Une histoire plus encore hallucinante que terrifiante et un documentaire remarquablement réalisé.
Un jeune garçon (on ne saura jamais son nom) de 13 ans 1/2 en 1986 à Jérusalem, tue froidement avec un fusil M16 que son père, réserviste, avait apporté à la maison, ses deux parents et ses deux soeurs.
Il n’exprimera jamais ni remords, ni regrets.
Il se limitera à prétendre qu’une voix lui a ordonné de le faire... ce à quoi personne ne pourra croire.
Supérieurement intelligent, il a même mis mal à l’aise le policier lors du premier interrogatoire qui a demandé à avoir avec lui la présence d’un collègue.
Lorsqu’il voit celui qui va être son avocat, il a déjà tout calculé. Il sait la carte qu’il faut jouer pour qu’il n’ait qu’une peine minimale. Il faut à tout prix éviter une seule chose : la préméditation.... c’est la raison pour laquelle il dira en permanence que c’est une ”voix” (une sorte de créature verte...) qui lui a ordonné de tuer sa famille durant la nuit.
Il est rapidement évident que ça ne tient pas debout mais personne pourra prouver le contraire.
Tous les experts seront du même avis : le garçon est supérieurement intelligent et n’a aucun trouble psychique.
Son avocat dira ”c’est un joueur d’échecs qui a toujours dix coups d’avance”.
Il a été condamné à 9 ans de prison mais a été remis en liberté au bout de 6 ans (pour bonne conduite). Il a continué ses études et dira ”la vie commence à 20 ans”.
Le juge qui l'a jugé a refusé de le qualifier de meurtrier. Il a été condamné pour ”homicide involontaire”, ce qui lui a également permis d'hériter de tous les biens familiaux, puisqu’il restait le dernier descendant.
La ”prouesse” technique du documentaire est des plus remarquables.
En effet, les créateurs de la série (Tali Shemesh et Assaf Sudri) n’avaient pratiquement pas d’archives vidéo sur cette tragédie. Les archives, il y en avait bien sûr, sur l’enquête et sur le procès également, mais elles n’étaient que très peu exploitables. Ils ont donc ajouté des ”fausses archives”.
L'intérieur de la maison de la famille a été reconstruite, les figurants allongés représentant les cadavres, le sang artificiel qui a éclaboussé sur les murs, les photographies de famille qui suivent l'enfance et l'adolescence du garçon en question sont également toutes fausses. Ses amis, ses connaissances, ses camarades de l'époque sont tous des acteurs. Ils sont habillés dans des vêtements fidèles à l'époque, photographiés et montés dans un ”langage visuel” si méticuleux qu'il est impossible de voir où la réalité s'arrête et où la fiction commence. En ce sens là, c’est presque un événement cinématographique.
Ce docu-fiction en 4 épisodes , diffusé par Netflix, est à mon goût doublement intéressant tant par les faits racontés qui sont exceptionnels (le meurtre par un enfant de 13 ans de tous les membres de sa famille) que par les techniques utilisées pour étoffer leur narration ; les documents vidéo authentiques étant très rares.