La meilleure adaptation des oeuvres d'Arthur Conan Doyle, et de très loin.
Jeremy Brett ne joue pas, il est littéralement Sherlock Holmes. Pas le Sherlock Holmes agréable que l'on peut trouver dans d'autres films ou séries, mais celui brut de décoffrage des nouvelles. Un personnage énigmatique, indéchiffrable, parfois cruel, drogué, misanthrope, manipulateur, exalté, qui a besoin de ses enquêtes comme d'un fix (d'ailleurs obligé de recourir à la cocaïne quand il n'a pas de crimes à se mettre sous la main), méprisant observateur de l'humanité comme un entomologiste qui ne supporterait pas les insectes, et j'en passe. Il est le ressort central de la série. Il faut le voir bondir sur le moindre indices, agir de façon nerveuse mais calculatrice, ou au contraire dépérir dans son logement au milieu des fumées de sa pipe ou de ses expériences. Et son visage coupé à la hache accentue encore cet aspect brutal, presque violent du personnage, mais aussi l'acuité de son regard qui se lit dans son profil d'aigle.
A côté, Watson est ce qu'on lui demande d'être : agréable, sympathique, bonhomme et ne comprenant rien à ce qui se passe, rien aux crimes, rien aux enquêtes, toujours à côté de la solution et finalement abandonnant toute velléité de compréhension.
La réalisation des épisodes insiste sur le mystère, l'énigme toujours à la frontière du surnaturel. Paysages dans le brouillard, choses vues et cachées à la fois, tout contribue à instaurer cette ambiance quasi-surnaturelle. Ainsi, chaque épisode commence par la présentation du crime, du sujet de l'enquête, sous son jour le moins compréhensible. Puis l'enquête se déroule de façon passionnante, conservant le mystère jusqu'au bout. Le tout avec la plus exacte fidélité aux nouvelles de Conan Doyle.