Marvel prend du LSD avec les Pink Floyd

Rappelez-vous : il y a 12 ans (déjà) sortait Iron Man, les aventures d'un type arrogant qui fini un peu moins arrogant en fabriquant une très belle armure du futur. J'ai adoré le film, mais si on avait su, à l'époque, dans quelle saga immense nous partions... Bien des défauts, et certaines qualités font du Marvel Cinematic Universe un élément d'ampleur dans le cinéma moderne. Qu'on le veuille ou non, cette décennie d'or du super-héros sur grand écran aura marqué un grand nombre d'entre nous (et le portefeuille des producteurs). Et dans ce vacarme, dans cette orgie de lasers, d'éclairs, de vaisseaux spatiaux, se sont parfois perdues d'autres productions, plus petites, moins promues. C'est le cas de Legion.

Attention, on parle bien là d'une production liée à Marvel, du fait de l'utilisation d'un de ses personnages, mais avec toutefois une grosse dimension "d'auteur". Car Noah Hawley, connu notamment pour son excellente série Fargo, s'est clairement fait plaisir ici. On en oublie la (très petite) étiquette tant la patte du bonhomme est omniprésente.

De quoi parle la série ? David, la trentaine, a été diagnostiqué schizophrène dans sa jeunesse, et vit depuis de nombreuses années dans un hôpital psychiatrique. Au gré de flashbacks, on comprend petit à petit que David est peut-être moins malade que doté de pouvoirs aussi flippants que potentiellement puissants. Seulement voilà ; n'est-il pas un peu des deux, quand même ? Tout au long de ses 3 saisons, la série va s'interroger à ce sujet. Le passé tumultueux de David, ses actes, ses réflexions, sont souvent assez ambigües pour nous faire douter de sa morale.

Mais là où Legion brille vraiment, à mon sens, c'est dans sa mise en scène. Il n'y a pas un seul épisode sans une idée soit géniale, soit bizarre. La série possède un rythme particulier, oscillant entre l'action et les longues phases de discussions. Mais tout ce ci est souvent entrecoupé de passages inoubliables ; trop en dire serait spoiler, mais sachez que l'on assiste à des scènes muettes (et en noir et blanc), à d'autres chantées (beaucoup de Pink Floyd vous attend), dansées, ou encore aux effets psychédéliques assumés (et réussis). Le spectateur est souvent baladé entre le normal et le dément, sans toujours savoir dans lequel il se trouve. Mais là où ça devient vraiment maîtrisé, c'est que l'on n'est jamais pris par la main ; rien de trop dur à comprendre dans la série, mais il faut chercher. Pour comparer aux "grosses" productions Marvel, vous ne quittez jamais un film sans chercher à en savoir plus ; vous avez tout eu, le reste sera dans les suites.

Ici, tout est bouclé en 3 saisons. 3 saison où l'on va attendre le prochain délire de Hawley, où l'on va suivre un David toujours plus instable (d'ailleurs, l'acteur Dan Stevens m'a mis une énorme claque), et voir les autres évoluer de façon... intéressante. En ces temps de sur-consommation de séries jetables (coucou Netflix), je vous conseille de vous pencher sur ce genre de productions, qui si elles ne plaisent pas à tou(te)s, ont le mérite d'être inoubliables.