Alors je sais, on va me demander pourquoi faire une critique sur quelque chose d’aussi insignifiant que « Le point culture », reconnu par tous comme une vaste fumisterie. La raison est qu’il est une bonne illustration du pire qu’a pu produire Youtube, et ce dès le début de ce qu’on appellera plus tard le « Youtube game ».
Mais présentons d’abord le principe pour ceux qui ignorent tout de cette émission : il s’agit d’un top 20 d’anecdotes sur un sujet donné. Le tout entrecoupé de blagues (très mauvaises) de Link, et illustré par l’équivalent deluxe d’un powerpoint. La source principale est Wikipédia (ou des sites similaires). C’est peu qualitatif et rien n’est approfondi. Alors pourquoi ça a eu du succès ?
La réponse la plus simple serait la bêtise du public mais c’est plus compliqué que cela. Linkthesun fait partie de cette génération de premiers youtubeurs stars, à une époque où tout le monde été encore persuadé que « Youtube remplacerait la télévision en mieux », illusion qui n’est plus défendu par personne de nos jours, et où le médium était peu investie par des chaines de télé (comma arte) ou par des spécialistes des domaines concernés. Ce qui n’était donc qu’un divertissement destiné à mettre en scène le personnage de Linkthesun, est passé pour un moyen de se cultiver devant internet, et a ainsi connu la gloire. On retrouve ce schéma chez d’autres youtubeurs, comme E-penser, Notabene, etc…, vus comme les fers de lances de la nouvelle vulgarisation à l’époque et aujourd’hui critiqués pour leurs nombreuses failles, dont la première est d’être des amateurs qui ne s’autorisent que d’eux même. Le problème c’est qu’entre-temps la mise en avant des youtubeurs comme personnalités publics (inhérente au système YouTube) à créer des monstres.
Et dans cette catégorie Linkthesun est un champion. Tout au long des ans il n’a cessé de multiplier les formats alternatifs, se lançant tour à tour dans la critique musicale, cinématographique et ainsi de suite. Bien sûr aucunes de ces tentatives n’a de réel valeur ajoutée, il ne s’agit à chaque fois pour Link que de vêtir un nouvel habit afin de se mettre en valeur.
Face à ce résultat il serait tentant de rejeter la totalité de la faute sur Link, de le taxer d’orgueil, de vanité, etc… C’est oublier que quand on est porté aux nues pendant des années par un public (fut-il majoritairement composé de jeunes) et que rien à côté ne nous ramène à a réalité, on finit par croire à son propre génie.
Cette émission démontre bien pourquoi dès le départ le système Youtube avec sa starification, son exigence de contenus faciles à regarder et court, et son public majoritairement jeune, était condamné dès le départ à devenir une télévision 2.0 .