bien sûr son personnage principal, Alice Nevers, cette juge intrépide qui ne se contente pas de distribuer des sentences derrière son bureau. Non, Alice met la main à la pâte, et elle est là, sur le terrain, prête à traquer les indices et les coupables. Et c’est là où tu te dis : "Attends, elle est juge, pas flic, non ?" Mais dans Le juge est une femme, on oublie rapidement les frontières professionnelles. Alice fait tout : elle enquête, elle interroge, elle flaire les embrouilles. Une véritable "woman power" avant l’heure.
Mais là où la série commence à faiblir, c’est dans sa structure répétitive. Chaque épisode suit un schéma si bien huilé que tu pourrais presque deviner la suite en mangeant tes céréales. Un crime est commis (évidemment odieux), Alice débarque avec son flair infaillible, et après une petite valse d’interrogatoires, le coupable se dévoile dans un retournement de situation qu’on a parfois vu venir dès les premières minutes. Ce n’est pas que les intrigues sont mauvaises, elles sont juste… prévisibles, comme un bon vieux polar de l’après-midi.
Le duo Alice Nevers et Fred Marquand (son acolyte flic) fonctionne bien, mais il ne révolutionne pas non plus la dynamique policière à la télé. Fred, avec son air de "j’ai vu trop de cadavres pour m’émouvoir encore", complète bien Alice, mais on aurait aimé un peu plus d’étincelles, un peu plus de tension dramatique. Parfois, on a l’impression qu’ils récitent leur texte sans véritable conviction, comme s’ils savaient que, de toute façon, le coupable finirait par craquer en moins de 52 minutes chrono.
Visuellement, Le juge est une femme fait le boulot sans vraiment sortir des sentiers battus. Les décors sont classiques : commissariats gris, salles d’audience austères, et appartements de victimes aux couleurs douteuses. Rien ne sort vraiment de l’ordinaire, et la mise en scène ne cherche pas à innover. Tout est fonctionnel, mais un peu comme une vieille cafetière : ça fait le job, mais ça manque de saveur. Les scènes d’interrogatoire, notamment, sont souvent filmées de manière rigide, avec ce sentiment que personne ne va vraiment se mouiller émotionnellement.
Le rythme, quant à lui, est souvent un peu lent. Il y a ces moments où tu te demandes si les dialogues n’auraient pas pu être un peu plus percutants, ou si les personnages n’auraient pas pu bouger plus vite pour résoudre une affaire. Mais non, on préfère prendre son temps, discuter longuement des détails techniques de l’enquête ou regarder pensivement par la fenêtre. Le suspense est là, mais il est parfois dilué dans une mer de dialogues un peu trop explicatifs.
En parlant de dialogues, ceux-ci manquent souvent d’un peu de punch. On a droit à des discussions très formelles, comme si tout le monde était coincé dans un manuel de droit pénal. On aimerait des échanges plus humains, plus viscéraux. Au lieu de ça, les répliques tombent souvent à plat, sans réelle émotion, un peu comme si la série elle-même se prenait trop au sérieux.
Malgré tout, la série reste efficace dans ce qu’elle fait : elle résout des enquêtes, elle montre une femme forte en action, et elle explore la complexité de la justice. Alice Nevers incarne une figure féminine intéressante dans le paysage télévisuel français, mais la série n’exploite pas toujours tout le potentiel de son personnage principal. Il y a des moments où tu te dis qu’Alice mérite mieux, des enquêtes plus captivantes, des dialogues plus mordants, et peut-être un peu plus de risques dans la réalisation.
En résumé, Le juge est une femme est une série qui fait le travail, sans surprise mais sans gros faux pas non plus. Si tu aimes les séries policières classiques, avec une héroïne qui ne recule devant rien pour faire éclater la vérité, tu y trouveras ton compte. Mais si tu cherches de l’audace, des retournements de situation incroyables, ou une tension dramatique à couper au couteau, il faudra peut-être aller voir ailleurs. Alice Nevers fait de son mieux, mais parfois, la justice, même bien servie, manque un peu de piquant.