Les Allumés (ou Spaced en VO, pour les anglophiles) est un ovni télévisuel qui a débarqué dans les années 90 comme un rayon laser de génie geek, frappant en plein cœur la génération des adulescents en quête de sens… et de références à la pop culture. Imagine une colocation improbable entre un geek introverti, une artiste un peu paumée, et une ribambelle de voisins complètement barrés, le tout dans une sitcom qui carbure aux jeux vidéo, aux références ciné, et aux trips psychédéliques sur fond de soirées pizza-bière.
La série suit Tim Bisley (joué par Simon Pegg, avant qu'il ne devienne la star internationale qu’on connaît) et Daisy Steiner (Jessica Stevenson), deux trentenaires qui se retrouvent à partager un appart' sous prétexte d’être un couple pour obtenir un logement bon marché. Sauf qu’en réalité, leur relation est tout sauf romantique, et c’est là tout le sel de Les Allumés. Leur complicité repose sur une connexion quasi-télépathique autour de tout ce qui rend la culture geek cool : Star Wars, Resident Evil, les comics, et les théories fumeuses qui naissent entre deux verres de bière dans le pub du coin.
Tim est un type qui a tout du nerd classique : il vit pour ses BD et ses jeux vidéo, et son plus grand rêve serait de tout envoyer balader pour devenir une légende du graphisme ou un héros de FPS. Daisy, de son côté, est une pseudo-journaliste/écrivain sans grande ambition, qui passe plus de temps à procrastiner qu’à réellement chercher du boulot. En gros, ils sont tous les deux à la dérive dans la grande mer de la vie adulte, et leur coloc devient un havre de paix où l'absurde et la culture geek prennent le dessus sur la réalité.
Mais là où Les Allumés brille vraiment, c'est dans sa capacité à rendre chaque scène incroyablement référencée sans jamais te perdre. Les hommages aux films de genre sont constants et hilarants. Chaque épisode est un mini-parc d'attractions pour cinéphiles et gamers, avec des clins d’œil à Matrix, Pulp Fiction, ou encore Evil Dead. Les personnages traversent des montages dignes des plus grands blockbusters, tout en restant dans leur quotidien somme toute banal. Tu pourrais les voir faire une bataille épique dans un salon qui ressemble à un champ de bataille de Star Wars, puis, deux minutes plus tard, ils sont en train de chercher comment payer le loyer.
Mike Watt (incarné par Nick Frost), le pote militaire de Tim, est un autre joyau de cette série. Il passe ses journées à parler tactiques d’assaut et armes lourdes, mais tout ça avec la légèreté d’un type qui pourrait aussi bien être en train de jouer à Call of Duty sur canapé. Mike est l’archétype du meilleur ami à moitié cinglé qui pourrait te sauver la vie dans une situation d’apocalypse, mais qui te laisserait te débrouiller pour ouvrir une boîte de conserve.
Et n’oublions pas Brian, le voisin artiste torturé (joué par Mark Heap), qui peint avec ses émotions, c'est-à-dire principalement la rage, la confusion, et un peu de tristesse. Brian est l’incarnation parfaite du cliché de l’artiste incompris, mais avec un grain de folie qui le rend infiniment sympathique. Il oscille entre dépression existentielle et moments de pure absurdité, notamment lorsqu’il expose ses œuvres qui laissent toujours ses spectateurs… perplexes.
Ce qui rend Les Allumés unique, c’est que la série parvient à mélanger une narration classique de sitcom (relation amicale/romantique, galères du quotidien) avec des délires visuels complètement inattendus. L’un des moments les plus mémorables, c’est lorsque Tim, en pleine descente de Resident Evil, hallucine une invasion de zombies dans la vraie vie, le tout avec des bruitages de jeu vidéo. Ou encore cette scène de bataille façon Matrix, où les persos se battent au ralenti dans une bagarre d’arts martiaux, pour finir sur… un canapé qui craque.
Les Allumés, c’est aussi une ode à l’amitié, mais une amitié tissée dans les marges de la normalité. Les personnages sont tous un peu cassés, un peu paumés, mais c’est ce qui les rend si attachants. Ils trouvent du réconfort dans leur monde imaginaire, où les blockbusters et les jeux vidéo font office de refuge contre les responsabilités de la vraie vie. Et on se surprend à les comprendre, voire à les envier : qui n’a jamais voulu s’enfermer dans un marathon de films et oublier les tracas du quotidien ?
Visuellement, la série est un pur plaisir pour les amateurs de montage créatif. Les transitions entre réalité et délires psychédéliques sont magistrales, et les références visuelles aux films et jeux vidéo sont partout, sans jamais tomber dans l'excès. C’est un patchwork de pop culture qui fait mouche à chaque scène, avec des caméos imprévus et des punchlines qui pourraient très bien devenir des répliques cultes au coin d’un bar geek.
En résumé, Les Allumés est un bijou de la comédie britannique qui ne se prend jamais au sérieux tout en étant profondément ancré dans la culture geek. C’est un savant mélange de sitcom classique, de parodie cinématographique et d’hommage à la génération des nerds fiers de l’être. Si tu es du genre à passer des heures à débattre de la meilleure trilogie (Star Wars ou Le Seigneur des Anneaux, hein ?), alors cette série est un vrai cadeau. Prépare ton joystick et ta manette, car Les Allumés est un voyage à travers la culture pop, le tout sur fond d’humour absurde et de complicité touchante.