Le sujet est passionnant : l'histoire des producteurs de cinéma mériterait de nouveaux travaux, de nouvelles recherches, cinématographiques ou historiennes. Cette série en est une, dont l'intérêt réside dans la multiplicité et la richesse des témoignages autant que des archives rassemblées. Mais en faisant de la réalisatrice, petite fille de l'un des personnages du premier épisode, son énonciatrice, en ne donnant la parole qu'à des personnes impliquées dans cette histoire, en ne se montrant pas assez critique vis-à-vis de la parole des témoins, la série donne trop de place à l'affectif au détriment de la solidité de l'histoire racontée. La démarche n'est pas problématique en soit : la mémoire d'une femme et de sa famille, les traces laissées par son grand-père sur son activité et celles de ses pairs, sont tout à fait dignes d'intérêt. Mais en l'assumant trop ou trop peu, en restant dans un entre-deux, la série ne sort pas assez du registre de l'anecdote où est trop souvent cantonnée l'histoire de la production cinématographique.