Il est vrai que ce n’est pas le roman le plus facile de l’autrice. On y retrouve pourtant son style simple, son sens du détail quotidien, sa finesse de description de sentiments contradictoires, ainsi qu’une certaine intrication des relations humaines avec la nature où elles prennent place. Ce qui déroute, mais qui s’affirme au fil des pages comme le sel même de ce livre court, c’est sa mise en abyme : il est question d’une femme en deuil qui aide d’autres femmes à mettre au monde, et qui cherche un sens à des récits décousus hérités de sa grande tante. Finalement, on se demande qui de la tante ou de la nièce porte la voix intérieure de l’autrice face à son propre texte, et si l’objet même du livre n’est pas l’acte d’écriture, le difficile accouchement qu’il implique et le deuil que représente son achèvement. J’ai beaucoup aimé cet ouvrage, différemment des précédents : plus « meta », plus abstrait, mais pas moins lumineux et poétique.