Pendant presque 25 ans, des images étranges sont revenues régulièrement à la surface de mon esprit, celles d'un mec dans une barque au milieu de l'océan qui filme sa mystérieuse dérive jour après jour, sans toucher à ses provisions... un autre type qui disparaît purement et simplement en sautant derrière une dune... Des images sur lesquelles je suis tombé par hasard une nuit, je devais avoir à peu près 12 ans : un noir et blanc d'un amateurisme réaliste, un compte à rebours tétanisant, une voix off glaciale qui te cloue au canapé. Ni les gens à qui j'en parlais ni Google n'ont pu m'aider à savoir ce que j'avais vu... jusqu'à SensCritique, et en particulier cette critique ( http://www.senscritique.com/film/Les_documents_interdits/critique/25112806) : merci !
Bref, j'ai pu enfin comprendre la nature de ces vidéos et surtout les revoir, pour arriver à un constat un peu partagé : replacé dans son contexte, cet étrange objet télévisuel tient du génie pur. Internet n'existe pas encore, pas de Youtube, les notions de fake et de buzz n'ont même pas d'équivalent ancestral. C'est précurseur, des fausses vidéos présentées comme vraies pour troubler le spectateur, et offrir une réflexion sur le pouvoir de l'image.
Mais voilà, le monde a bien (ou mal, en fait) changé depuis. Aujourd'hui baignés dans le mensonge perpétuel, les fakes, les images artificielles, le cinéma sur fond vert et le surnaturel de pacotille, on ne marche pas dans la combine. L'idée du mensonge pour susciter la réflexion était splendide, mais une partie des segments n'est juste plus crédible du tout, c'est bien dommage.
Relique d'une époque où l'on voulait parfois faire réfléchir le spectateur, et même si l'impact de ces documentaires ne peut plus être le même de nos jours, une chose est sûre : le travail effectué, depuis le concept génial jusqu'à la la réalisation impeccable, reste admirable.