Les Contes de Pierre Lapin et ses Amis, en version française, constituent sans doute le tout premier dessin animé que j'aie jamais connu. Pour vous donner une idée de ce qu'ils représentent pour moi, il me faut décrire ce à quoi ça ressemblait : je devais avoir cinq ou six ans, et je regardais émerveillé ces historiettes le matin, à sept heures précises (on tannait nos parents pour pouvoir regarder la télé tôt, mais sur les chaînes y'avait que du téléachat, rah), avec mes frères et sœurs qui étaient encore des poupons. C'était alors l'époque des VHS, c'est vous dire... tiens, en écrivant ça je me souviens d'un autre merveilleux souvenir enfoui dans ma mémoire : quand j'étais petit, tous les dessins animés que je regardais commençaient par le même logo, celui de la CITEL (du diable si je sais ce que signifie ce sigle !), avec une petite musique très reconnaissable, et ça se terminait par le C (de CITEL, suivez un peu) qui se retournait pour que le mot apparaisse correctement (parce qu'il était apparu à l'envers). Je ne sais pas quel contrat mes parents avaient avec la CITEL, mais à chaque fois, ça ne ratait pas. Mais je m'égare, je m'égare. Revenons à notre sujet.
Aujourd'hui donc, alors que je rentrais chez moi avec un début de grippe et une humeur morose, je décidai de faire un détour par le petit jardin public qui est sur le chemin. Et alors, en regardant les roseaux et les reflets de l'eau, par une fulgurante association d'idée, je me souvins du petit monde merveilleux de Beatrix Potter jusque là caché dans mon inconscient...
A vrai dire, je n'ai même pas envie de résumer l'histoire, ou plutôt les histoires, pas plus que je ne souhaite décrire la campagne anglaise du XIXe siècle, véritable coeur du récit enfantin: bien des auteurs, romanciers, peintres et autres artistes sauront vous décrire mieux que moi la magie qui naît à chaque pas au milieu de ces bosquets de bruyère, de ces arrosoirs de métal où rient les glouglous de l'eau et des brins d'herbe paresseusement courbés dans de minuscules ruisseaux qui chantent en couplet avec les rossignols...de même, la question n'est pas de savoir si cette série est bien ou pas. La question est de savoir comment, pendant plus de dix ans, j'ai pu effacer de ma mémoire un tel chef-d’œuvre de l'animation enfantine. Regardez-le, même si vous savez lire : la beauté du trait, l'innocence de l'histoire, la fraîcheur de la narration, la verdeur de la campagne anglaise et le bruit des gouttes d'eau contre les vitres quand Beatrix Potter écrit ses lettres ne sauraient vous laisser indifférent. Et si vous avez des enfants, hé bien, qu'attendez-vous pour les nourrir des plus beaux contes qui soient ?