Une série vintage qui brasse avec efficacité plusieurs genres dans un style singulier au cachet so british. Le décor bien lisse de cette station balnéaire qui sert de théâtre aux événements est volontairement en total désaccord avec la violence sous-jacente qui sévit au sein de cette micro société Orwellienne. Les intrigues varient les thématiques avec une prédilection pour les concepts avant-gardistes souvent visionnaires pour leur époque et des allégories de tout poil qui laissent libre cours aux interprétations. Toute cette inventivité a inspiré une génération de scénaristes, l'épisode sur la manipulation des rêves par exemple n'est qu'une ébauche du futur Inception de Nolan.
Chaque épisode reprend un schéma scénaristique bien rodé que l'on vient pimenter en introduisant un nouvel antagoniste (le fameux n°2) par épisode, une excellente idée qui donne lieu à de savoureuses joutes psychologiques de haute volée. Les prestations investies des acteurs donnent vraiment du corps et de l'épaisseur aux personnages, notamment en ce qui concerne les n°2 aux airs de méchants Bondiens, chaque nouveau comédien apportant une nuance de machiavélisme au rôle. Patrick McGoohan a toute la prestance d'un James Bond, il transpire la classe et son jeu tantôt ironique tantôt nerveux renforce la sensation d'imprévisibilité permanente. Malgré tous ces efforts le schéma répétitif et fataliste de la série ne permet pas de s'investir pleinement dans la quête de liberté du héros et de croire à son évasion. Cette non évolution de l'intrigue globale sans qu'aucun élément de réponse ne vienne combler quelques zones d'ombre reste le principal point de frustration du concept. Je n'ai pas apprécié non plus les derniers épisodes fantaisistes et indigestes qui viennent ternir l'intégrité de la série, c'est un peu trop facile de se réfugier dans le portnawak en faisant passer ça pour de l'anticonformisme super hype. Bref une faute de goût finale aux ressorts assez démago qui laisse sur une mauvaise note en nous privant d'une conclusion à la hauteur de la rigueur scénaristique à laquelle on nous avait habitué.