Le Seigneur des Anneaux sans La Communauté

Pas mal de critiques s'attardent sur le non respect de l'univers de Tolkien, les incohérences scénaristiques, le fait que l'utilisation du bestiaires et des paysages de la Terre du Milieu relève souvent du fan service assez vain.

Mais pour moi, au-delà de tout ça, le coeur du problème, c'est l'écriture, l'histoire qui nous est racontée. Même en regardant la série comme un objet artistique indépendant du Seigneur des Anneaux, il y a des fautes fondamentales de scénario :

• les longueurs : l'arc Hobbit est insupportablement chiant, Numenor c'est pas beaucoup mieux. L'exposition s'étire d'autant plus que la série installe dès le départ plusieurs arcs narratifs que rien ne lit entre eux.

• Le manque d'intensité dramatique. Les personnages manquent cruellement de profondeur. La romance de Bronwyn et Arondir, au coeur de l'arc des Terres du Sud, est au mieux, moyenne. On en a vraiment pas grand chose à faire. Y a que l'arc d'Elrond et Durin (et sa formidable femme !), qui est une vraie amitié, qui sauve la mise en terme d'intérêt général. Même si son enjeu (la survie des elfes) est mal amené et semble abstrait.

• Les personnages d'ado décervelés d'Isildur et Théo, c'est horripilant au possible et on a du mal à comprendre la place considérable qu'ils occupent dans le récit.

• Le personnage de Galadriel, impulsive, arrogante, violente, souvent débile (comme dans sa manière de gérer la cours de Numénor). Sa romance avec Halbrand est plus balourde que celle de Kili et Tauriel.

• Le "méchant" est plutôt bien incarné mais il arrive tardivement et sa présence est bien trop parcimonieuse. Si bien que ce trope du méchant mystérieux ne donne qu'une apparence d'épaisseur à un récit très plat. On pressent que tout cela s'effondrera vite à la première révélation sur son identité ou ses motivations.

Bref, on en est à 7 épisodes, 7 heures de métrage et, à part Elrond et Durin qui sont bien en retrait de l'action, on ne s'est attaché à personne, les enjeux paraissent flous et peu passionnants.

La faute surtout à un récit trop éclaté dès le départ, sans une histoire personnelle capable de nous faire comprendre et nous attacher aux enjeux de fonds. La série m'a donné un peu l'impression de commencer le Seigneur des Anneaux par Les Deux Tours : il manque le début, le moment qui lit tous les personnages et enracine les enjeux dans des parcours personnels.

Autre comparaison : c'est un peu comme si on dédoublait l'arc de la Comté en 4 : les Hobbits, les Terres du Sud, Numenor et Khazad-dûm. Du coup c'est trop long et surtout trop abstrait.